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DROITS DE L’HOMME - La justice avance pour les disparus français

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 9 août 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

 

L'année 2011 sera celle de la justice pour des centaines de familles des disparus de la Junte militaire. Parmi elles, une vingtaine de familles françaises

(Affiche portant identité et portrait des disparus français. Photo: ambassade de France)

L'Association des familles de Français disparus* comptabilise une vingtaine de Français desaparecidos, dont beaucoup sont également de nationalité argentine, parmi les disparus de la dictature argentine (30.000 personnes selon les organisations de défense des droits de l'homme). Pour leurs familles, l'année 2011 sera enfin celle de la justice. "Le mouvement des droits de l'homme et la société en général ont réussi à s'imposer contre l'impunité" se félicite Eric Domergue, frère d'Yves Domergue, disparu près de Rosario en septembre 1976. Yves Domergue avait alors 22 ans, il a été arrêté avec sa compagne, Cristina, âgée de 20 ans. Ils ont été retrouvés, le corps criblé de balles, jetés sur le bas-côté de la route, quelques jours plus tard. Leurs dépouilles ont pu être identifiées l'an dernier.


Des procédures engagées
Les procès sont organisés par ville, province, ou centre de détention. Ainsi, le meurtre de deux des frères Di Tello (Rafael et Marcel, âgés de 26 ans lors de leur arrestation) a été jugé dans le cadre du procès dit de l'Olimpo. Celui de Françoise Dauthier et de Jean-Marcel Soler (31 et 42 ans) dans le procès dit du Vesubio. Les verdicts ?prononcés au cours de ces deux procès? sont allés de la prison à perpétuité à de lourdes peines d'emprisonnement pour une grande partie des inculpés.
"Il y a une procédure engagée ou sur le point de l'être pour environ quinze des disparus français", explique Guillaume Mounier, premier secrétaire à l'ambassade de France, qui a très activement suivi les différentes procédures. Les choses avancent différemment selon les provinces.


ESMA, triste symbole
A Buenos Aires, le verdict du procès de l'ESMA ?acronyme de l'Ecole supérieure de la marine, le plus grand centre de détention clandestin durant la dictature? est particulièrement attendu. L'ESMA est un symbole pour le pays mais aussi pour la communauté française. Sur le banc des accusés: Alfredo Astiz, condamné à perpétuité par contumace en France, en 1990, pour son rôle dans le meurtre de deux religieuses françaises, Léonie Duquet et Alice Domon, partie prenante dans la création des Mères de la Place de Mai. Ces deux disparitions avaient, dès 1977, alerté l'opinion publique mondiale sur la violence de la dictature militaire argentine. "Astiz est le symbole de la répression" rappelle Eric Domergue: "C'est lui qui a infiltré le mouvement des "Madres" en se faisant passer pour le frère d'une victime, provoquant l'arrestation et la mort de ses fondatrices comme des deux religieuses françaises. Astiz a plus tard tenté d'infiltrer le mouvement des exilés argentins à Paris". Les verdicts devraient être prononcés dans les prochaines semaines, après un marathon judiciaire de plus d'un an et demi. La France a demandé trois fois l'extradition d'Alfredo Astiz afin que le criminel purge la peine de prison prononcée en 1990. Celle-ci a toujours été refusée. Astiz est incarcéré en Argentine depuis 2003 où il risque désormais la prison à perpétuité.

Caroline BEHAGUE (www.lepetitjournal.com - Buenos Aires) - mardi 9 août 2011

*Deux d'entre eux ne disposent pas de justificatif administratif de leur nationalité et ne peuvent donc pas être comptabilisés officiellement par l'ambassade.

lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 9 août 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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