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J-5 avant le référendum du 1-O 

diada barcelonediada barcelone
Creative Commons EliziR
Écrit par Léane Burtier
Publié le 26 septembre 2017, mis à jour le 26 septembre 2017

A quelques jours de l’éventuel référendum pour l’indépendance de la Catalogne, la tenue de ce dernier mais aussi l’issue de cette journée sont loin d’être certaines. Consultation ou pas, victoire du "oui" ou du "non", mesures avant et après de la date fatidique, points de vue de Madrid et Barcelone... Synthèse d'une discorde.

 

En cas de la tenue du référendum, en dépit de l'interdiction 


La première question qui se pose est de savoir si le référendum aura une quelconque validité. En cas de victoire du "oui", ni Madrid, pour qui la convocation du référendum est contraire à la loi, ni l'Union européenne, qui s'est clairement positionnée sur la question, ni aucune autre institution internationale ne reconnaîtra a priori les résultats du vote. Seul le Venezuela s’est déclaré prêt à reconnaître le nouvel Etat, et reste à définir s'il s'agit un appui qui crédibilise ou pas la consultation. La reconnaissance de l’indépendance pourrait donc clairement souffrir de son manque de garanties démocratiques. Et le pouvoir central à Madrid est prêt à beaucoup pour empêcher le (bon) déroulement du référendum. A commencer par la partie logistique, avec la saisie des bulletins de vote, des plans des bureaux de vote et des personnels dédiés la semaine dernière et la menace de saisie des urnes (cachées) toujours dans les airs. Des poursuites judiciaires contre les instigateurs de la consultation, au sein même du gouvernement catalan, constituent un autre coup porté par Madrid. En début de semaine, la Cour des comptes espagnole a exigé le paiement d'une caution de quelque 5 millions d'euros à Artur Mas, ex Président de la Generalitat, pour l'organisation du référendum du 9 novembre 2014. Le message semble clair : Madrid est disposé à attaquer "au porte-monnaie" les organisateurs de la consultation. Le Gouvernement espagnol se dit également prêt à couper tous les financements à l’égard de la Catalogne, en ne payant plus que les services essentiels comme les hôpitaux, les écoles et la police, ôtant par la même à la Generalitat son autonomie financière. 

Mais si le référendum a lieu, la question de savoir comment va s’organiser le vote se pose aussi. Les autorités catalanes tiennent apparement des bulletins de vote et des urnes dans un endroit secret. La tenue du vote se déroulerait dimanche selon le bon vouloir des différentes villes. Cinq des 10 plus grandes villes catalanes refusent ainsi d’organiser le vote. La mairie de Barcelone quant à elle, ne s’implique pas directement mais se déclare prête à laisser le scrutin se dérouler, dans la mesure où les membres de la Mairie ne puissent pas être inquiétés par la justice. La maire Ada Colau a exprimé sa solidarité aux maires pro-référendum.

 

Que pourrait impliquer la victoire du "oui" ?


La loi de transition votée par le gouvernement catalan rend possible la proclamation de la République catalane en cas de scrutin majoritaire, même si le "oui" ne l'emporte que d'une seule voix. Il n'y a pas de taux de participation minimum qui compte. Et la victoire du "oui", la déclaration unilatérale d'indépendance sous 48 heures, comme le prévoit la "Ley de Transitoriedad" approuvée par le Parlement catalan, aurait de nombreuses conséquences. Politiques et territoriales notamment : la Catalogne représente 6,3% de la superficie de l'Espagne, 16% de sa population et 20% de son PIB. Elle est aussi le siège d'industries de pointe et de centres de recherche importants, surtout dans le domaine du nucléaire ou de la biomédecine, est à l'origine d'un quart des exportations de l'Espagne, et comprend un taux de chômage de 13,2%, soit 4 points de moins que le reste du pays. Selon le plan des indépendantistes, la Catalogne contrôlerait ses frontières terrestres, maritimes, et aériennes. On assisterait sûrement à l’isolement de la Catalogne par rapport à l’Espagne mais aussi par rapport à l’Europe. La Catalogne est l'une des régions les plus endettées, avec une dette publique représentant 35,2% de son PIB. Les autorités catalanes se sont dotées début septembre d'un nouveau Trésor public avec les capacités pour prélever l'impôt dans un éventuel État indépendant, d’une administration fiscale et d’une sécurité sociale, mais personne n’est sûr de l’efficacité de ces nouveaux organes. Enfin, les conséquences seront aussi sociales : tensions entre catalans pro et anti-indépendance, par exemple. Le FC Barcelone pourrait se retrouver exclu du championnat national et la Liga pourrait s'écrouler.

 

Et si c’est "non" ?


Il est vrai que le parti du "non" à l'indépendance n'a pas eu l'occasion de faire campagne alors que celui du "oui" est omniprésent dans le paysage politico-médiatique catalan depuis déjà trois ans au moins. Pourtant, les premiers sondages témoignent d’une division de la société catalane sur la question de l’indépendance et d’une victoire du "non" : au début de l’été 49,4% des Catalans se disaient être contre la sécession, 41,06% sont pour. Le "non" ne ferait sûrement qu’envenimer les tensions et ne découragerait pas les indépendantistes, qui sont prêts à tout, on la vu, pour arriver à leurs fins. Certes la Catalogne restera rattachée à l’Espagne, mais jusqu’à quand ?

 

En cas de non-lieu du référendum


Si on applique l'article 155 de la Constitution espagnole, le référendum ne devrait pas se faire : "Si une Communauté autonome ne remplit pas les obligations que la Constitution ou les autres lois lui imposent ou agit de façon à porter gravement atteinte à l’intérêt général de l’Espagne, le Gouvernement, après avoir préalablement mis en demeure le Président de la Communauté autonome et si cette mise en demeure n’aboutit pas, pourra, avec l’approbation de la majorité absolue des membres du Sénat, prendre les mesures nécessaires pour la contraindre à respecter ces obligations ou pour protéger l’intérêt général mentionné. Pour mener à bien les mesures prévues au paragraphe précédent, le Gouvernement pourra donner des instructions à toutes les autorités des Communautés autonomes". 
6000 policiers de la Guardia Civil ont été envoyés dans les rues de Barcelone pour "épauler" le travail des Mossos de Escuadra catalans. Ce corps de police a d'ailleurs été mis sous le contrôle coordinateur de la Guardia civil, une façon de s'assurer qu'il n'y aura pas de laxisme le jour J. L’Etat demande à demandé que la prise de contrôle des bureaux de vote qui sont prévus pour dimanche soit effective avant vendredi.


En dépit de l'arsenal mis en place par Madrid, Carles Puigdemont, Président de la Generalitat, persiste et signe. Il a affirmé que la première chose qui sera faite si le "oui" l’emporte, sera un appel formel au dialogue avec l’Etat espagnol et l’Union Européenne. Pour lui, "la Catalogne commencera à marcher comme un Etat indépendant", il s'agit seulement de décider comment gérer la transition. 
Le chef de l’Etat espagnol, Mariano Rajoy, a quant à lui annulé son voyage en Estonie, pour rester à proximité des événements, lors de cette semaine particulière.

léane burtier
Publié le 26 septembre 2017, mis à jour le 26 septembre 2017

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