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POLEMIQUE – Les voies contestées du "train de la mémoire"

Écrit par Lepetitjournal Berlin
Publié le 14 avril 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

L'exposition itinérante "train de la mémoire", sur la déportation, ne s'arrêtera pas en gare centrale de Berlin, selon la décision de la Deutsche Bahn. Les refus réitérés de la compagnie ferroviaire de soutenir le projet la place sous le feu des critiques

Le "train de la mémoire"est stationné depuis hier en gare de Berlin Ostbahnhof (photo. http://www.zug-der-erinnerung.eu/)

Samedi soir, 4646 lumières étaient allumées Potsdamer Platz à Berlin. 4646 lampes en souvenir des enfants berlinois déportés dans les wagons de la mort. Des lumières accusatrices sous les fenêtre du siège de la Deutsche Bahn, qui a refusé d'accueillir en gare centrale de Berlin le "train de la mémoire" (Zug der Erinnerung). L'exposition itinérante commémore depuis le 9 novembre dernier la déportation par voies ferrées de milliers d'enfants et d'adolescents.

Officiellement, la Deutsche Bahn a justifié son refus pour des raisons logistiques. Outre des risques de sécurité, l'arrêt prolongé du convoi perturberait le passage des trains, dans la plus grande gare d'Europe. En remplacement, la compagnie ferroviaire a proposé aux organisateurs la gare de S-Bahn de Grünewald, elle-même un lieu de mémoire de la déportation.

Un comportement "mesquin", selon Harald Wolf
Les responsables de l'association "Zug der Erinnerung"ne veulent pas croire à ces justifications. Ils reprochent à la Deutsche Bahn de ne pas soutenir le projet. Le groupe ferroviaire n'a en effet pas autorisé le "train de la mémoire"à circuler gratuitement sur le réseau. 100.000 euros sont nécessaire pour financer les 3.000 kilomètres du parcours. Si les frais ont jusqu'ici été couverts par les dons des visiteurs, il n'est pas encore sûr que le train puisse atteindre son objectif. Samedi, le ministre de l'économie du Land de Berlin Harald Wolf (Linke), a jugé que le comportement de la compagnie était "mesquin" et dénotait "un manque de conscience de sa propre histoire".
 
Une question de responsabilité
La polémique est d'autant plus vive que la Deutsche Bahn s'illustre depuis maintenant deux ans par ses refus répétés de soutenir des expositions commémorant les trains de la déportation. Il a fallu toute l'obstination de la journaliste franco-allemande Beate Klarsfeld et l'intervention du ministre des transports Wolfgang Tiefersee pour faire accepter à Harmut Mehdorn, chef de la Deutsche Bahn, une autre exposition itinérante sur la déportation, dans les murs de plusieurs gares allemandes, en janvier 2008.
Pourquoi ces refus de la part de la compagnie ferroviaire ? La raison n'est sans doute pas à chercher sur le plan logistique. En réalité, le groupe ferroviaire craint surtout d'introduire, dans l'opinion publique, l'idée que la Deutsche Bahn serait l'héritière de la Reichsbahn, la compagnie au service des nazis, ouvrant la voie à d'innombrables procès en responsabilité.
Cécile BOUTELET (www.lepetitjournal.com/berlin.html) lundi 14 avril 2008

Depuis le 9 novembre dernier, le "train de la mémoire", le train parcourt 3000 kilomètres, à travers une vingtaine de villes allemandes, de Francfort sur le Main à Auschwitz.
Dans les wagons, des photos d'enfants, des textes racontent des morceaux de vies, expliquent quand et où les enfants juifs ont été séparés de leurs parents avant d'être déportés vers les camps de la mort. D'autres photos renseignent sur les étapes de la déportation et l'organisation des convois spéciaux. La Reichsbahn allemande a considérablement profité de ces transports de masse, et facturait aux déportés leur propre voyage vers la mort. Près d'1,5 millions d'enfants et de jeunes juifs et tsiganes ont péri suite à la déportation en camps d'extermination entre 1942 et 1944. 12.000 d'entre eux étaient allemands, 11.000 français.
Le train de la mémoire est à visiter à Berlin du 13 au 22 avril.
Il est stationné à la gare de Berlin Ostbahnhof depuis hier. Mardi et mercredi, il sera en gare de Lichtenberg, jeudi et vendredi à Schöneweide. Prochaines stations : Brandenburg (23.-24. vvril), Potsdam (25.-26.4.), Cottbus (27.4.), Dresden (28.-30. 4.), Bautzen (2.-3.5.), Görlitz (4.-5. 5.).
En savoir plus: http://www.zug-der-erinnerung.eu/
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lepetitjournal.com Berlin
Publié le 14 avril 2008, mis à jour le 9 janvier 2018

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