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JEAN-YVES LECONTE - "L’enseignement est essentiel pour que le sentiment d’appartenance à la communauté nationale ne se perde pas"

Écrit par Lepetitjournal Barcelone
Publié le 14 avril 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

Jean-Yves Leconte est depuis 2011 Sénateur des Français établis hors de France. Lui même expatrié en Pologne dans les années 90, il a été élu au Conseil Supérieur des Français de l'Etranger, puis vice-président de l'Assemblée des Français de l'étranger, avant d'occuper les fonctions qui sont les siennes aujourd'hui. Egalement membre de la Commission d'enquête sur l'organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe, Jean-Yves Leconte était de passage à Barcelone cette semaine. Rencontre.

(Photo lepetitjournal.com) A quoi servent les Sénateurs des Français établis hors de France ? Jean-Yves Leconte et ses confrères interviennent à plusieurs niveaux, le premier étant lié à leur fonction de représentant des Français à l'étranger. Jean-Yves Leconte explique essayer de peser sur les politiques françaises qui touchent les expatriés, intervenant également pour les aider dans les situations qu'ils peuvent rencontrer dans leur pays de résidence : emploi, école, action sociale... Notamment sur les problématiques qui ne sont pas du ressort de la France mais du pays d'accueil : "en tant que parlementaire nous pouvons échanger de manière plus libre que les gouvernements et avoir une influence sur ces questions pratiques", avance-t-il.  De plus, le rôle de Jean-Yves Leconte s'étend aussi à son action parlementaire. Son but est d'apporter aux sujets débattus au Parlement une vision plus internationale : celle des Français qui résident à l'étranger.

Le consulat, essentiel pour les expatriés
Le Sénateur rappelle l'importance des consulats pour la communauté française hors de France. A un moment ou un autre de sa vie à l'étranger, le ressortissant français aura besoin de s'adresser aux services publics français, que ce soit pour une modification d'état civil, une demande ou un renouvellement de papiers. C'est là qu'intervient le consulat, sans quoi les Français devraient retourner dans l'Hexagone pour effectuer ces démarches qui leur sont nécessaires.  Les consulats sont "la mairie des Français installés à l'étranger, au minimum pour les papiers d'identité et pour les questions d'état civil. Sans consulat, vous n'aurez pas de papiers pour voyager, vos enfants nés à l'étranger n'existent pas en France et votre mariage n'est pas reconnu s'il les documents ne sont pas retranscrits", défend le Sénateur.

A quand une uniformité en Europe ?
Il attend en outre, de la part des autorités communautaires européennes, une réelle coopération consulaire, et pas juste une implication géopolitique. "Il faut se battre pour que la coopération européenne permette un jour de pouvoir demander son passeport directement à la mairie de Barcelone" illustre-t-il. Et de s'insurger : "C'est quand même scandaleux que 20 ans après l'espace Schengen, nous ayons encore une manière de fonctionner aux consulats qui datte de Napoléon III (?) Il n'y a aucune volonté politique de faire avancer les choses". A ceux qui diront qu'il faut faire sauter les consulats dans l'Union européenne, il répond : "D'accord, mais si l'on ne met pas en place la coopération européenne qu'il faut, les Français établis à l'étranger seront abandonnés dans leurs démarches".

L'enseignement, la grande préoccupation
C'est une inquiétude, car sans enseignement, la culture et la langue se perdent petit à petit. Le Sénateur Leconte explique que la moitié des enfants de Français à l'étranger sont binationaux, possédant la nationalité française et celle du pays d'accueil, celle de l'autre parent. Par facilité les enfants choisiraient de parler communément la langue du pays de résidence, le français restant juste la langue d'un des deux parents qui lui même parle la langue d'accueil ! Voilà pourquoi selon Jean-Yves Leconte, "l'enseignement est absolument essentiel pour que le sentiment d'appartenance à la communauté nationale ne se perde pas". Et il s'agit davantage de la conservation de l'identité française plutôt que du simple enseignement de la langue. Pour Jean-Yves Leconte, il faut donc que la priorité donnée à l'éducation, annoncée par François Hollande et mise en place en France, passe désormais les frontières.

Le problème des frais de scolarité
Pour le Sénateur, il faut donc trouver les bons outils afin de favoriser l'enseignement des enfants français hors de France. Cela passerait par des écoles aux prix abordables ou le programme Flam (programme Français Langue Maternelle). Jean-Yves Leconte explique qu'il "y a un peu plus de 400.000 enfants scolarisés dans le réseau des écoles françaises à l'étranger. Mais l'on se rend compte qu'en réalité seulement un tiers des enfants français suivent une scolarité dans ce réseau. Il y a donc deux tiers des enfants français qui ne le suivent pas". Le coût de la scolarité d'un enfant dans les écoles françaises en est le principal facteur. "Scolariser un enfant en France coûte 7.500 euro par élève et par an. Dans le réseau des Français à l'étranger, un enfant scolarisé coûte en argent public 1.200 euros et les frais de scolarité sont entre 3.000 et 4.000 euros. Il est donc moins cher de scolariser un enfant à l'étranger qu'en France ! Sauf que comme la participation donnée par l'Etat est cinq à six fois plus faible qu'en France, les parents doivent donc payer la part restante" calcule le Sénateur. Une situation compliquée lorsque les Français qui viennent à l'étranger ont des revenus de plus en plus proches de ceux des communautés locales, ou quand ils ont plusieurs enfants.

Comment améliorer la machine consulaire ?
Jean-Yves Leconte regrette que les difficultés budgétaires poussent le ministère des Affaires Etrangères à réduire les moyens, ce qui crée encore plus d'obstacles pour les consulats. Pour lui, il faut rendre les choses plus fluides en aillant à l'esprit la réalité du terrain, le quotidien des Français établis hors de France. "La diplomatie doit se rendre compte que la révolution française a eu lieu. Représenter la France, ce n'est pas une affaire d'aristocrates. Car si les ambassades ne cessent de se réduire faute de moyens, ce n'est peut être pas une mauvaise chose que de s'appuyer sur la communauté française pour pouvoir affirmer sa présence". Et de regretter le manque d'interaction entre les diplomates qui sont de passage dans les ambassades pour quelques années, et ceux qui restent sur le long terme.

Il n'y a pas de mauvais pays pour investir
Avec une expérience d'entrepreneur à son actif, puisqu'il a fondé une entreprise en Pologne en 1992, et une autre en Ukraine en 2000, le Sénateur tient à encourager les projets réalisables : "Il n'y a pas de mauvais pays pour investir. L'important c'est d'avoir un projet robuste et une réelle dynamique. Parfois, la force du projet et la dynamique sont telles qu'elles sont capables de dépasser toutes les bureaucraties et difficultés internationales". Pour lui "lorsque le projet est bon, l'entrepreneur y croit".

Perrine LAFFON (www.lepetitjournal.com - Espagne) Mercredi 15 avril 2015
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Publié le 14 avril 2015, mis à jour le 6 janvier 2018

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