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ENTREPRENEURIAT - Bogotá Auctions

Écrit par Lepetitjournal Bogota
Publié le 24 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2017

Bogotá Auctions est la première maison de ventes aux enchères ouverte en Colombie. La directrice Charlotte Pieri nous explique les caractéristiques du marché colombien et reviens sur le défi que reprensente cette implantation sur un marché vierge. 

BOGOTÁ AUCTIONS: Présentation 

Fondateurs :

Statut juridique : SAS

Date création société : Février 2014

Etablissement : Bureaux, salle d'expo et des ventes réunis dans un seul et même endroit à Quinta Camacho, Bogotá

Cible : Collectionneurs et amateurs

Types de produits mis en vente : ?uvres d'art, vins, livres

Vente la plus importante : Une ?uvre de Fernell Franco, Jovita, pour 60 millions de pesos.

Combien de ventes aux enchères sont organisées par an ?  Depuis l'ouverture en février 2014, Bogotá Auctions a effectué 10 ventes. L'objectif pour 2017 est de 6 ventes (2 ont déjà été réalisées). Les locaux de Quinta Camacho permettent des ventes en art, la spécialité de la maison de vente, mais sera également renouvelée l'expérience des livres et du vin, domaines dans lesquels Bogotá Auctions s'est positionné comme pionniers puisque la société a réalisé les premières ventes publiques aux enchères.

BOGOTÁ AUCTIONS: Entretien avec Charlotte Pieri, directrice de BOGOTÁ AUCTIONS

Lepetitjournal.com/Bogotá : Quel est votre parcours avant et après votre arrivée en Colombie

Charlotte Pieri: Je suis diplômée en droit et en histoire de l'art (Université Paris I) et spécialisée en marché de l'art (Ecole du Louvre). J'ai commencé dans le droit appliqué à la protection du patrimoine culturel en travaillant notamment à la promotion de la Convention Unidroit de 1995 sur les biens culturels volés ou illicitement exportés, l'objectif étant pour l'organisation que des pays dits « de marché de l'art» (Suisse, Belgique, France, etc.) signent et ratifient la Convention. En 2011, je suis passée au côté « obscur » puisque je suis rentrée en service juridique de Sotheby's à Paris ! Arrivée en Colombie en 2012, j'ai pu me recentrer sur mon thème de prédilection qu'à la fin 2013 lorsque j'ai donné une conférence pour la Chambre de Commerce de Bogotá sur le sujet « Mercado del arte: una oportunidad para su empresa ». Je suis ensuite devenue professeure de marché de l'art à la Universidad de Los Andes. C'est en 2015 que Timothée m'a contacté pour le remplacer à la tête de Bogotá Auctions.

Comment est née l'idée de la société ?

Timothée De Saint-Albin : Bogotá Auctions a été créé à partir du constat que le marché de l'Art colombien est un marché relativement opaque, dont seul un groupe limité d'initiés en connaît les règles et les enjeux. Pour le public plus large, son accès est complexe et, dans une certaine mesure, risqué, en raison de l'absence de tiers de confiance. Il est donc apparu évident que ce tiers de confiance devait être une maison de vente, permettant d'offrir une sécurité et une transparence au marché. Transparence sur les prix, sur les commissions de vente, sur la qualité et la provenance des ?uvres vendues, et sur l'aspect comptable et fiscal.

Charlotte Pieri: A mon arrivée, j'ai moi-même fait le constat d'un manque important sur le marché de la commercialisation de l'art en Colombie : tous les pays de marché de l'art ont plusieurs maisons de ventes qui agissent comme régulateurs du marché, à côté des galeries ou des « dealers» dont les pratiques restent opaques. En effet, les volumes et les résultats des ventes sont systématiquement publiés par les maisons de ventes, ce qui rendent leurs pratiques totalement transparentes (d'ailleurs, les enchères mêmes sont publiques): grâce aux catalogues; vous savez quelles sont les ?uvres mises en vente, leurs estimations commerciales et vous savez si elles se sont vendues. Dans ce dernier cas, les prix de vente sont indiqués. Nous publions toutes nos ventes et nos résultats sur des bases de données internationales telles qu'Artprice et sommes très heureux d'avoir créé, depuis 2014, plus de 40 nouvelles références d'artistes colombiens qui n'existaient pas sur le réseau international. Une maison de ventes contribue aussi au rayonnement de l'art colombien au niveau international. Par ailleurs, c'est une plateforme nécessaire du marché secondaire (revente) pour grand nombre de propriétaires d'?uvres. Si vous avez acheté une ?uvre dans une galerie il y a 7 ou 10 ans et que vous souhaitez la revendre, où allez-vous? Il y a donc enfin une alternative au marchand d'art en Colombie.

Quelle était la situation du marché au moment de la création de la société, et comment a-t-elle évoluée depuis ?

Charlotte Pieri: Bogotá Auctions est la première maison de vente aux enchères à avoir vu le jour en Colombie. Depuis tout juste un an est apparue une autre maison de ventes, créée par des espagnols Lefevre y Mesa. La situation du marché n'a évolué que de manière assez marginale depuis la création de Bogotá Auctions. Le système de vente aux enchères n'existe quasiment pas en Colombie, à l'exception du secteur bovin. Il s'oppose à une culture de négociation basée sur les relations personnelles, sans contrainte claire de calendrier. Il faut donc un certain temps pour que ce mode de commercialisation très spécifique entre dans les m?urs. Concrètement, Bogotá Auctions ne joue pas encore totalement son rôle de régulateur de marché. De nombreuses pièces mises en vente à des conditions extrêmement favorables, parfois au tiers des prix habituels du marché, n'ont pas trouvé preneur. Et cela en dépit d'une sélection très rigoureuse, tant du point de vue artistique que de provenance. Un fait qui nous laisse à croire qu'il existe actuellement une bulle du marché de l'Art dans le pays, les galeristes n'étant pas à même de protéger les prix des artistes qu'ils représentent et promotionnent. Nous constatons en parallèle que nos relations avec certaines galeries se tendent, signe sans doute que le message donné par Bogotá Auctions rencontre un écho sans cesse plus fort. En parallèle, un nombre croissant de collectionneurs nous soutiennent. Ils nous disent être conscients de l'importance de disposer une maison de vente forte dans le pays, ne serait-ce que pour leur permettre d'avoir une idée claire de la valeur réelle de leur collection.

Comment s'est passé la création de la société d'un point de vue administratif ?

Charlotte Pieri: Bogotá Auctions a été créé dès le début sous le régime de la SAS, très favorable aux jeunes entreprises. L'administration colombienne et la Chambre de Commerce se sont considérablement modernisées ces 15 dernières années, rendant la gestion quotidienne relativement fluide. Nous avons en revanche été surpris du faible niveau moyen de qualification des comptables, ce qui a entrainé, à notre niveau, un certain nombre de problèmes qui auraient été facilement évitables si pensés dès le début. 

Quelles ont été les difficultés rencontrées pour ouvrir et développer BOGOTÁ AUCTIONS ?

Charlotte Pieri: Je crois que la difficulté la plus importante reste l'absence de culture des enchères dans le pays, gagner la confiance du public dans le système même des enchères. Ici les enchères sont constamment utilisées comme moyen pour collecter des fonds pour une cause, ce qui crée une confusion.


Quels sont vos projets en cours et futurs ?

Charlotte Pieri: Depuis 2015, et à mon entrée en fonction, je me suis donné comme priorité de diversifier l'activité de Bogotá Auctions. Si l'objectif demeure de se concentrer sur des ventes de qualité voire de prestige, la maison de vente a organisé, sur les 10 derniers mois, des ventes spécialisées de vin, de gravures d'art et de livres rares et anciens. L'objectif est de continuer cette diversification, et de créer sans cesse de nouvelles synergies tout en s'imposant comme un acteur de référence non seulement dans le domaine de l'art mais également dans l'univers du collectionnisme.  

Photo : ?uvre "Jovita" de Fernell Franco 

Retrouvez toutes les informations de Bogota Auctions !

Photos : Bogotá Auctions

Propos recueillis par Delphine Thébaud, www.lepetitjournal.com/bogota, mercredi 24 mai 2017

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Publié le 24 mai 2017, mis à jour le 24 mai 2017

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