Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

BIGC THAÏLANDE: “On ne change pas des produits (français) qui gagnent”

Big-C-Srimahapote-350Big-C-Srimahapote-350
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 26 avril 2016, mis à jour le 9 décembre 2019

Big C n’est plus français depuis la vente le 21 mars dernier des parts de Casino au groupe thaïlandais TCC. Ce changement d’actionnariat a suscité quelques remous au sein de la communauté expatriée française qui se demande depuis ce qu’il va advenir de ses chers produits importés de l’hexagone et d’Europe. Le groupe tient à rassurer ses clients, BigC entend conserver les produits d’importation européens et même développer ce segment

Chahuté par des difficultés financières, le groupe de grande distribution Casino a vendu en février sa participation à hauteur de 58,6% de parts dans la chaîne de magasins thaïlandais BigC Supercenter contre 3,1 milliards d'euros dans l'objectif d'alléger sa dette.

Le repreneur est la société Berli Jucker (BJC), filiale du groupe TCC, holding du milliardaire thaïlandais Charoen Sirivadhanabhakdi (Chang, Mekhong et Sang Som). Ce conglomérat, actif notamment dans la distribution, le commerce et l'agro-alimentaire, a ainsi pris le contrôle d'un réseau de plus de 700 magasins, dont 125 hypermarchés, qui a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de 3,4 milliards d'euros.

La nouvelle a rapidement suscité des questions chez de nombreux clients habitués des rayons de produits français qui se demandaient notamment si leurs chers produits étaient ou non amenés à disparaitre des rayons du distributeur redevenu entièrement thaïlandais.

Lepetitjournal.com a rencontré Alexandre Hammel, responsable de la partie achat des produits frais et périssables et Luc Charrier, en charge de l’import afin d’en savoir davantage sur la stratégie du groupe depuis sa reprise et l’impact qu’implique ce changement d’actionnariat dans les magasins Big C en Thaïlande.

Lepetitjournal.com : Quels changement la revente par Casino au groupe BJC de ses parts dans Big C va-t-elle avoir pour la clientèle, notamment les amateurs des produits d’importation?

Alexandre Hammel: Mis à part le fait que Big C n’appartient plus à Casino, aucun changement majeur ne va se passer ou n’est à prévoir pour le consommateur. Aujourd’hui, il y a des rumeurs, de fausses informations qui circulent laissant entendre que, le nouveau propriétaire étant Thaïlandais, tous les acquis de Carrefour et Casino vont disparaître, certains disent même que BigC tout entier va disparaitre. C’est faux. L’un des intérêts pour BJC [de reprendre BigC] c’est justement l’acquisition d’un savoir-faire, de gammes de produits. C’est l’un des points de différenciation de Big C par rapport à des concurrents comme Tesco Lotus ou Makro. Il en va de même pour la boulangerie “fait maison” et la boucherie. C’était l’une des forces à l’époque de Carrefour que Casino avait conservée et que le nouveau repreneur tient naturellement lui aussi à garder et même à développer.

Luc Charrier: Big C a signé un contrat d’exclusivité avec Casino. Nous sommes les seuls à être autorisés à vendre des produits de la marque Casino, Monoprix et pourquoi pas un jour Leader Price en Thaïlande. Big C va donc continuer à vendre la marque Casino, à la faire vivre et même à l’étendre à d’autres magasins comme les Big C Market. Il y a également une volonté d’étendre l’offre de produits importés en dehors des zones les plus touristiques, de ne pas se limiter à Bangkok, Phuket, Chiang Mai ou Pattaya.

Avez-vous signé d’autres contrats d’exclusivité avec des marques étrangères?

Alexandre Hammel: Big C a signé un contrat d’exclusivité avec le groupe anglais Premier Food (Cadbury, Ambrosia…) et nous sommes en négociation avec Britvic PLC (Robinson, Tesseire…)

Luc Charrier: On développe des partenariats également sur des marques coréennes, japonaises, britanniques, américaines. En Thaïlande, la communauté d’expatriés d’origine asiatique est dominante, nous sommes très actifs sur les gammes de produits d’importation “Asie” en plus des gammes françaises. Il y a une volonté de couvrir l’ensemble de la communauté expatriée, une communauté qui vient chez Big C pour les produits d’imports mais pas seulement, ils viennent pour faire leurs courses nécessaires à la vie quotidienne, c’est une partie de notre clientèle qui a un fort pouvoir d’achat et un panier moyen important.

Outre ces nouveaux partenariats, d’autres changements sont-ils prévus au niveau de la stratégie commerciale ?

Alexandre Hammel: Il n’y a pas de réels changements de prévus. Dans le fait que la société soit désormais 100% thaïlandaise, c’est plutôt l’esprit qui est différent, mais il y a toujours cette idée de pérenniser Big C en Thaïlande. Et le prix auquel Big C a été racheté (3,1 milliards d’euros, ndlr) démontre cette volonté. Après, un plan d’expansion était prévu avant le rachat, qui a été confirmé, et auquel s’ajoutent d’autres projets liés au fait que le nouvel actionnaire possède beaucoup de terrains.

Luc Charrier: Aujourd’hui, la tendance en Thaïlande c’est la proximité. Les 7 Eleven, Minimart, Tesco Express ne cessent de voir leur chiffre d’affaire s’accroître. Pour nous, c’est un point important au travers des Mini Big C, notre branche "proximité" qui fonctionne très bien. Il est prévu d’accélérer le rythme d’expansion et le nombre d’ouvertures de nouvelles petites unités tout en continuant d’augmenter le nombre de magasins de tous formats. Et il y a aussi le e-commerce car le rachat de Big C inclue aussi C-discount. L’une des forces de Big C pour le commerce en ligne c’est sa couverture nationale, nos magasins, que ce soit les petites ou grosses unités, peuvent servir de point relais pour aller chercher ses achats.

Alexandre Hammel: Le groupe a aussi prévu d’investir davantage dans les surgelés, le parc de réfrigérateurs a été étendu dans une cinquantaine de magasins. Plusieurs magasins vont également être rénovés, principalement les Big C Extra.

Que représente la clientèle expatriée pour Big C ?

Alexandre Hammel: Globalement dans les zones touristiques ça tourne autour de 15 à 20%, ce qui est énorme. Dans des magasins comme à Phuket, c’est 20% du chiffre d’affaires total. A Koh Samui par exemple, dès que vous rentrez dans le magasin, les premiers produits qui sont présentés sont de l’import.

Luc Charrier: Sur l’import, aujourd’hui, on est sur une croissance de 15% et ça devrait continuer à augmenter puisqu’on va proposer ces produits dans d’autres magasins. Mais sur le total du chiffre d’affaire, l’import ça ne représente que 1% pour le moment.

Propos recueillis par Catherine VANESSE Mercredi 27 avril 2016

Flash infos