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Manger une bricole

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Écrit par Donatella Foletti-Ranjan
Publié le 31 décembre 2019, mis à jour le 19 décembre 2023

Si j’écris juste pour moi, cela fait-t-il de moi une autrice ? Ou une autruche ?* Je cuisine pour moi, est-ce que je suis une cuisinière ? Je pense : suis-je philosophe ou suis-je ?  J’accomplis des tâches ménagères : je suis une femme au foyer (du moment qu’on a un foyer et qu’on est une femme, ne l’est-on pas automatiquement ?). Je fais du feu : j’étincelle, je fais la vaisselle : je suis une plongeuse, je plonge : je suis une aventurière, j’ai une aventure : je suis une femme qui trompe son mari ... y a-t-il une logique dans tout ça ?

 

Ces derniers temps, sur tous les écrans, on ne trouve que des émissions culinaires. J’ai donc vu «par hasard» le film Julia & Julie. C’est l’histoire d’une fille qui décide de se lancer dans un marathon gastronomique : en une année, cuisiner les 524 recettes de sa cuisinière préférée. Mais, c’est quoi cet engouement général pour les casseroles ? Instafood, l’avènement des foodies, les mille et une façons de présenter la même nourriture, insipide, comment s’empiffrer bio, la meilleure bouffe petit budget, dix recettes pour réussir son été, quoi faire avec ses fonds de frigo, la compétition de qui cuisine le mieux, le plus vite, le plus original, avec les yeux bandés, sur un pied, avec un bras en l’air, chez soi, chez des inconnus qui vous jugent, sur un toit, dans un train en mouvement, chef ci, cheffe ça, master truc, les toqués de la toque, j’en passe et des meilleures.

 

Personnellement, j’ai un peu de peine à comprendre ces passions. Cuisiner n’est pas ma tasse de thé, bien que je maîtrise l’élaboration du masala chai. Je peux cependant m’identifier à Julia par le fait de vivre dans un pays étranger avec mon mari et d’être en quête de mon prochain projet grandiose. En attendant de le trouver, je bricole ! Aujourd’hui, j’ai posé la dernière couche de peinture sur un tabouret. En tant que décoratrice, j’ai à mon actif une planche à repasser (transformée en étagère pour plantes), plusieurs petites tables, deux portes et une armoire. Dans le travail du bois, j’ai dessiné puis découpé au laser des faux Petits Beurre, par pur goût de l’expérimentation ... on aurait presque envie de les croquer!

 

Souvent j’entends: «Tu es en Inde, tu devrais profiter de prendre des cours de cuisine indienne !» Ou pas. «Non, non, Hindi, danse Bollywood et yoga, ça me suffit amplement, merci !» Sauf que j’avoue que c’est pratique comme passion, car, au moins, le souper est fait. «Ah merci mon amour ! Heureusement que tu as repeint ce tabouret aujourd’hui, je meurs de faim !». Pauvre mari, au travail toute la journée, dans un environnement stérilisant, anihilant, puis l’exaspération du trajet. Et le soir, qu’est-ce qu’il trouve ? Un tabouret turquoise et des biscuits en bois. Dur à avaler.

 

Mes "bricolages" ont été réalisés dans les laboratoires du Makers Asylum à Andheri West.

* #lesautricesnesontpasdesautruches, Sophie Astrabie


Le Makers Asylum est un espace communautaire axé sur la promotion de l’innovation grâce à un apprentissage pratique. L'espace abrite différents laboratoires afin de faciliter le prototypage d'idées de nature interdisciplinaire.

En collaboration avec l'Ambassade de France en Inde, le Makers Asylum a lancé "The Jaipur Textile Lab for Women" pour travailler et faire de la recherche pour les femmes artisans de la région ainsi que le programme STEAM  pour la recherche de solutions de développement durable. Ce dernier a été présenté à Brigitte et Emmanuel Macron lors la visite d'état de mai 2018.

A Bombay et à Delhi, le Makers Asylum propose des ateliers dans ces laboratoires spécialisés. Les prochains ateliers ici

 


 

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