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LYCEE FRANÇAIS - Pourquoi un appel à la grève le 31 janvier 2013 ? Explications à Valence

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 4 février 2013, mis à jour le 8 février 2018

Conjointement à la grève de la fonction publique programmée jeudi dernier en France, les lycées français de l´étranger se sont greffés sur le mouvement, avec des revendications propres au réseau AEFE. "Tous en grève pour nos rémunérations et la réforme de l´ISVL".

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Le premier mouvement de grève du quinquennat a eu lieu le 31 janvier, et pour faire écho au slogan de campagne présidentielle de François Hollande, qui déclarait au mois de mai 2012, "le changement, c´est maintenant", en janvier 2013, "le changement, c´est l´action". En France comme à l´étranger, le pouvoir d´achat était au centre des revendications. Selon les chiffres officiels, la grève a été peu suivie en France, avec un taux par exemple de 18% dans l´éducation nationale, alors que la mobilisation a été plus importante dans les établissements à l´étranger, comme à Valence, avec des revendications spécifiques. Explications de deux enseignants représentants du SNES (Syndicat National des enseignements du Second Degré), du Lycée français, messieurs Michel Daniel et Jean Pierre Di Salvo : "Tous les lycées français de l´étranger sont concernés par le mot d´ordre car la refonte de l´ISVL est au cœur de nos préoccupations. La revendication de base, sur laquelle s´accordent tous les syndicats, (FU : SNES pour le secondaire, SNUIPP pour le primaire et SE-UNSA pour le primaire), est que l´ISVL ne doit pas être inférieure à 15% de l´indemnité d´expatriation des profs".

Des baisses de l'ordre de 350 euros par mois ?
"Cette Indemnité Spécifique de Vie Locale, propre aux enseignants du réseau AEFE, entièrement payée par les parents, dont nous faisons partie, est un élément de notre salaire dont le montant dépend du niveau de vie du pays, de la région et de la ville, en l´occurrence, Valence. Sur proposition de l´AEFE, pour son évaluation, sont pris également en compte l´attractivité du pays, l´éloignement de la France, ou encore l´accès à la culture, puis à partir de ces propositions, Bercy établit une grille géographique. Ce qui a déclenché notre mouvement, c´est la crainte de la baisse de l´ISVL avec la circulation de chiffres alarmants, évoquant une perte de 350 euros par mois. L´année dernière, nous avons obtenu une augmentation substantielle de cette 'prime', de 32%, et aujourd´hui, nous risquons de redescendre à un niveau inférieur à celui en cours lors de la dernière évaluation du niveau de vie en Espagne, en 2009, alors que depuis, celui-ci n´a cessé d´augmenter, en particulier pour les carburants, l´eau, l´électricité ou le gaz, sans oublier la hausse de TVA de l´été dernier. Après lui avoir fait part de nos préoccupations en novembre par courrier, nous avons profité de la visite du député Arnaud Leroy la semaine dernière, pour lui remettre une pétition avec 69 signatures du personnel du lycée". 75% des enseignants étaient en grève jeudi dernier au Lycée Français de Valence.

Bilan de la mobilisation en Espagne (source SNUipp - FSU Espagne
Alicante : 60% en primaire ; 93% en secondaire ; 
Barcelone : 16% en primaire ; 31% en secondaire ; 
Bilbao : 50% en primaire ; 50% en secondaire ; 
Madrid : 47% en primaire ; 47% en secondaire ; 
Malaga : 75% en primaire ; 36% en secondaire
Murcia (MLF) : 36% des détachés
Saragosse (LFM) : 64% des détachés
Valence : 74 % en primaire ; 76% en secondaire ; 
Villanueva : 80% en primaire ; 71 à 88% en secondaire.

Cette grève n´a pas fait pas l´unanimité
Si de nombreux parents exprimaient un certain ras-le-bol en déposant leurs enfants au Lycée jeudi matin et disaient désapprouver cette journée d´action, notamment faute d´informations sur son origine, ils n´étaient pas les seuls à y être opposés. Plus étonnant que l´opposition des parents, celle de Philippe Chauveau, représentant d´un autre syndicat d´enseignants, SE-UNSA Hors de France, siégeant d´ailleurs dans le groupe de travail consacré à trouver un autre mode de calcul plus équitable et plus réactif en fonction de l’évolution du niveau de vie dans une zone géographique. Dans un édito publié le 25 janvier, il a écrit : "S’il est juste de rester vigilants quant à l’évolution de l’ISVL et des discussions en cours, il me semble dangereux de propager des scénarii catastrophistes. Pour l’Unsa Fonction publique, ses fédérations et leurs syndicats, le 31 janvier n’est pas une date appropriée. L’UNSA n’a jamais été favorable à faire perdre une journée de salaire sur des grèves fourre-tout". Tout comme le Sgen-CFDT, qui dans un communiqué, appelant aussi à la vigilance à propos de l´ISVL, s´est dit "fortement mobilisé pour une revalorisation générale des traitements de fonctionnaires et pour une fonction publique de qualité, mais trouve contre productif aujourd’hui de développer un mouvement de grève alors que des concertations sont prévues".

"Des chiffres infondés" pour le député socialiste de la 5ème circonscription des Français de l´étranger
Joint par téléphone le jour même, Arnaud Leroy est revenu sur sa rencontre avec les représentants syndicaux du Lycée français : "J´ai été clair et transparent. La situation est compliquée, sans marge de manœuvre budgétaire, mais un groupe de travail se penche actuellement sur la question et des négociations sont en cours. Le niveau de vie a été surévalué pendant des années en Espagne, nous avons donc besoin de trouver une règle la plus équitable possible. Il faut un rééquilibrage, mais je ne crois pas une seule seconde aux chiffres avancés par les syndicats. Ils sont infondés, et l´AEFE les a d´ailleurs démenti. Je n´ai jamais eu connaissance d´une baisse de 350 euros, que je n´ose même pas imaginer. Aux représentants syndicaux, j´ai qualifié la hausse de l´an dernier 'd´électoraliste', en pleine campagne présidentielle. Maintenant, il y a du ménage à faire et je les ai assuré qu´ils seraient associés quand ça repartira. Par rapport à des ministères considérés non prioritaires, il faut être conscient qu´aujourd´hui le statu quo est déjà un luxe pour un ministère prioritaire comme l´éducation".
Les travaux de refonte de l’ISVL suscitent des inquiétudes. "C´est lorsqu´une réforme est en négociation qu´il faut agir" pour les uns, "grève prématurée" voire "infondée" pour les autres. Dossier à suivre lors de la reprise du groupe de travail sur l’ISVL prévue le 11 février à 11 heures.

Cécile PANISSAL (www.lwpwtitjournal.com- Espagne) lundi 4 février 2013

 

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Publié le 4 février 2013, mis à jour le 8 février 2018

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