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PROCES SHINAWATRA - Citant Montesquieu, Thaksin dénonce les liens entre "tyrannie" et justice

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 30 août 2017, mis à jour le 31 août 2017

Le frère de l'ex-Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra, lui aussi un ancien chef de gouvernement en exil pour échapper à la justice, a dénoncé mercredi les liens entre "tyrannie" et justice, citant Montesquieu dans ses premiers commentaires depuis la fuite de sa sœur à l'étranger.

Yingluck Shinawatra, qui comme son frère Thaksin a été évincée par un coup d'Etat, a disparu juste avant le verdict d'un procès pour négligence.

Son parti et la junte ont confirmé qu'elle est allée rejoindre son frère qui vit en exil à Dubaï.

Mercredi, Thaksin a rompu une longue période de silence en envoyant une série de tweets en anglais et en thaï citant le philosophe francais du 18e siècle Charles de Montesquieu.

"Montesquieu un jour a dit : Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice", a lancé Thaksin Shinawatra, bête noire de la junte au pouvoir en Thaïlande, citant sur son compte Twitter "Considérations sur les causes de la grandeur des Romains" de Montesquieu.

Il s'agit de la première réaction officielle du "clan Shinawatra" depuis que Yingluck a fait faux bond à la justice, en ne se présentant pas à son procès vendredi dernier.

C'est aussi la première fois depuis plus de deux ans que Thaksin, dont les partis ont remporté toutes les élections nationales en Thaïlande depuis 2001, utilise son compte Twitter.

Si la citation du philosophe français des Lumières, publiée en anglais et en thaï, peut sembler cryptique depuis l'étranger, en Thaïlande, elle est comprise comme une critique directe des généraux. Ceux-ci ont confisqué le pouvoir depuis le coup d'Etat de mai 2014 contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra.

Le message est devenu viral sur les réseaux sociaux thaïlandais et a été retweeté plus de 4.000 fois en cinq heures.

"Ce Tweet, après une si longue période, montre la colère de Thaksin", analyse Pavin Chachavalpongpun, un ancien diplomate thaïlandais, critique de la junte, qui vit en exil au Japon. Il voit dans ce tweet une façon pour Thaksin (et Yingluck) de montrer qu'ils veulent continuer à "occuper un espace politique", depuis leur exil.

Un étonnant soutien est venu de la princesse Ubolratana, la fille ainée du roi Bhumibol Adulyadej. La plus jeune des filles de Thaksin, Paetongtarn Shinawatra, a reposté le tweet de son père sur sa page Instagram sous lequel la princesse Ubolratana a écrit : "Je suis d'accord !!! Su, su" (Su signifie "se battre" en thaï).

Yingluck risquait jusqu'à 10 ans de prison et le bannissement à vie de la vie politique si elle avait été condamné par la cour suprême vendredi dernier. Mais elle ne s'est pas présentée, amenant la cour à reporter son jugement et à émettre un mandat d'arrêt à son encontre.

Thaksin a fui de Thaïlande en 2008 pour échapper à des poursuites qu'il dénonce comme politiques, comme sa soeur, ce qui ne l'empêche pas de rester une figure essentielle de la politique thaïlandaise.

La société thaïlandaise est clivée entre les partisans des Shinawatra, riziculteurs et pauvres pour la plupart, et les élites de la capitale, dont les généraux au pouvoir, qui les exècrent comme de dangereux populistes.

Avec AFP (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 29 août 2017
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Publié le 30 août 2017, mis à jour le 31 août 2017

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