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SOCIETE – Antiterrorisme : le débat qui divise l’Allemagne

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 24 septembre 2007, mis à jour le 13 novembre 2012

Faut-il intensifier les mesures de surveillance anti-terroristes au risque d'écorner les libertés individuelles en Allemagne ? Le débat, qui divise profondément la coalition rouge-noire, a rassemblé samedi à Berlin près de 10.000 manifestants pour la protection des données individuelles

La menace terroriste est-elle si sérieuse en Allemagne qu'elle justifie l'état d'urgence ? (Photo. C. B.)

Selon certains députés au Bundestag, l'ambiance au sein de la grande coalition (SPD-CDU) au pouvoir serait au plus bas. Au point que la CDU reproche aux sociaux démocrates de jouer un rôle d'opposition au sein même du gouvernement. A l'origine de ces troubles, les déclarations de deux ministres CDU, Wolfgang Schaüble et Franz Joseph Jung, qui militent ardemment pour l'intensification des mesures de surveillance anti-terroristes.

Chevaux de Troie pour les suspects
Franz Joseph Jung, ministre de la défense, a enflammé jeudi la polémique. Il a affirmé qu'il donnerait l'ordre à l'aviation d'abattre un avion de passagers détourné par des terroristes menaçant des cibles civiles au sol, en recourant à la situation d'état d'urgence. De son côté, Wolfgang Schaüble, ministre CDU de l'intérieur, a brandi la menace d'un attentat nucléaire terroriste, insistant sur le fait que la question n'était de savoir "si"mais "quand"un tel attentat aurait lieu. C'est lui qui avait proposé il y a quelques mois d'introduire des "chevaux de Troie"dans les ordinateurs des individus jugés suspects afin de pouvoir scanner leur données informatiques. Les deux ministres, qui depuis plusieurs mois créent une actualité par semaine autour du terrorisme, exaspèrent leurs collègues SDP au gouvernement. Ces derniers estiment que la menace évoquée est trop exagérée pour être vraiment prise au sérieux. Ils s'inquiètent par ailleurs des entorses à la Loi fondamentale, protectrice des libertés individuelles, que représenteraient ces mesures.

"Mes données m'appartiennent"
Samedi à Berlin, l'intensité du débat a franchi un nouveau seuil. Près de 10.000 personnes ont défilé sous la Porte de Brandebourg pour manifester leur désaccord au projet de loi Schaüble sur la surveillance électronique. Sous le slogan "Mes données m'appartiennent", les organisateurs ont dit vouloir donner un "signal contre les fantaisies de surveillance du gouvernement". Le syndicat de services Verdi, le mouvement altermondialiste Attac, le parti de gauche Die Linke, des organisations de défense des droits civiques ainsi que plusieurs députés écologistes faisaient partie du cortège.

La bataille idéologique, qui semble ne faire que commencer, reste pour l'instant très abstraite dans un pays qui n'a jamais connu d'attentat terroriste sur son sol. Le débat met aux prises deux spectres également menaçants : l'attentat terroriste d'ampleur et le retour de l'Etat policier, dont le souvenir est encore prégnant en Allemagne. Cette lutte d'influence, qui divise trace une ligne claire entre les deux partis au gouvernement, trouvera vraisemblablement son exutoire lors des prochaines élections locales, prévues pour l'année prochaine.
Cécile Boutelet (www.lepetitjournal.com - Berlin) lundi 24 septembre 2007

lepetitjournal.com Berlin
Publié le 24 septembre 2007, mis à jour le 13 novembre 2012

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