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Elvire Popesco, son accent fait son charme

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Wikimedia Commons
Écrit par Bucarest/Centenaire
Publié le 10 septembre 2020, mis à jour le 10 septembre 2020

Avec un nom francisé, Elvire Popesco (Elvira Popescu), ne dira sûrement plus grand chose à la jeune génération, mais c’est pourtant l’une des figures les plus emblématiques du théâtre roumain mais surtout, français. Elle a aussi marqué l'histoire du cinéma français de l’entre-deux-guerres et des années qui suivirent.

 

 

Elvira est née en 1894, à Colentina, à proximité de Bucarest. Elle est la fille de Iorgu et d’Oprina Popescu, des commerçants très aisés. Elle termine ses études au collège de la capitale, puis entre au Conservatoire d'Art Dramatique dont le professeur n'est autre que son oncle ; c’est à l’âge de dix-neuf ans qu’elle intègre le Théâtre National de Bucarest et que sa prestigieuse carrière commence.

 

Cependant, ce n’est pas en Roumanie qu’elle connait l’apogée de son succès. C’est à Paris qu’elle devient célèbre, bien qu’elle ait eu un très bon début de carrière en Roumanie où elle fonda deux théâtres, l'Excelsior (1919) et Teatrul Mic/Le Petit Théâtre (1923) où on jouait à l'époque des pièces en roumain et en français, car, n’oublions pas que la Roumanie de l’époque était très francophone et encore plus francophile. Elvire est remarquée par l’écrivain Jean Richepin, qui se trouvait de passage à Bucarest, mais dans un entretien accordé à la Radio Roumanie Culturelle, il est dit que ce serait plutôt Robert de Flers qui l’aurait encouragée à donner ses premières représentations parisiennes.  

 

En 1923, alors qu’elle jouait dans Passion rouge de Mikhaïl Sorbul, au Théâtre de l'Œuvre à Paris, pièce qui n’eut pas beaucoup de succès - le dramaturge français Louis Jacques Marie Collin du Bocage, connu sous le pseudonyme artistique de Louis Verneuil, la repère. Quelques mois plus tard, il lui propose de remplacer l’actrice polonaise qui devait jouer le rôle de Maria Oska, et qui avait dû quitter la France inopinément, dans sa dernière pièce Ma Cousine de Varsovie. La pièce connait un succès retentissant dans la capitale française et, comme le hasard fait bien les choses, le dramaturge tombe follement amoureux de l’actrice roumaine avec qui il entretiendra ensuite une liaison des plus tumultueuse.

 

Exotique et désinvolte, imprévisible et mystérieuse, malicieuse et grande dame, tout en paradoxe pour cette actrice dans la fleur de l'âge, Elvire Popesco s'impose très vite comme la reine du théâtre de boulevard et brille de tous les points de vue, comme pour masquer les heures sombres qui planent sur la France et sur toute l'Europe. Elle est devenue la Parisienne par excellence, bouleversant les cœurs avec son accent roumain délicieusement chantant, qu'elle cultive avec soin car il est indéniablement son véritable atout. Jusque-là, les personnages étrangers dans les pièces françaises étaient joués par des acteurs parisiens, imitant les accents des pays étrangers de façon caricaturale; Elvire, elle, mise sur l’authenticité, usant de son tempérament et de sa beauté pour charmer ses auditeurs avec sa façon exotique de manier la langue de Racine. Paradoxalement, l'accent de l’actrice roumaine, Mariana Ventura, qui avait déclenché l'ironie du comité d'admission à la Comédie Française des années auparavant, devient à présent son allié le plus précieux.

 

Moins souvent « roumaine » sur la scène qu'héroïne slave ou italienne, elle avait à ses pieds les plus célèbres auteurs du théâtre de Boulevard, interprétant tour à tour, une princesse décadente, une aristocrate folle, une aventurière cosmopolite, une séductrice fatale ou de grands rôles de princesses et de bourgeoises, dont on mentionne : «Paradis perdu» (1939) d’Abel Gance, «Le voile bleu» (1942), «Frédérica» (1942), «Plein soleil» (1959), «Austerlitz» (1959) d'Abel Gance. Parmi les différentes pièces qui ont eu un grand succès, on peut citer : «Feux du Ciel» de Jean Tranchant (1943), «La machine infernale» de Jean Cocteau (1953, avec Jean Marais), «La contessa» de Maurice Druon (1962), «Nina» (1949), «La Mamma» (1957), «La voyante» (1963) et «La locomotive» (1967) d’André Roussin.


De même, sa carrière cinématographique en France n’est pas à négliger, avec une trentaine de films qui reprennent souvent ses succès théâtraux ; là aussi, les exemples sont nombreux : «Une femme chipée» (1934) , «Le roi» (1936) de Pierre Colombier, «L’homme du jour» (1936) de Maurice Chevalier, «L’habit vert» (1937), de De Flers et De Caillavet, «Éducation de prince» de Louis Jouvet, «Mon curé chez les riches» (1938) de Bach.

 

En 1987, elle reçoit le prix Molière, étant considérée comme la meilleure actrice et deux années plus tard, François Mitterrand lui remet (pour la deuxième fois), les insignes de commandeur de la Légion d'honneur.  

 

En outre, les historiens la considèrent comme la faiblesse de la famille royale roumaine : En effet, Elvire fut une amie proche du couple exilé formé par Carol II et Elena Lupescu. Tandis que la Reine Marie appréciait son talent et sa beauté - la surnommant même friandise et utilisant le mot allemand Leckerbissen, le roi Ferdinand I l’aurait passionnément aimée. Pour preuve, ses nombreuses lettres d’amour qui auraient été adressées à Elvire.

 

Elvire décède à l'âge de 99 ans, le 11 décembre 1993, dans son appartement de Paris, ses obsèques eurent lieu à l’église orthodoxe roumaine de la capitale et elle fut enterrée au cimetière du Père Lachaise, pas très loin de Louis Verneuil.

Sa vie d’actrice en fait aujourd'hui un modèle de gloire pour de nombreux acteurs et pour les générations d’artistes à venir.

 

Sources : Adevarul.ro, Encinematheque.fr, Ziarulmetropolis.ro

 

Lucas Causset et Ana Maria Rosca

 

Article réalisé dans le cadre du Programme Culturel București - Centenar avec le soutien de Primăriei Municipiului București à travers Administrația Monumentelor și Patrimoniului Turistic 

 

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