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CLEMENT GIRAUD - "J'ai toujours considéré le cirque comme une finalité professionnelle"

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 30 décembre 2014, mis à jour le 6 janvier 2016

Arrivé en 2010 à Berlin avec des projets cirque plein la tête, Clément Giraud, alias Karakuli, s'est essayé à plusieurs expériences professionnelles avant de trouver sa voie dans un projet franco-allemand autour du cirque contemporain. Passionné depuis très jeune des arts du cirque, le Français originaire de la région parisienne, aspire à apporter à la scène du cirque berlinoise, ancrée dans une tradition classique, une touche plus contemporaine et pédagogique.

Si du cirque vous en avez qu'une image bornée aux clowns et animaux spectacle, il vous faut alors découvrir les collectifs artistiques tels que le Zirkus Zack, Vuesch ou Katakomben qui proposent une pratique du cirque contemporaine et pédagogique. Ces deux lieux berlinois sont les références citées par Clément afin de présenter sa conception des arts du cirque.

"Le cirque en Allemagne est resté très traditionnel et basé plus sur la technique plus que la mise en scène, explique Clément, alors que le cirque contemporain, que j'enseigne, raconte une histoire et transmet des émotions, des messages". Tandis que le cirque classique, né au 18e siècle en Angleterre, fait appel à la prouesse des artistes, au sensationnel par la mise en scène du jeu avec le danger ou d'animaux dressés pour le cirque et présente un enchaînement de figures tout au long du spectacle, celui contemporain, né en France au milieu des années 70, donne une dimension plus pédagogique et artistique à cet art du spectacle, empruntant ainsi plus aux techniques du théâtre.
Tout d'abord autodidacte, Clément s'est orienté vers une carrière professionnelle dans le monde du cirque après avoir étudié deux ans dans une école de commerce et travailler quelque temps dans cette branche en région parisienne et sur Bruxelles. Mais lors de son séjour dans la capitale belge, le jeune homme cherche plus à créer le contact avec des circassiens que des commerciaux, sans pour autant mettre de côté son profil d'entrepreneur. "Je n'ai jamais eu l'image du cirque à la 'hippie', sans vouloir offenser personne, confie Clément, mais l'ai toujours considéré comme un produit, une finalité professionnelle".

En 2008, le tout jeune commercial se décide à faire du cirque plus qu'une passion en intégrant la formation club med spécialisé en trapèze volant, subventionnée par l'Etat, qui se déroule sur un an, dont 6 mois de pratique. "Cela a été une super expérience, avoue-t-il, même si je n'adhère pas totalement à l'esprit club med, la formation m'a énormément apporté". Une fois le diplôme en poche, le circassien trouve tout d'abord du travail sur Marseilles, dans une compagnie de théâtre travaillant avec des enfants des cités nord de la ville, avant de rencontrer sa petit amie, Léna, une étudiante allemande en erasmus, avec qui il se décidera à s'envoler pour Berlin.

L'expérience berlinoise
"Après Bruxelles, je m'étais promis de ne jamais aller vivre dans une ville ou un pays plus au nord, confie Clément le sourire au lèvre, j'ai eu beaucoup de mal à aimer Berlin, je l'ai même d'ailleurs destesté pour le froid, la langue que je ne maîtrisais pas...", se remémore-t-il. Après quatre ans de vie berlinoise, le jeune homme semble avoir changé d'avis sur cette ville qui, finalement, lui a offert et lui offre de plus grandes possibilités en terme de projets artistiques que n'importe quel autre endroit en Europe. "Après un an de cours comme professeur indépendant de cirque, j'ai eu la chance de pouvoir me faire financer une formation par le job center, orientée cette fois-ci vers le côté pédagogique du cirque, un complément à celui artistique que je maîtrisais déjà", raconte le néo-berlinois qui s'est depuis familiarisé avec la langue de Goethe. Cette seconde formation, c'est au cirque Cabuwazi Das Shake!!!  que le jeune homme l'effectue. De cette expérience, il n'en garde un souvenir plutôt mitigé : "Il y avait des problèmes de groupe et de motivation (certaines personnes faisaient cette formation car le job center leur demandait) ainsi qu' un niveau trop aléatoire pour pouvoir progresser autant que possible en un an, se rappelle Clément, cela a contribué à une mauvaise atmosphère. Par contre, j'y ai appris une grande partie de mon travail et suis reconnaissant de l'enseignement et de l'investissement la plupart des professeurs", poursuit-il. Et d'ajouter : "Dans ce milieu, il peut y avoir un grand manque de respect, avoue Clément une pointe d'amertume dans la voix, en trois ans de temps, j'ai eu un certains nombres de mauvaises expériences". Clément s'est battu pour que plusieurs de ses contrats soient honorés et que ses projets, créés par lui-même, lui reviennent de plein droit. Sans vouloir rentrer dans les détails des méthodes de travail de ces cirques, devenus des références à Berlin, le circassien tire les leçons de cette expérience et décide alors de revenir au travail indépendant.

Pour expliquer l'orientation que prend Clément, suite à cette succession de désenchantement avec le milieu du cirque berlinois, il cite Stéphane Sing, un jongleur-danseur, pratiquant et enseignant au centre artistique Katakomben, qui se sert de sa formation philosophique pour transmettre valeurs et messages au travers des arts du cirque. Il débute ensuite une collaboration avec une autre école de cirque, le Zirkus Zack qui lui donne une autre image de la scène circassienne berlinoise. "Le cirque Zack m'a impressionné par leur investissement, l'esprit d'équipe ainsi que la qualité de leur enseignement, explique Clément, ils ont un 'kita-cours' au sein duquel les élèves débutent dès leur plus jeune âge et poursuivent ensemble jusqu'à l'âge adulte, s'émerveille le jeune homme. Et de poursuivre : "Ils se connaissent très bien et cela donne une cohésion de groupe très agréable".

Parallèlement, le projet 'Karakuli', né lors de sa formation à Cabuwazi, fait son chemin, Clément s'entoure de personnes motivées autour de ce projet pédagogique de cirque qu'il propose à différentes structures franco-allemandes.

Karakuli et bien d'autres projets
"Les gens me connaissent comme une personne qui a toujours des projets à présenter", se décrit Clément. Car, en effet, le jeune homme, à côté de ses cours en tant que professeur indépendant, organise des ateliers cirque thématisés au lycée français comme ce fût le cas il y a quelques semaines avec 'la semaine du cirque autour de la notion de respect', se présente de Kita franco-allemande à Kita franco-allemande pour proposer ses services, se met en collaboration avec des écoles ou associations basées en France et participe à des projets tiers tels que celui entre le Zirkus Zack et le lycée expérimental de Saint-Nazère ou encore celui entre la Mie de pain, foyer de jeunes travailleurs et le Centre Français de Berlin, une motivation qui commence à porter ses fruits. "Au départ, je souhaitais monter une association avec les personnes qui collaborent régulièrement avec moi, explique Clément, mais je me suis rendu compte que c'était trop d'implication pour tout le monde et que l'on avait pas le temps". En août 2013, le circassion change alors d'idée pour s'orienter vers la formation d'un collectif qui, depuis, est devenu une société de forme GBR (Gesellschaft bürgerlichen Rechts – GbR (société de droit civil).

Composé de cinq autres personnes, Thérésa, une pédagogue, Tino à la musique et de Léna pour les arts plastiques, ainsi que Laurianne, une professeur de français et de danse ainsi qu' Agnieszka, professeur de cirque, l'équipe Karakuli se stabilise petit à petit et, après le succès de la semaine du cirque au lycée français, travaille déjà sur un nouveau projet autour du voyage. Avec comme finalité, la transmission d'un message pédagogique aux élèves et un spectacle de fin d'atelier, Karakuli commence à se faire connaître des institutions et écoles franco-allemandes. L'équipe pourrait même participer au prochain Karnaval der Kulturen en juin prochain dans le cadre de leur collaboration avec le centre Français de Berlin et l'association la Mie de pain. Une occasion de les rencontrer et pourquoi pas de vous découvrir une passion pour le cirque, qui n'est pas uniquement réservé aux plus jeunes !

Anaïs Gontier (lepetitjournal.com/Berlin) jeudi 20 février 2014

Crédits photos : Léna Valenzuela

Site web : www.karakuli.org et page facebook : https://www.facebook.com/clement.karakuli?fref=ts

Les lieux d'entraînement coup de coeur de Clément Giraud : 

Vuesch.org : Tous les soirs de semaine à partir de 20h15. Un thème par jour. Lundi jonglerie, mardi aérien, mercredi jonglerie, jeudi acrobatie, vendredi toutes disciplines
Des cours pour adultes ont lieu entre 1815 et 20h15. http://vuesch.org/

http://www.circulum.de/wordpress/ : Asso spécialisée dans le monocycle et jonglerie. Entrainement libre tous les jours ici : http://www.circulum.de/wordpress/?page_id=13 Avec eux, professionnels et amateurs se mélangent. Ils organisent une convention de jonglerie en juin en collaboration avec FEZ. Et des galas une à deux fois par an. 

Shake, Cabuwazi : Le lundi à partir de 19h au http://www.shake-berlin.de/11-0-shake-shake.html. L'occasion de s'entrainer dans une bonne atmosphère dans une tente de cirque. 

Katakomben : Un endroit plus réservé au pro ou semi-pro.Leurs scènes ouvertes sont fantastiques. J'ai perso eu la chance de rencontrer la plupart de mes idoles en jonglerie (Steffan Sing, Marco Paoleti...) et voir des artistes lauréat du cirque de demain s'entraîner. Je conseille aux passionnés d'y faire un tour. http://www.katakomben-berlin.de

Les projets Karakuli 2014 : 

Une semaine sur le thème du voyage avec les écoles européennes : . Il y aura du cirque, de l'improvisation théâtrale pour aider à la création de numéros, de la musique et peinture. La semaine se terminera par un spectacle. Durant celui-ci, les élèves réaliseront une peinture en live qui servira de support aux numéros de cirque. Valentin David, membre de l'équipe, s'occupe des arrangements musicaux. Un musicien sera invité à l'occasion.

En juin, un échange sur le thème de l'Identité aura lieu entre Paris et Berlin :  Celui-ci est organisé en collaboration avec La Mie de Pain, le Centre français de Berlin et soutenu par l'OFAJ et la Mairie de Paris. Karakuli s'occupe de la direction artistique. Pendant 5 jours, les participants auront 3 ateliers : jonglerie, clown/théatre et costumerie. Ils découvriront leur personnage de jongleur et apprendront différentes techniques afin de pouvoir s'exprimer dans cette discipline.Ils partiront à la recherche de leur clown, se découvriront, apprendront à mieux se connaitre afin d'exacerber des traits de leur personnalité afin de les rendre drôle. En costumerie, ils réaliseront des costumes en matières recyclés.     

 

 

lepetitjournal.com Berlin
Publié le 30 décembre 2014, mis à jour le 6 janvier 2016

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