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VÉHANOUCHE BALIAN – Une Française sème la graine de l'apprentissage numérique dans les écoles européennes franco-allemandes

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Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 20 octobre 2015, mis à jour le 16 février 2018

Après avoir travaillé pendant 6 ans au Cube à Paris en tant que chargée de projets éducation et jeune public, Véhanouche a décidé de tenter l'aventure berlinoise sans pour autant abandonner ses ambitions d'éducation numérique. C'est auprès de la Märkische Grundschule, une des écoles européennes franco-allemandes de Berlin, que la jeune femme a su trouver un terrain favorable à son projet d'atelier à la fois pédagogique, éducatif et ludique.

Arrivée en août 2012 dans la capitale allemande, Véhanouche a su rapidement trouver sa place en tant que responsable éducation numérique à la Märkische Grundschule. Dans ses bagages, la jeune femme d'une trentaine d'année avait apporté un savoir-faire qu'elle a acquis au cours de ses études au sein de l'école professionnelle supérieure d'Arts Graphiques et d'Architecture de la ville de Paris, puis à l'école supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg section didactique visuelle où elle se familiarise avec la conception et la réalisation de projets numériques.
Ce parcours, quasi impeccable, la conduit à travailler comme chargée de projets éducation et jeune public au centre de création numérique, le Cube, une institution publique, basée à Issy-les-Moulineaux, développant des projets d'éducation numérique innovants dans plusieurs écoles de la Communauté d'Agglomération Grand Paris Seine Ouest.

"Notre cahier des charges était de réaliser un projet dans l'éducation numérique qui puisse rayonner sur l'ensemble du territoire", explique Véhanouche. "Sous la direction d'Isabelle Simon-Gilbert, responsable innovation, éducation et médiation numérique du Cube, nous avons mis en place un programme nommé «connectons nos écoles,réunissant les classes de CM1 et CM2 des villes participantes".
Afin de mener à bien ce projet, un site web a été créé permettant à l'ensemble des classes de se connecter entre elles mais aussi aux parents de suivre en temps réel l'avancée des travaux. De cette belle initiative naîtra, entre autres, la réalisation d'un projet appelé « Game Play » dont le but était la création de « serious games », c' est-à-dire des jeux à contenus pédagogiques en lien avec les programmes enseignés par les instituteurs.
"Les enfants ont utilisé la tablette tactile comme outil de création et, lorsque le projet s'est finalisé, ils ont pu jouer sur ce même support à leurs propres jeux mais aussi à ceux des autres classes", commente Véhanouche. Pour faciliter le travail, l'ancienne chargée de projet jeune public du Cube a utilisé un outil proposant une structure déjà existante de jeux de plateformes évitant ainsi l'étape fastidieuse de l'encodage.
"Les enfants ont ensuite remplacé l'histoire et les personnages par ceux pensés et créés par eux-mêmes", explique Véhanouche. Ce projet innovant a su convaincre aussi bien les classes que les parents mais également le salon Educatec-Educatice 2011 qui a décerné à ces créations numériques le trophée des Nouvelles Technologies Educatives.

Forte de cette expérience et tentée par l'envie de partir à l'étranger, Véhanouche décide, en 2012, de démarcher les écoles berlinoises pour les faire profiter de ses compétences et proposer aux enseignants d'associer leurs projets pédagogiques à ses ambitions d'éducation numérique auprès d'élèves francophones et francophiles.

De l'importance du numérique dans les écoles
Persuadée, et non sans raison, que l'éducation numérique devrait être au coeur des programmes scolaires dès le plus jeune âge, Véhanouche décroche, à la rentrée scolaire 2012, un premier poste d'animatrice à l'école européenne franco-allemande, la Märkische Grundschule, lui offrant ainsi la possibilité de mettre en place doucement mais sûrement ses projets. Après un an de contrat, la jeune femme, soutenue par les professeurs français avec qui elle a travaillé l'année durant, arrive à convaincre le directeur de lui donner sa chance en tant que responsable éducation numérique en freelance.
"Cette première année comme responsable numérique a été un fort succès puisque nous avons remporté l'appel d'offre de l'Ofaj (Office Franco-allemand de la jeunesse) qui, dans le cadre des 100 ans de la 1ère Guerre mondiale, souhaitait un projet réalisé par un jeune public", confie Véhanouche.
L'obtention de cette subvention lui donnera ainsi la possibilité de réaliser des projets numériques sur tablette tactile très intéressants à propos d'un sujet qui n'est pas couramment abordé en école primaire. "Face à cette difficulté, j'ai donc réfléchi à des sujets parallèles qui permettaient à la fois de parler de cette guerre mondiale de façon différente mais aussi pédagogique", explique la responsable numérique.
En tout, sept projets numériques réalisés par sept classes de différents niveaux ont vu le jour autour du thème : "Commémoration de la Première Guerre mondiale » au travers de sept différents prismes comme la communication, les objets durant la période 14-18, les métiers exercés durant la guerre etc... Toutes les histoires, les dessins et voix off ont été conçus par les élèves sur ordinateur, à l'aide du logiciel gratuit Gimp, et sur tablette tactile que leur responsable numérique leur a appris à maîtriser. Le tout étant ensuite mis en forme par Véhanouche.

 

Réalisation numérique d'une classe de la Märkische Grundschule dans le cadre du projet de la première guerre mondiale

 

"Ces réalisations numériques sont réellement stimulantes autant pour moi que pour les élèves qui inconsciemment peuvent s'épanouir autrement que lorsqu'ils sont dans un cadre strictement scolaire et de s'exprimer autrement que dans les cours classiques", se réjouit Véhanouche en citant comme exemple une élève allemande qui, au travers de sa participation à ces projets numériques, a su relayer sa difficulté à parler en français au second plan et a ainsi gagné confiance en elle. Car en effet, outre la créativité et la maîtrise des outils numériques, ce genre d'ateliers extra-scolaires présentent l'avantage d'apporter aux enfants une dimension à la fois pédagogique et ludique pouvant s'avérer très efficace. Mais, malheureusement, comme tant d'autres, Véhanouche se retrouve confrontée à la barrière du budget, ne lui permettant pas de développer ses activités dans d'autres établissements franco-allemands.

De la difficulté de trouver des financements
Suite à cette première année en tant que responsable numérique à la Märkische Grundschule, Véhanouche a pu renouveler son contrat en tant que freelance au sein de l'école européenne mais avec un budget moindre alors que les demandes de collaboration par les professeurs aussi bien français qu'allemands se font
de plus en plus importantes.
"Je suis en contact avec plusieurs écoles franco-allemandes qui se montrent très intéressées par mes ateliers et notamment par un travail collaboratif avec les professeurs français et allemands mais nous nous heurtons au problème de financement ne nous permettant pas de concrétiser ces projets", regrette Véhanouche.

Un premier projet bilingue a cependant pu voir le jour l'an passé en partenariat avec deux enseignantes française et allemande. Le binôme souhaitant, dans le cadre du spectacle de fin d'année, raconter l'histoire du conte « Boucle d'or » en chanson, Véhanouche s'est adaptée à ce projet en leur proposant de réaliser avec les enfants un livre interactif sur ce même conte qui a ensuite été diffusé en arrière-plan de la pièce de théâtre. "C'était le premier projet bilingue que j'ai réalisé avec une classe, commente la responsable numérique, en partenariat avec les deux professeurs, nous avons décidé que la voix off serait en allemand et les bonus de l'histoire en français, l'ensemble des dessins et des sons ayant été travaillés par les enfants".

 

Réalisation numérique d'une classe de la Märkische Grundschule

 

Ce genre de création numérique bilingue est évidemment ce que Véhanouche souhaiterait développer de plus en plus au sein des établissements franco-allemands mais en attendant que les institutions investissent de façon significative dans des projets numériques, elle tente bon gré, mal gré de continuer à semer la graine du numérique dans l'éducation qui permettra peut-être à terme de convaincre les politiques de l'intérêt de son activité.

Anaïs Gontier (http://www.lepetitjournal.com/Berlin) mercredi 21 octobre 2015

Savoir plus :

Site de Véhanouche : http://vehanouche.com/

Autres exemples de projets numériques réalisés sous la direction de Véhanouche : http://www.staatliche-europa-schule.de/seite/175801/projets_d-education_numérique_avec_véhanouche.html

lepetitjournal.com Berlin
Publié le 20 octobre 2015, mis à jour le 16 février 2018

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