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HIPPISME - Sur les champs de courses thaïlandais, le frisson du pari

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Écrit par Agence France Presse
Publié le 9 février 2017, mis à jour le 12 janvier 2022

Les chevaux entament la dernière ligne droite et les parieurs ne tiennent plus en place. Hors des champs de course, les Thaïlandais ont peu la possibilité de parier légalement, ce qui rend le frisson de la course encore plus grand.

"Je viens chaque semaine. J'aime les chevaux", explique Chumpon Aunaeksri, 66 ans, en regardant les pur-sang au trot sur le gazon d'un hippodrome du centre de Bangkok, noyé au milieu des gratte-ciel de la capitale.

Autour de lui, des milliers d'autres amateurs, principalement des hommes âgés, attendent la prochaine course en grignotant des cacahuètes, sirotant de la bière ou fumant des cigarettes.

L'ambiance est très simple, loin du chic et du glamour de certains hippodromes internationaux : en Thaïlande, tout tourne autour de la course. Et de l'occasion rare dans ce pays bouddhiste de jouer de l'argent.

Ancien jockey, Chumpon a vu sa chance fluctuer au fil des ans : il lui est arrivé de perdre 100.000 bahts, soit plus de 2.600 euros en un dimanche.

Dernièrement, la chance n'est pas de son côté. Mais au moins avec les hippodromes, "tout reste légal ici", dit-il, contrairement aux casinos clandestins et à certains clubs de cartes.

La police ou l'armée, à la tête du pays depuis un coup d'Etat en mai 2014, interviennent régulièrement pour démanteler ces lieux où l'on joue de l'argent sans autorisation. La ligne très stricte des autorités sur les paris est étayée par des croyances religieuses : le jeu serait contraire à la morale bouddhique, commune à 90% de la population thaïlandaise.

Pour autant, si les paris sur les courses hippiques sont autorisés, le jeu n'est pas forcément très équitable : certains formulent ouvertement des soupçons de trucage sur des courses.

"Certains jockeys reçoivent des ordres de la part des propriétaires de chevaux. Ce sont eux qui déterminent tout", assure Namsak Thepnarong, le meilleur jockey du pays. Selon lui, beaucoup de ses pairs sont soumis à la pression des propriétaires.

Déclin des hippodromes

Reste que plus d'un tiers des Thaïlandais parient régulièrement, d'après une étude de 2015 de l'université Chulalongkorn de Bangkok : jeux de dés, combats de coqs illégaux, football, boxe...

Sur les champs de course, les paris sont restés autorisés en raison de la tradition et grâce au patronage royal dont ils bénéficient. Ils sont la seule forme possible de jeux d'argent en dehors de la loterie d'Etat, véritable institution dans le pays.

L'équitation est arrivée en Thaïlande il y a un siècle sous l'impulsion du roi Chulalongkorn, un monarque anglophile qui a su moderniser la Thaïlande et tenir les puissances coloniales à distance de son pays, à l'inverse du destin d'autres pays de la région.

Peu à peu, des champs de course ont été construits en dehors de Bangkok et des écuries se sont développées le long des frontières pauvres et rurales du nord-est de la Thaïlande, où de frêles jeunes hommes ont été recrutés comme jockeys.

Mais avec la montée en puissance du football, les courses hippiques ont de plus en plus de mal à tirer leur épingle du jeu. Les deux hippodromes de Bangkok vendent encore quelque 6.000 billets par jour de courses, ce qui représente autour de 40 millions de bahts (un peu plus d'un million d'euros), mais avant la crise économique de 1997, les montants étaient trois fois plus importants.

Certains croient que l'ouverture de la Thaïlande à la concurrence mondiale pourrait soutenir les courses hippiques, alors qu'aujourd'hui, seuls les chevaux de race thaïlandaise peuvent concourir et le royaume n'héberge aucune course internationale.

Mais la route promet d'être longue car pour l'instant, la lutte antidopage est faible en Thaïlande, les entraîneurs sont libres d'administrer eux-mêmes des médicaments aux chevaux et les tests de dépistage ne se pratiquent que sur ceux qui se classent premier ou deuxième...

Helena Gabrielsson, une Suédoise qui a ouvert en 2011 une écurie avec son mari thaïlandais en 2011 et qui a depuis lors entraîné une série de gagnants, résume la situation sans ambage : "C'est le far-west ici".

vendredi 10 février 2017

AFP
Publié le 9 février 2017, mis à jour le 12 janvier 2022

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