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ENVIRONNEMENT – La déforestation cause du blanchissement de la Grande Barrière de corail

Écrit par Lepetitjournal Brisbane
Publié le 31 mars 2016, mis à jour le 7 mai 2016

Le Parlement du Queensland devrait se saisir de la question de la déforestation dans les prochaines semaines. Les données montrent la situation dramatique de l'écosystème du Queensland.

Constat alarmant, 296.000 hectares de végétation ont été perdus en un an entre juillet 2013 et juin 2014 dans le Queensland. Soit une augmentation de presque 400% en comparaison des chiffres de 2009-2010.

Un sommet insurmontable aux conséquences désastreuses que montre l'étude « Land cover change in Queensland 2012-13 and 2013-14 ».

Cette question est d'autant plus à l'ordre du jour que le Parlement devrait étudier un nouveau projet de loi.

Un yoyo politique
Cette véritable crise écologique est le fruit du va-et-vient politique incessant, qui s'explique par des changements de majorité au sein du gouvernement du Queensland.

Dès 1994, la première pierre est posée dans le « Land Act ». La réussite n'est pas au rendez-vous et il faut attendre 2009 pour que la régulation soit un tant soit peu efficace (voir tableau ci-dessous).

Trois ans plus tard les libéraux accèdent aux responsabilités dans le « Sunshine State » et détricotent la législation environnementale sous l'impulsion du Lobby des agriculteurs. Des pans entiers de végétations sont alors transformés en pâturages (tableau ci-dessous).

Une nouvelle élection en février 2015 change la donne. La candidate Annastacia Palaszczuk et actuelle chef du gouvernement, annonce son engagement dans la lutte contre la déforestation.

Dans les semaines à venir, le Parlement du Queensland devrait étudier cette question à la demande du gouvernement, relançant un houleux débat qui oppose de manière caricaturale les agriculteurs aux défenseurs de la nature. Mais rien ne dit que le changement puisse intervenir au regard du contexte politique (gouvernement de minorité), ni que celui-ci sera à la hauteur de la situation.

Exemple récent, le programme national de « reforestation » évalué à 50 millions de dollars payés par les contribuables. Il prévoit la plantation de 20 millions d'arbres d'ici à 2020. Pas mal?  Si en une seule année, le Queensland n'en avait pas déjà perdu 50 millions.

« Un arbre qui cache la forêt », triste ironie.

Par quoi a été remplacé la végétation (exprimée en hectare/an), entre 1988 à 2014.

Légende:

Légende


Interprétation: La végétation entre 1988 et 2014 a presque entièrement été remplacée par de l'agriculture au regard des données récoltées, et de manière épisodique par des forêts (jusqu'en 2002). Un pic est observable en 2000 avec plus de 700.000 hectares de détruit.

À partir de 2010, au moment du changement de majorité, le nombre d'hectares "réaffecté" à l'agriculture diminue, et ce jusqu'en 2012, date des nouvelles élections. Il est également flagrant de voir que le passé était davantage consommateur d'espace (voir de 1988 à 1990, mais surtout 2000). Le problème se situe autre part : les chiffres se cumulent plus qu'ils ne se comparent...


 

Écosystème en danger
Cette catastrophe écologique a une influence sur tout l'écosystème de la région. Première touchée la mythique Grande Barrière de corail, inscrite patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981. Cette perle de biodiversité aux 400 types de coraux, et aux 1500 espèces de poissons est dorénavant en danger.

Pour cause, la végétation aux abords des rivières qui se jettent dans l'océan, joue un rôle protecteur. Sans elle, le sol est davantage sujet à l'érosion et déverse dans l'eau une grande partie de ses sédiments. Sédiments auxquels l'écosystème de la Grande Barrière ne peut pas faire face?Surtout lorsque s'y ajoute les fertilisants, les herbicides et les pesticides utilisés dans les zones agricoles qui remplacent l'ancienne végétation.   

Photo Google libre de droit
Conséquence dramatique : le blanchissement des coraux (voir image) et la disparition d'une faune sous-marine rare car endémique.

Les conséquences sont certes inscrites dans le long terme, mais les effets sont d'ores et déjà observables. Dans le Queensland, 778 espèces sont classées comme "Vulnérable" ou "En Danger", pour la plupart à cause de la perte ou la modification de leurs habitats. Contre coup de la croissance Australienne depuis les années 1990 ?

Un exemple symbolique, le koala pour qui l'activité humaine a été impitoyable. Depuis 1996, cette boule de poils déjà fragile a perdu la moitié de sa population. En cause, la disparition des eucalyptus nécessaires à sa survie (entre 2012 et 2014, 40.000 hectares selon WWF)

Dans peu de temps la question ne sera pas de savoir s'il est possible de stopper ce désastre, mais s'il est simplement possible de le ralentir.

Mathieu Pennella (lepetitjournal.com/brisbane) vendredi 1 avril 2016.

 

Publié le 31 mars 2016, mis à jour le 7 mai 2016

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