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SANTE - En finir avec l’alcool

Écrit par Lepetitjournal Bucarest
Publié le 28 septembre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

L'association Aliat a ouvert fin juin deux centres de traitement et d'insertion à destination des personnes dépendantes de l'alcool, à Bucarest et Targoviste. Les patients peuvent y bénéficier d'une prise en charge complète et gratuite, englobant les aspects médicaux, sociaux et familiaux. Un premier pas fondamental dans le traitement de l'alcoolisme, dans un pays où l'abus d'alcool est un fléau répandu

Photo : D.R.

"Moi, ça fait des années que j'ai des problèmes avec l'alcool. Je tourne en général à la vodka. Je pouvais boire comme cinq hommes ! Mais là, sauf trois petits écarts, je ne bois plus." A 44 ans, Robert s'est engagé dans un nouveau combat contre sa dépendance à l'alcool, en s'inscrivant dans le tout nouveau programme du centre Aliat. Après de nombreux échecs, il trouve ici une large palette de soins révolutionnaires pour la Roumanie qui l'aident à avancer sur le chemin de la sobriété. "J'avais arrêté, de 2005 à 2009, puis j'ai eu un accident de voiture et j'ai replongé... J'ai découvert ce centre sur Internet, j'ai eu mon premier rendez-vous le 13 juillet. Ici, même en n'étant pas assuré, je peux être suivi par des psychiatres, des psychologues, tout ce qu'il faut. Jusqu'à présent, la psychothérapie, je n'avais vu ça que dans les films ! Ensuite, j'espère me reconvertir et trouver un emploi. Je vais voir le conseiller juridique pour trouver vers quel métier je pourrais me tourner. Sans exagérer, je trouve ici une oasis d'espoir et de sérénité."

Cette structure est la première en Roumanie à proposer aux accros à l'alcool un suivi global sur le long terme. Jusqu'à présent, seuls les hôpitaux psychiatriques accueillaient les personnes dépendantes de l'alcool. Une solution pas franchement idéale, comme l'explique Daniela Simache, l'une des psychologues du centre : "En Roumanie, les services de désintoxication se trouvent dans les hôpitaux psychiatriques. C'est un problème, car un consommateur lambda va refuser d'aller chez les fous et préférer retourner à sa bouteille. Et ceux qui suivent le traitement sont "relâchés" sans aucun suivi après la cure. Nous, nous proposons une prise en charge pluridisciplinaire, globale, professionnelle et surtout gratuite : traitements médicaux, psychothérapies et conseils psychologiques pour les consommateurs d'alcool et pour leurs familles, groupes de soutien, aide et cours de requalification professionnelle? Ainsi, ils peuvent régler définitivement leur alcoolisme."

Un problème sous-estimé
A l'heure actuelle, 36 patients de tous âges et de tous milieux sociaux sont pris en charge par le centre de Bucarest, dans le cadre de ce projet financé par des fonds européens. Mais cela reste une goutte d'eau à l'échelle des besoins en la matière. Car aujourd'hui, selon les estimations, près d'un  Roumain sur 10 serait dépendant de l'alcool. "On reçoit des mails de tout le pays, de gens qui veulent se soigner, mais qui vivent à Iasi, Constanta, où il n'y a pas de services comme celui-ci. Là-bas si vous voulez être soigné, c'est soit la cure, soit un remède de grand-mère", explique Daniela Simache. Surtout, l'alcoolisme reste un problème sous-estimé. "La consommation d'alcool est très importante en Roumanie. Je dis même parfois que c'est un sport national ! Se saouler n'est pas quelque chose de mal vu, surtout pour les hommes. Un homme qui s'enivre, et sort à quatre pattes d'un bar, c'est presque normal ici", soutient Daniela. Après le centre de Bucarest et son frère jumeau ouvert à Targoviste, l'association réfléchit déjà à la création d'un troisième centre en province d'ici à trois ans.
Marion Guyonvarch (www.lepetitjournal.com/Bucarest) mercredi 28 septembre 2011

 

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Publié le 28 septembre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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