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PORTRAIT - Htoo Chit, entre jungle et Larzac, itinéraire d’un défenseur de la cause birmane

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 4 mars 2009, mis à jour le 4 décembre 2013

Activiste birman exilé en Thaïlande, Htoo Chit a la particularité d'avoir le statut de réfugié politique français. Après avoir attaqué Total en justice pour des accusations de travail forcé en Birmanie, il a fondé une ONG pour aider les nombreux travailleurs migrants birmans du sud de la Thaïlande

Débuté en Birmanie lors des manifestations anti-gouvernementales de 1988, le parcours ininterrompu de Htoo Chit en faveur des droits de l'Homme est passé par la France où il a obtenu en 2003 le statut de réfugié politique (Photo courtoisie Htoo Chit)

Sur le mur du bureau de Htoo Chit, une photo de lui avec José Bové. Le directeur de l'ONG Grassroots-HRE (Phang Nga) aime raconter sa rencontre avec le leader altermondialiste, il y a quelques années sur le plateau du Larzac. "Des milliers de personnes s'étaient rassemblées pour venir l'écouter parler. Cela m'a donné l'occasion de parler des problèmes de la Birmanie devant tous ces gens", se réjouit-il. Les liens de l'activiste birman avec la France ne s'arrêtent pas là, puisqu'il a obtenu en 2003 le statut de réfugié politique français. Il était alors le porte-parole de Birmans accusant la compagnie pétrolière française Total, d'atteintes aux droits de l'Homme pendant la construction du pipeline de Yadana, en Birmanie. "J'ai rencontré beaucoup de personnes ayant été forcées de travailler, lorsque je travaillais le long de la frontière. J'ai organisé le voyage à Paris de deux plaignants birmans, qui ont présenté à la justice des témoignages de travail forcé, de déplacements forcés et de confiscation des terres", raconte-t-il. En 2006, les avocats de Total négocieront finalement pour régler l'affaire en versant des compensations financières. Une demi-victoire pour Htoo Chit. "Je n'étais pas d'accord pour que le règlement se fasse en dehors des tribunaux, mais les plaignants ont accepté cette solution".

Douze ans dans la jungle
Le parcours de Htoo Chit en faveur des droits de l'Homme a en fait débuté il y a vingt ans, lors des manifestations anti-gouvernementales de 1988 en Birmanie. Alors âgé de 24 ans, ce Karen mène les protestations dans son village de l'Etat Kayan, frontalier avec la province thaïlandaise de Mae Hong Son. "J'ai été placé en résidence surveillée pendant six mois. J'ai ensuite réussi à rejoindre la frontière thaïlandaise fin 1989", explique-t-il. Devenu membre d'un groupe de lutte armée, il passera douze années à se battre dans la jungle contre les militaires birmans, mais aussi à collecter des preuves des violations des droits de l'Homme dans la région.
En 2000, il crée son ONG, Grassroots Human Rights Education and Development Committee, dans la région de Sangkhlaburi, pour venir en aide aux travailleurs migrants birmans, avec une attention particulière pour l'éducation des enfants. Quatre ans plus tard, il décide de déménager toute son organisation dans la province de Phang Nga, où beaucoup d'immigrés birmans ont été touchés par le tsunami. L'association, notamment financée par le Comité Catholique contre la faim et pour le Développement (CCFD), emploie aujourd'hui près de 70 personnes, dont la moitié d'enseignants. Quelque 500 enfants de travailleurs migrants sont pris en charge dans les écoles qu'elle gère. L'association aide aussi les femmes migrantes et fournit une assistance juridique. Mais le combat est loin d'être terminé pour Htoo Chit. "La crise économique fait qu'il est plus difficile de récolter des fonds. Et certaines ONG qui étaient arrivées dans la région après le tsunami commencent à se retirer, ce qui risque de poser problème aux migrants, notamment en terme d'assistance médicale". Voir le site de GHRE http://www.ghre.org/en/
Emmanuelle MICHEL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) Mercredi 4 mars 2009

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Publié le 4 mars 2009, mis à jour le 4 décembre 2013

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