Un millier de personnes ont manifesté dimanche dans la ville de Chiang Mai, au Nord de la Thaïlande pour protester contre la construction de logements pour des fonctionnaires sur les terrains boisés d’une montagne vénérée.
La grogne publique avait commencé à monter après la diffusion en début d’année, sur les réseaux sociaux, d’images aériennes montrant des dizaines de maisons destinées à des officiels, construites sur les contreforts du Doi Suthep, montagne qui surplombe Chiang Mai.
Dimanche dernier, une foule de protestataires, la plupart vêtus de vert et brandissant des drapeaux, a appelé à la destruction de ces bâtisses au cours d’une marche pacifique dans les rues de Chiang Mai, ville la plus importante du Nord de la Thaïlande.
Les manifestants soulignent le fait que la montagne, sur laquelle se trouve le fameux temple Wat Phra Tat Doi Suthep connu pour abriter une relique du Bouddha selon les croyances locales, est un site sacré et une zone naturelle protégée.
Mais les responsables locaux ont défendu ce projet de logements destinés à des juges et autres employés de tribunaux, soulignant qu’il avait été mis en oeuvre légalement et sur des terrains appartenant à l’Etat, mitoyens au parc national qui couvre le reste de la montagne.
En avril, selon le Bangkok Post, le chef de l’armée, le général Chalermchai Sitthisad, avait suggéré que si le projet d’habitations devait être abandonné, le complexe immobilier devrait être transformé en centre de formation pour ne pas gaspiller l’investissement tout en faisant que cette construction bénéficie aux riverains. Mais l’idée avait été rejetée par les détracteurs du projet, parmi lesquels des protecteurs de l’environnement qui estiment que la déforestation, l’aménagement et le bétonnage de cette partie de la montagne risquent d’avoir des conséquences graves pour l’environnement.
Cité par le journal britannique The Guardian, le chef-adjoint de la police de Chiang Mai, le colonel Paisan, a d’ailleurs indiqué que les protestations étaient principalement focalisées sur des questions environnementales.
La controverse vient s’ajouter à un sentiment général de frustration qui règne depuis longtemps dans l’opinion publique envers les traitements spéciaux accordés aux membres de l’Etat et aux élites, souvent au détriment du peuple thaïlandais et de l’environnement.
"Nous voulons la démolition des maisons et le retour à la forêt", a déclaré l’organisateur du mouvement dans un communiqué dimanche dernier.
"Rendez la forêt au Doi Suthep. Rendez la forêt au peuple."
La marche s’est déroulée malgré l’interdiction de rassemblements politiques et de manifestations imposée par la junte en 2014 au moment du coup d’Etat.
Le régime, qui dit préparer le retour de la démocratie dans le pays d’ici l’an prochain, a vu une série de protestations ces derniers mois alors que l’agacement général monte contre la répression militaire et l’impunité accordée aux riches et puissants.