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PORTRAIT – Krisana Kraisintu, le combat d’une pharmacienne contre le Sida

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 28 avril 2009, mis à jour le 22 septembre 2015

Après s'être battue en solitaire pour lancer la production de médicaments génériques contre le sida en Thaïlande, la pharmacienne Krisana Kraisintu se consacre maintenant à l'Afrique. Sans pour autant oublier l'Asie : Krisana s'apprête à former des scientifiques africains? en Chine

Le Docteur Krisana Kraisintu (Photo Emmanuelle MICHEL)

Du simple "bon sens". Difficile d'être plus humble que Krisana Kraisintu lorsqu'elle décrit les débuts de son combat pour faciliter l'accès des malades du sida thaïlandais aux traitements. Ce sont pourtant en grande partie les travaux de cette pharmacienne issue d'une riche famille du sud du pays qui ont permis à la grande majorité des patients thaïlandais de bénéficier de traitements gratuits. Au début des années 1990, Krisana travaille pour l'Organisation pharmaceutique gouvernementale (GPO). La scientifique se rend compte du coût très élevé des traitements anti-sida. Sans aucun soutien du GPO, cette pharmacienne décide donc de mettre elle-même au point des versions génériques, beaucoup moins chères, des médicaments. "Démarrer la production a été très difficile. J'allais de conférences en séminaires pour faire des annonces pour trouver les matières premières, très chères. Personne ne voulait travailler avec moi. J'ai beaucoup souffert psychologiquement,"se souvient le Docteur Krisana, visage jovial et brushing poivre et sel. Elle reçoit même des menaces téléphoniques. Les enjeux financiers sont énormes dans ce domaine, en particulier pour les laboratoires pharmaceutiques occidentaux. A force de ténacité, Krisana parvient tout de même à ses fins. Les premiers médicaments sont prêts en 1995. En 2002, tous les malades du sida en Thaïlande, soit environ 20.000 personnes, peuvent bénéficier de traitements, contre seulement 600 en 1991. En 2001, elle met au point un cocktail de trois molécules permettant de simplifier les traitements.

Au Congo, ravagé par la guerre
Dès lors, Krisana considère que la situation est suffisamment satisfaisante en Thaïlande pour se tourner vers d'autres champs de bataille. En premier lieu, l'Afrique. En 2002, elle part pour la République démocratique du Congo (RDC) pour aider les propriétaires d'une usine pharmaceutique à lancer la production de génériques anti-HIV. Dans cette région du Nord-Kivu, ravagée par la guerre, Krisana recommence tout à zéro, de la reconstruction de l'usine à la formation des employés. Là encore, ses efforts paient. En 2005, la production de génériques commence, permettant de traiter 30.000 personnes. "Je n'oublierai jamais la phrase que les Congolais m'ont dite pour me remercier : "Les connaissances que vous nous avez apportées, personne ne pourra nous les reprendre"."Elle aide aussi la Tanzanie à mettre sur pied une usine, ainsi que plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, dans le cadre de projets soutenus par le ministère thaïlandais des Affaires étrangères. Elle élargit la palette de médicaments à ceux permettant de lutter contre le paludisme. Dernier projet en date : associer la Chine, qui investit massivement en Afrique, à son combat. Krisana a ainsi réussi à faire construire une usine pharmaceutique dans le Nord-Est de la Chine. Elle prévoit d'y envoyer en formation des Africains et se fiche des critiques contre la politique chinoise en Afrique. "Pour moi, peu importe qui aide, du moment que les Africains en retirent des bénéfices. Peu importe la couleur du chat, tant que vous réussissez à attraper la souris."Voir le site du Docteur Krisana http://www.krisana.org/
Emmanuelle MICHEL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 28 avril 2009


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Publié le 28 avril 2009, mis à jour le 22 septembre 2015

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