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Nouvelle manifestation de grogne contre l’impunité à Bangkok

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Pattarachai PREECHAPANICH / AFP – Une manifestante anti-coup d’Etat protestait avec 500 autres personnes à l’université Thammasat de Bangkok, samedi 9 mars 2018
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 12 mars 2018, mis à jour le 12 mars 2018

Des centaines de Thaïlandais pro-démocratie ont manifesté dans Bangkok samedi pour conspuer la junte au pouvoir à grand renfort de T-shirts, de pancartes et de discours, alors que les militants défient l’interdiction de manifester en repoussant toujours un plus les limites.

Le régime militaire a posé une chape de plomb sur toute forme d’opposition depuis sa prise de pouvoir en 2014, en interdisant les rassemblement de plus de cinq personnes et en poursuivant les activistes en justice.

Mais un ras-le-bol croissant se fait ressentir et s’exprime de plus en plus fort depuis le dernier report des élections qui sont maintenant prévues pour février 2019.

Parmi les plus importantes démonstrations de grogne populaire survenues ces dernières semaines, la manifestation de samedi rassemblait environ 500 personnes venues pour participer à un pique-nique festif dans l’enceinte de l’université Thammasat de Bangkok.

"Qui là-haut entretient une flamme pour la démocratie ?" scandait un jeune militant à la foule, perché sur un camion, suscitant de fortes acclamations.
Tandis que les organisateurs rageaient contre la dictature de la junte militaire au travers des haut-parleurs, des vendeurs distribuaient des repas gratuits et vendaient des T-shirts portant de furtives références à une série de scandales de corruptions qui ont contribué à alimenter la contestation.

Un T-shirt affichait par exemple la gueule d’un léopard noir, un animal devenu le symbole de l’inégalité et de la corruption depuis l’arrestation d’un grand magnat du bâtiment pour avoir chassé le félin sauvage dans un parc national en février.

Référence à un autre scandale retentissant, le militant anti-junte de la première heure, Ekachai Hongkangwan, est apparu vêtu d’une veste couverte de montres en papier, une pique au numéro 2 de la junte qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers mois après que des lanceurs d’alerte ont mis en évidence via les réseaux sociaux qu’un grand nombre de montres de luxe passaient à son poignet.

Ces deux affaires ont ravivé le malaise sous-jacent du public vis-à-vis de la culture profondément ancrée de l’impunité pour les riches et les plus influents du royaume.

Un autre manifestant portait quant à lui un masque à l’effigie du chef de la junte Prayuth Chan-O-Cha et du personnage de Pinnochio, une allusion aux multiples reports d’élections depuis la prise de pouvoir.

"Cette année, davantage de personnes osent (descendre dans la rue), particulièrement depuis que le gouvernement de la junte n’a pas su tenir (ses) promesses concernant la tenue d’élections," a confié à l’AFP Ekachai, qui a aidé à diriger la manifestation.

Même si un scrutin est tenu l’année prochaine, il ne ramènera pas le même niveau de démocratie dont jouissait la Thaïlande avant le coup d’Etat.

Une nouvelle Constitution rédigée après le coup d’Etat assure pour l’avenir un verrouillage institutionnel (le Sénat, où plusieurs sièges sont réservés aux militaires, sera entièrement nommé et aura un contrôle sur le Parlement) entravant les grands partis et réduisant considérablement le pouvoir des politiciens élus. 

La Constitution contient également une disposition qui permettrait au Parlement d'installer un Premier ministre non-élu.
 

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