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MODE – Entretien avec Charlotte Barjou, styliste de talent

Écrit par Lepetitjournal Birmanie
Publié le 22 janvier 2017, mis à jour le 23 janvier 2017

Styliste française aux multiples talents, Charlotte Barjou a su faire sa place dans le monde de la mode en Birmanie. Inspirée par le pays et sa culture, elle a ouvert dernièrement sa maison de couture dans la capitale birmane. Entretien avec une passionnée qui sait partager son savoir et sa passion?

La couture, une passion depuis l'enfance ?
J'ai commencé quand j'avais 12 ans avec pour professeur une costumière de l'Opéra Garnier à Paris, elle était passionnée par son métier et m'a transmis sa passion. J'ai continué à prendre des cours avec elle de 12 à 18 ans. J'ai ensuite fait une école de commerce, mes parents souhaitaient que je fasse des études quadrillées, tout en mettant ma passion pour la couture de côté jusqu'à la fin de mes études. Une fois mes etudes achevées, je suis revenue à ma passion, en me spécialisant dans la haute couture. Là, j'ai eu la chance de rencontrer une des "petites mains" de la maison Chanel, qui a travaillé pour la célèbre marque pendant 20 ans. Elle m'a donné des cours et continue encore. J'aimerai la faire venir en Birmanie pour qu'elle puisse proposer des formations. Voilà comment tout a commencé.

Est-ce facile de vivre de cette passion en Birmanie ?
Je dirais que c'est facile du moment où on a une passion qui nous motive, qui nous pousse à nous battre au quotidien pour faire ce que l'on aime. Côté business, c'est un peu plus compliqué car quand vous arrivez dans un pays, vous ne savez pas toujours comment il fonctionne. Il faut une première approche, une première recherche, aussi bien pour les matières premières que pour le personnel. Il a fallu former des couturières, passer la barrière de la langue en apprenant le birman. Je me souviens de ma première couturière, c'était il y a bientôt deux ans maintenant, quand elle est arrivée pour son premier jour de travail, elle ne parlait pas du tout anglais, on communiquait par gestes pour le travail. Mais j'ai vite réalisé qu'elle voulait apprendre, je lui ai donc payé des cours d'Anglais. Aujourd'hui elle est fait toujours partie de l'équipe et parle bien anglais. C'est génial d'avoir des gens motivés, qui ont envie d'apprendre. 

Pourquoi la Birmanie ?
Un des meilleurs amis de mon mari et sa femme souhaitaient monter un business à Paris avec lui. Mais finalement, ils ont voulu se tourner vers l'étranger. Moi, plus que mon mari, je voulais partir hors de l'hexagone depuis de nombreuses années. On a commencé à réfléchir à notre prochaine destination. On avait fait une liste de critères obligatoires pour notre prochaine terre d'accueil. Le premier était le temps, on voulait un pays où il fait beau toute l'année. Il y avait aussi la condition de la femme qui faisait partie d'un de mes critères, savoir si la femme pouvait être suffisamment libre pour faire ce qu'elle souhaite. Un autre était la sécurité, la croissance économique, etc. En tout, nous avions une dizaine de critères. Nous avons donc pris un globe et avons fait une sélection des pays qui correspondaient à nos attentes.
La Birmanie ne nous est pas tout de suite venue à l'esprit mais une rencontre avec une personne vivant à Bangkok depuis trente ans à tout changé. Il nous a dit "si j'étais vous, je tenterai l'aventure en Birmanie, c'est Bangkok il y a trente ans (en mieux) mais soyez patient si vous voulez lancer un business", et on a suivi son conseil direction la Birmanie. 

Pouvez-vous nous parler de la marque Vestige ?
J'ai travaillé avec eux pour une collection l'année dernière. Ce fut très intéressant et j'ai repris l'idée des designs à l'intérieur des noix de coco en les retranscrivant en broderie (faite en Birmanie) sur des vêtements que l'on porte au quotidien, des robes courtes, tops, jupes et jumpsuits. C'était très sympa de travailler avec cette marque avec laquelle je suis toujours en relation puisque je fais pour Vestige des designs et je forme leur équipe.

Et la "Création du Jeudi", c'est quoi ?
J'avais développé ce site lorsque j'étais à Paris. Contrairement à une boutique, posséder un site sur lequel il est possible de vendre l'intégralité de ses produits est un veritable atout. L'e-commerce ouvre des canaux de vente jusque-là inexplorés qui dépassent de loin le marché de proximité. Grâce à la ?Création du Jeudi?, je proposais une nouvelle robe tous les jeudis qui restait en vente sur le site pendant une semaine. Çà fonctionnait plutôt pas mal.

Quel est votre type de clientèle ?
Je travaille avec les femmes birmanes et les expatriées ainsi que quelques clientes en France qui étaient des fidèles de la "Création du Jeudi". Les femmes expatriées me demandent des robes élégantes avec des matériaux comme la soie colorée, des dos nus, etc. Alors que les femmes birmanes, qui ont énormément de soirées de gala ou mariage, me demandent des grandes robes de bal avec du volume et de la fantaisie. Je ne faisais pas ce type de création avant.

Un petit mot sur la mode en Birmanie ?
C'est extraordinaire et très élégant toutes ces femmes et hommes en longyis, toutes ces couleurs? Quand vous allez à un mariage, vous découvrez de nombreuses tenues traditionnelles très différentes, je trouve çà somptueux et j'espère que les vêtements traditionnels resteront ancrés dans la société.

Quels conseils donneriez-vous à une (un) jeune styliste ?
Le premier conseil serait de faire des recherches, de savoir ce qui se fait ici et partout dans le monde et ensuite d ?avoir son propre style. De ne pas copier mais d'innover !

Qu'est-ce que vous aimez en Birmanie ?
Les gens et leurs sourires ! Ils ont un côté romantique que j'adore. J'ai une de mes employés qui arrive tous les matins avec des fleurs, je pense qu'elle les cueille sur la route en allant au travail? J'espère qu'ils garderont ce côté romanesque.
Lundi 23 Janvier 2017 (www.lepetitjournal.com/Birmanie) Sata Seck

lepetitjournal.com birmanie
Publié le 22 janvier 2017, mis à jour le 23 janvier 2017

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