L’ancien parti au pouvoir a condamné vendredi dernier le report des élections à 2019, ordonné par la junte militaire, accusant les généraux de vouloir gagner du temps afin de consolider leurs soutiens avant un retour au système démocratique.
Depuis le renversement du gouvernement de Yingluck Shinawatra en 2014, toutes les activités politiques sont interdites dans le royaume et la junte militaire a déjà retardé plusieurs fois les dates annoncées du scrutin.
Jeudi dernier, le parlement non-élu mis en place après le coup d’état a voté une modification de la loi électorale permettant le report de la date des élections qui avaient été fixée à novembre 2018.
Le vice-Premier Ministre, le général Prawit Wongsuwan, a déclaré vendredi aux journalistes que les élections seraient probablement retardées de trois mois, c’est-à-dire en 2019, sans pour autant donner de date précise.
Ce changement a été désapprouvé par le parti Puea Thai, parti qui formait le dernier gouvernement élu et dont les différentes incarnations ont gagné toutes les élections nationales depuis 2001 -mais ont été destituées suite par des coups d’Etat ou des décisions de justice.
Chaturon Chaisang, ancien ministre et figure de proue du Puea Thai, estime que la junte militaire essaie de s’assurer la victoire avant le scrutin. "Ils veulent gagner du temps pour se préparer et assurer leur retour au pouvoir après l’élection", a-t-il dit à l’AFP
Le régime militaire, qui n’a toujours pas levé l’interdiction sur les activités politiques, tente “d’affaiblir tous partis existant” affirme Chaturon.
Les généraux ont déjà ancré leur influence au sein du gouvernement pour les années à venir à travers une nouvelle Constitution qui limite le pouvoir des élus et renforce d’autres branches du gouvernement.
Selon certains analystes le retour des généraux pourrait se faire sous la forme d’un parti allié des militaires, ou par le biais d’une faille dans la constitution, qui permettrait la nomination du Premier ministre par un vote parlementaire.
Le report de l’élection intervient alors que la junte se débat avec le scandale des montres luxueuses du vice-Premier ministre Prawit, désormais surnommé "le général Rolex".
Depuis décembre dernier, une page Facebook intitulée "CSI LA" publie des photos du numéro deux de la junte portant des montres de luxes. Jusqu'ici le lanceur d'alerte a répertorié un total de 25 montres, dont onze Rolex, huit Patek Philippes et trois Richard Milles, pour une valeur totale de 1,2 million de dollars.
Prawit Wongsuwan a expliqué que les montres avaient été empruntées à des amis, mais il fait actuellement l’objet d’une enquête par la commission anti-corruption pour avoir omis de déclarer ses objets de valeur lors de sa prise de fonction comme le veut la loi.
Les critiques estiment que la junte militaire, forte de son influence, va néanmoins rapidement se sortir d’affaire, dans un royaume ou l’impunité pour les riches et les puissants prévaut.
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