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Le Bucarest de Paul Morand

Au début du XXe siècle, le père du diplomate Paul Morand se dédiait entièrement aux arts, occupant la fonction de directeur de l’École nationale supérieure des arts décoratifs, et fréquentant des cercles de sculpteurs et de poètes. On raconte qu’il était aussi un des membres de la société des Amis de Mallarmé. Oscillant entre les arts scripturaux et visuels, Eugène Morand demanda un jour à son fils ce qu’il voulait faire de sa vie; sa réponse fut des plus simple : un homme heureux. Aujourd'hui et après une centaine d’années déjà écoulées depuis la Grande Union de 1918, les Roumains peuvent confirmer le fait que le diplomate avait réussi dans sa quête du bonheur.

Bucarest Paul MorandBucarest Paul Morand
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 23 novembre 2023, mis à jour le 23 novembre 2023

Son œuvre Bucarest, publiée en 1934, fut dédiée à la princesse et capturait le charme picaresque de la capitale de la Roumanie réunie. Le périple de Morand commence dès son voyage en avion, car l’écrivain semble fasciné par le Danube, comparant le fleuve à l’arbre de la vie, motif central retrouvé sur les tapis roumains.

Paul Morand voit la lumière du jour durant le printemps de l’année 1888, à Paris. Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, il fut l'un des disciples du diplomate français Jean Giraudoux. Ses débuts littéraires sont marqués par deux volumes de poèmes, intitulés Lampes à arc et Feuilles de température. Plus tard, il révèle une prédilection toute particulière pour la prose et son goût pour les chroniques de voyage. Suite à la notoriété de ses œuvres, Morand se lie d’amitié avec les plus grands hommes de lettres de son époque, à savoir le poète et écrivain Jean Cocteau ou le romancier Marcel Proust.

Suite à l’intervention de ce dernier, Paul Morand fait la connaissance de la princesse Hélène Soutzo (Elena Sutu) au début de la période de l'entre-deux-guerres. Ils se marient en 1927, seulement trois ans après le divorce de la Roumaine avec le prince Dimitrie Soutzo. L’Ambassadeur de France à Bucarest (1942-1944), était donc tombé amoureux deux fois de la Roumanie, bien avant d’occuper cette fonction. L’écrivain aimait l’orientalisme à motifs « brancovenesc » des territoires roumains ; de plus, il en avait saisi l'influence dès le début, grâce au tempérament balkanique de sa femme. Hélène Soutzo était née Chrissoveloni, et avait des origines grecques.

Son œuvre Bucarest, publiée en 1934, fut dédiée à la princesse et capturait le charme picaresque de la capitale de la Roumanie réunie. Le périple de Morand commence dès son voyage en avion, car l’écrivain semble fasciné par le Danube, comparant le fleuve à l’arbre de la vie, motif central retrouvé sur les tapis roumains. De plus, autour de la ville on ne voyait ni usines ni quartiers ni banlieues. La ville était aussi étendue que Paris, bien que trois fois moins peuplée. Au-delà, commençait la plaine soudée à celle de Moldavie et, par la Bessarabie, aux steppes infinies de la Russie du Sud.

Dressant le portrait des villes fortifiées que les seigneurs valaques ont élevé au rang de capitales ; Morand considérait que le choix de la ville de Bucarest comme capitale, coïncidait avec le seul moment d’équilibre dans l’histoire de la Roumanie. Selon son opinion, la ville coquette et ambitieuse qui se rêvait un « Petit Paris », prenait la forme d’un merveilleux amalgame de figures, de mœurs et d’aventures. La société mondaine bucarestoise était adepte du bonjourisme, car les Roumains préféraient se saluer en français plutôt qu’en roumain. Les hauts-de-forme ou les bonnettes en laine, les automobiles ou les attelages classiques, tous défilaient dans un rythme effréné sur l’ancien Pont de Mogosoaia et cela dès la première heure.

Il faut mentionner le fait qu’il n’y avait pas que deux amours morandiens, profondément enracinés dans l’espace roumain, au travers de son œuvre, on en découvre un troisième si on lit bien entre les lignes. Ainsi, en plus de la princesse Soutzo et de l’amphithéâtre valaque protégé par le grand arc carpatique, on retrouve la fameuse Maison Capsa - le cœur de la ville, topographiquement et moralement, où tous les Bucarestois se retrouvent vers une heure de l’après-midi.

 

 

Sources : Academie-francaise.fr, Danube-culture.org, Letemps.ch

Ana Maria Rosca 

 

 
 

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