Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

ISABELLE SCUILLER - Répondre à l'urgence sociale

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 6 décembre 2015, mis à jour le 9 décembre 2015

Militante infatigable pour la cause des sans-abris de Bucarest, Isabelle Scuiller est l'âme du samusocial de Roumanie. Ce pays, elle l'a traversé pour la première fois en tant qu'étudiante. Aujourd'hui, elle y est installée depuis dix ans et ses trois enfants sont nés ici.

Photo : Isabelle Scuiller aux côtés de Xavier Emmanuelli - Ambassade de France

''Travailler dans le social en France, c'est apporter une goutte d'eau dans l'océan. En Roumanie, c'est apporter une goutte d'eau dans le désert'', aime rappeler Isabelle Scuiller. À 37 ans, cette Parisienne d'origine est la présidente du samusocial de Bucarest depuis sept ans. Cette organisation, créée à Paris par le médecin Xavier Emmanuelli en 1993 et qui devient internationale en 2001, est la seule ONG de Roumanie qui octroie des soins médicaux, sociaux ainsi que des repas chauds et des vêtements directement sur les lieux de vie des personnes sans abri. Du coup, Isabelle Scuiller est sans doute la personne la plus au fait de la situation des plus démunis de la capitale roumaine. ''Ici, ton action peut avoir bien plus d'impact, avec bien moins de budget qu'en France'', dit-elle.

Il a fallu 72h à Isabelle Scuiller pour prendre la décision de s'expatrier. A l'époque, en 2005, elle travaillait à Paris dans le domaine des soins palliatifs et c'est en répondant à une petite annonce qu'elle a décroché le poste de directrice du samusocial de Roumanie. Ce pays ne lui est toutefois pas si étranger que ça. En 2001, alors qu'elle termine Sciences Po Paris, elle décide avec une partie de sa promotion de rejoindre Bombay en bus. Un voyage initiatique qui la fait passer par la Roumanie. ''Nous avons traversé onze pays et c'est celui-là qui nous a marqué le plus, se souvient-elle en décrivant les situations ''à la Kusturica'' que son groupe rencontre. C'est ici qu'on a trouvé l'aventure que l'on cherchait.'' Cette aventure, justement, est un tournant dans sa vie, puisqu'en plus de découvrir la Roumanie, elle rencontre en Iran celui qui deviendra son mari : Jaky.

Le matin dans la rue et l'après-midi dans les salons de l'Ambassade

C'est donc en avril 2005 qu'Isabelle Scuiller s'installe pour de bon à Bucarest. Elle a la mission de consolider l'action du samusocial de Bucarest, créé deux ans plus tôt. En tant que directrice de l'association, elle va apprendre à connaître les spécificités de la détresse sociale en Roumanie. ''Ici, les SDF sont dans des situations matérielles beaucoup plus précaires qu'en France, mais ils sont bien moins détruits socialement, ils gardent un contact avec ceux qui les entourent et ne sont pas aussi seuls qu'à Paris, explique-t-elle. Je me rappelle par exemple d'un vieux monsieur, qui recevait des visites fréquentes des étudiants d'une résidence universitaire proche. C'est eux qui nous appelaient quand ça n'allait pas bien."

Cette expérience dure deux ans. Deux ans durant lesquels elle ''côtoie les SDF le matin et fréquente les salons de l'ambassade l'après-midi''. En effet, elle doit se rapprocher du milieu des affaires français pour trouver les financements dont l'ONG a besoin pour exister. Cela lui permet de se créer un réseau grâce auquel elle parvient à trouver un travail à la fin de son mandat de directrice de l'association. Elle devient directeur de projet pour Veolia Roumanie. Mais en parallèle, elle continue à s'impliquer dans le samusocial, dont elle devient la présidente. Le samusocial de Roumanie aide 1500 personnes par an.

Aujourd'hui, Isabelle est la mère de trois enfants, de sept, cinq et deux ans. Tous sont nés en Roumanie. L'ainée et la cadette vont à l'école française, où leur papa est instituteur. ''C'est un pays auquel je tiens beaucoup, explique Isabelle Scuiller. Beaucoup de choses vont moins bien qu'en France. Mais tous ces manques sont comblés par les gens et cela rend la société bien plus humaine.''

Jonas Mercier (www.lepetitjournal.com/Bucarest) Lundi 7 décembre 2015

lepetitjournal.com bucarest
Publié le 6 décembre 2015, mis à jour le 9 décembre 2015

Flash infos