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DETTE PUBLIQUE - Levée record pour l'Argentine à son retour sur le marché

Écrit par Lepetitjournal Buenos Aires
Publié le 19 avril 2016, mis à jour le 20 avril 2016

L'Argentine a réussi mardi son retour sur les marchés de capitaux, empruntant pour 16,5 milliards de dollars, une levée de fonds historique pour Buenos Aires, afin de solder un litige hérité de la crise de 2001.

Dans un contexte de forte demande, plus de 60 milliards selon le gouvernement argentin, Buenos Aires a porté son émission obligataire à un niveau supérieur à l'objectif initial de 12 à 15 milliards, profitant au passage pour se refinancer.

Pour le règlement du contentieux avec les "fonds vautours" ayant fait condamner l'Argentine devant la justice américaine, le gouvernement de centre-droit au pouvoir depuis décembre avait été autorisé par le parlement à émettre 12,5 milliards de dette.

Le ministre argentin du Budget et des Finances Alfonso Prat-Gay a estimé que la levée de fonds, "la plus importante de l'histoire de l'Argentine" était un succès et que les résultats de l'émission seraient officialisés mardi en fin d'après-midi.

"Il y a pour plus de 60 milliards de dollars de demande. (...) C'est la demande la plus forte de l'histoire pour un marché émergent et la demande pour cette émission se situe parmi les 20 plus importantes de l'histoire", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse à l'issue d'un conseil des ministre.

Selon une source proche de l'opération, la demande a atteint même près de 70 milliards de dollars.

Dans le détail, le pays compte lever 2,75 milliards de dollars à 3 ans au taux de 6,25%, 4,5 milliards à 5 ans au taux de 6,875%, 6,5 milliards à 10 ans au taux de 7,5% et 2,75 milliards à 30 ans au taux de 8,0%.

- 'Un point de départ' -

C'est la première émission sur les marchés internationaux de capitaux depuis le défaut de paiement de l'Argentine en 2001. Elle met un terme à des années de contentieux juridique avec les fonds spéculatifs qui ont toujours refusé d'accepter, comme l'on fait 93% des créanciers du pays, une décote sur les titres qu'ils détiennent.

Le paiement aux fonds spéculatifs devrait intervenir vendredi.

"Ce n'est pas un aboutissement, c'est un point de départ", a souligné le ministre. Le nouveau gouvernement a du pain sur la planche : inflation de 12% au premier trimestre, déficit budgétaire de 6% et croissance au ralenti.

Le président de centre-droit Mauricio Macri s'est félicité lundi en estimant que l'Argentine était "sortie d'années de conflit financier avec le monde".

Les banques Deutsche Bank, HSBC, JP Morgan, Santander, BBVA, Citigroup et UBS avaient été retenues pour l'opération, qui devait se terminer plus tard dans la journée.

L'Argentine avait besoin de nouveaux financements pour tourner la page de la crise économique et s'attaquer aux défis de l'inflation et à la relance de son économie.

Les milieux économiques s'attendaient au succès de l'opération auprès des Argentins, car ce type d'investissement n'est pas imposable dans le pays sud-américain.

- Redonner confiance -

Au lendemain de la crise économique de 2001/2002, l'Argentine avait rompu avec les institutions internationales (FMI, Banque mondiale), les ex-présidents de gauche Nestor Kirchner (2003-2007) puis de son épouse Cristina (2007-2015) les tenant co-responsables du défaut de paiement de 2001.

Profitant du boom des matières premières dans les années 2000, Buenos Aires s'est désendetté grâce au produit des exportations agricoles, pilier de l'économie argentine.

La baisse des cours a conduit l'Argentine à revoir sa stratégie et un retour sur les marchés internationaux de capitaux s'imposait.

Fin mars, Buenos Aires et les fonds "vautours" ont conclu un accord pour mettre un terme au conflit et solder définitivement les comptes de la crise économique de 2001 et du défaut de paiement de la 3e économie d'Amérique latine.

Le nouveau gouvernement argentin avait fait une priorité de parvenir à un règlement, même coûteux, avec les derniers créanciers en conflit avec l'Argentine, afin de donner confiance à d'éventuels investisseurs.

"C'est un beau retour sur les marchés de capitaux pour l'Argentine après 15 ans d'absence", juge Jean-Marc Mercier, un responsable du marché obligataire chez HSBC.

© 2016 Agence France-Presse
lepetitjournal.com Buenos Aires
Publié le 19 avril 2016, mis à jour le 20 avril 2016

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