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SANTÉ - Quand l'attente pour une intervention chirurgicale n'en finit plus

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 2 avril 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Temps d'attente de plus en plus long, augmentation du nombre de patients sur liste d'attente, la santé publique espagnole est actuellement confrontée au défi de permettre aux Espagnols d'avoir accès à une intervention chirurgicale en un temps minimal. Plus que tout cela, ce sont aussi les importantes disparités entre les régions qui inquiètent la population. 

(photo domaine public) La semaine dernière, le ministère de la Santé espagnol a publié des données sur les listes d'attente dans le système national de santé, permettant, pour la première fois depuis une dizaine d'années, de comparer les situations entre les différentes communautés autonomes. Le constat est sans appel: d'importantes inégalités existent entre les régions avec parfois un temps d'attente jusqu'à trois fois supérieur. En effet, si La Rioja ou le Pays-basque sont des communautés où les patients sont pris en charge rapidement (respectivement 46 et 49 jours d'attente en moyenne), la situation est tout autre dans les Canaries ou en Castille-la-Manche où le temps d'attente moyen est de 162 et de 147 jours. On s'aperçoit donc que les disparités sont très importantes, mais qu'elles ne concernent pas seulement le temps d'attente. Les communautés autonomes sont également inégalitaires du point de vue du nombre de patients inscrits sur les listes d'attente. La région de Murcie compte presque le triple de personnes en attente qu'en Andalousie. En effet, au 30 juin 2016, date des dernières données, elle comptait 20,5 habitants pour mille inscrits sur les listes, contre 7,3 pour mille en Andalousie. Il faut également noter que ces différences se retrouvent aussi pour le temps d'attente avant de voir un spécialiste, pouvant être jusqu'à quatre fois plus long dans certaines communautés. En Espagne, le temps d'attente moyen est de 49 jours, mais il est par contre de 103 jours dans les Canaries et seulement de 23 jours à La Rioja.

Des disparités concernant le type d'intervention
Si d'une manière générale toutes les communautés autonomes connaissent ce phénomène de liste d'attente et d'augmentation du délai avant de recevoir une intervention, on s'aperçoit que le temps varie aussi en fonction du type d'opération. Ainsi, celles de chirurgie esthétique ou de neurologie possèdent le plus grand nombre de patients sur liste d'attente. À l'inverse, les opérations de chirurgie thoracique ou de dermatologie sont celles demandant le moins d'attente. Là encore, les communautés autonomes sont très inégales : concernant les interventions de chirurgie esthétique, la moyenne nationale d'attente est de 143 jours. Or, en Estrémadure, un patient doit attendre en moyenne 510 jours pour y avoir accès. Les écarts sont donc parfois considérables d'une communauté à une autre. Pour le service de pédiatrie, le constat est le même. Si la moyenne nationale est de 106 jours d'attente, la prise en charge des jeunes est bien réalisée au Pays-basque (36 jours). En revanche, en Castille-la-Manche, elle est beaucoup plus compliquée puisque la moyenne est d'une attente de 293 jours. L'étude ne comporte pas les données de la Catalogne. Le gouvernement catalan publie en effet ses propres résultats en fonction du type d'intervention et de l'hôpital de la région. Avant 2015, Madrid ne faisait pas non plus partie de l'étude nationale puisque les modalités de comptage étaient différentes. La communauté de Madrid commençait en effet le décompte à partir de la rencontre avec l'anesthésiste et non après l'indication par le médecin, lui permettant d'avoir des résultats meilleurs que dans le reste de l'Espagne. 

Le cadre légal concernant le temps d'attente
En 2003, un rapport avait été publié alertant sur ces déséquilibres entre les communautés autonomes. Afin de résoudre ce problème, un décret royal avait été adopté la même année définissant la manière d'homogénéiser les données concernant les listes d'attente. Toutefois, en 2004, le ministère de la Santé a réuni les différentes régions et n'a plus rendu publiques les données de comparaison entre les communautés. Ce n'est qu'avec la Loi sur la Transparence qu'il est à nouveau possible d'accéder à ces informations. On s'aperçoit donc que certaines communautés ne respectent pas le cadre légal du temps d'attente maximal fixé à six mois, montrant un problème du qualité du service. Ainsi, si des régions comme Les Asturies, Madrid ou encore La Rioja possèdent moins d'1% des patients dont le temps d'attente dépassent les six mois, ils sont 21% en Estrémadure. De même, au 30 juin 2016 dans les Canaries, 29% des patients attendaient depuis plus de 180 jours. Ce dépassement des limites est aussi visible concernant l'attente maximale autorisée avant le rendez-vous avec le spécialiste, fixé à 2 mois. Une fois de plus, les Canaries et Castille-la-Manche sont pointées du doigt puisque respectivement 84% et 75% de leurs patients dépassent les 60 jours d'attente. À l'inverse, au Pays-basque, selon les derniers chiffres, aucun patient n'attend depuis plus de 2 mois.

Comment résoudre ce problème?
Conscientes des difficultés mais surtout de la mauvaise image que cela donne du service de santé publique, les différentes communautés autonomes tentent de prendre les choses en main et d'impulser des changements dans la prise en charge de leurs patients. En effet, plus qu'un manque d'organisation, cette situation porte aussi atteinte à la qualité du service que devraient recevoir les Espagnols. Pour ce faire, certaines communautés comme celle de Madrid ou encore la Catalogne ont cherché à établir des plans chocs de prises en charge du temps d'attente pour les interventions chirurgicales. En Catalogne, l'objectif est notamment de réduire de 50% le temps d'attente pour les consultations externes et les diagnostics, et de diminuer de 10% le nombre de patients sur les listes d'attente, malgré un budget étroit pour le réaliser. Les mesures commencent toutefois à porter leur fruits puisque le nombre de personnes en attente d'un diagnostic a diminué de 22,3% (11.560 patients de moins), même si de nombreux efforts restent encore à faire, et ce, dans toutes les communautés autonomes, particulièrement celles où le temps légal d'attente est dépassé.

Clémentine COUZI (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 3 avril 2017
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Publié le 2 avril 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

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