Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

TOMETTE - "It's fine French food"

DSCN2199DSCN2199
Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 12 mars 2013, mis à jour le 27 mars 2013

Des plats sous vide? Réchauffés au micro-ondes? A priori, rien d'extraordinaire. Sauf que Thomas et Etienne, fondateurs de TOMeTTe, offrent des plats français, avec des ingrédients kiwis, sans conservateurs, 100% naturels et provenant des champs néo-zélandais. C'est bon, c'est frais, c'est TOMeTTe.

"On se lance ?" On se lance
L'aventure, celle de Thomas et Etienne, bientôt surnommés à eux deux TOM-eTTe, c'est l'histoire de deux potes qui se rencontrent à un dîner à Auckland, pour se lancer à leur compte quatre ans plus tard.

 "Nous en avions tous les deux assez de changer de pays tous les deux ans. Au  moment où nous avons réussi à partir, à quitter nos postes respectifs, nous avons négocié pour venir en Nouvelle-Zélande parce que le pays nous enchante. Au départ, nous voulions ouvrir un restaurant éphémère."

Deux amis qui veulent créer un bar, pour cocher la case "j'ai eu un bar" et ne pas "saccager nos vies de famille". L'idée mûrit, entoure leurs pensées quotidiennes, pour finalement les imprégner complètement à la fin du mois d'octobre 2011, juste après la Coupe du monde de rugby. L'idée jaillit et éclot "neuf mois plus tard. Nous avons fait le lancement pour "Bastille Day", même si nous n'étions pas totalement prêts. C'était un lancement en douceur. Nous avons démarré au "Food Show" d'Auckland. Nous étions un peu les deux jeunes français en vue qui venaient de commencer, et qu'il fallait suivre de près. La retombée a été plus que positive, puisque nous avons rencontré de nombreux journalistes. Depuis, nous sommes apparus quatre fois dans le New Zealand Herald. TVNZ nous a également consacré un reportage au "breakfast show"."

"Par la suite, l'idée était de commencer à vendre aux entreprises via internet. Dans le même temps, et grâce au "Food Show", les grandes surfaces nous ont approchés pour nous demander quand est-ce qu'elles pouvaient commencer à commander. (?). Nous faisons beaucoup de démonstrations, aimons aller à la rencontre des gens, leur faire partager notre passion et leur faire découvrir nos produits."

Etienne et Thomas reconnaissent que leur aventure aurait pu être bien plus périlleuse: "Nous avons eu la chance, alors que nous sommes dans une économie morose, dans laquelle il existe une appréhension à se lancer, à monter sa boîte, de tous les deux sortir de nos grands groupes et réussirent à se persuader de lancer une affaire en Nouvelle-Zélande. Ce n'était pas gagné. Nous avons réellement une histoire, nous voulons vraiment amener de la cuisine française accessible en disant à nos clients: "vous n'avez plus à payer 30, 50, 60 dollars un plat mais pour 13 ou 14 dollars vous avez la possibilité de manger français. Les Kiwis sont ravis."

"Le frais est quasiment inexistant"
C'est un constat indéniable que dresse Thomas: "Les gens cherchent à manger plus sain. (?) S'ils tendent à moins sortir, les ventes de plats préparés augmentent en temps de crise".

Quelques frayeurs malgré tout ont bien failli gâcher le lancement. "Deux semaines avant le Food Show, auquel nous décidons de produire de manière sensiblement élevée pour vendre nos produits, notre chef se blesse et se brûle en cuisine et reste indisponible pendant plusieurs semaines. Nous nous sommes regardés en nous demandant si nous n'allions pas annuler. Finalement, j'ai passé plusieurs longues journées en cuisine pour rentrer dans les délais", raconte Etienne.

Un autre secret? L'attention qu'ils portent au "feedback" de leurs clients. Thomas confesse que, "au départ, nous avions près de 16 recettes. Nous avons rationalisé nos préparations pour arriver à huit ou dix recettes. A partir de là, nous avons affiné ces recettes aux palais kiwis." Des détails, comme le sel, ou encore la cuisson des haricots verts, forgent bientôt la réputation de TOMeTTe. Le duo scrute, étudie, analyse, propose, concède, se rétracte.

Toutefois, malgré cela, l'image de l'emballage sous vide reste omniprésente, et "l'arme" de cuisson, le micro-ondes, ne bénéficie pas, du moins en France, d'une image méliorative. Thomas assure que la technologie cryovac, "suit les contours des aliments. Cela permet de minimiser l'air en contact avec les aliments et permet lorsque l'on réchauffe le plat au micro-ondes, de le cuire à la vapeur. Une bulle se forme, le film n'est pas percé, et les aliments ne sont pas desséchés et sont réchauffés uniformément."

Le test, remporté haut la main
Bien sûr, l'expertise de l'équipe du petitjournal.com/Auckland s'est développée face à la privation. La France est si loin. Face à la barquette TOMeTTe les langues se délient, seulement pour ne souffler mot, mais plutôt cultiver l'espoir d'une réussite. "Pourvu que ce soit bon", l'on entend. Un manque chronique, et l'espoir d'une atmosphère familière que l'on veut revivre.

Face à cette petite barquette, et après avoir joint ses lèvres aux olives noires entières et l'agneau néo-zélandais enveloppés dans une sauce typiquement provençale, l'on se laisse emporter par ses saveurs authentiques. On se surprend à fermer les yeux, piquer une pointe de purée onctueuse, et revivre la cacophonie orchestrée des devantures de bistrots et des klaxons de chauffards irascibles parisiens. On se réveille, on sursaute, on est en Nouvelle-Zélande mais grâce à TOMeTTe, la France n'est jamais très loin. La rédaction du petitjournal.com/Auckland est conquise, dans un moment de faiblesse, l'élan français nous a emporté, dans une terre si lointaine. Et c'était vraiment très bon. Merci Thomas et Etienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entretien avec les magiciens de la cuisine instantanée, pourvoyeurs d'une tradition bien française.

D'où provient le nom TOMeTTe?

Etienne ? C'est une abréviation d'Etienne et Thomas. Au départ, nous voulions nous appeler "Bon Appétit", "Bistro 1000" et puis nous nous sommes rendus compte que ce n'était pas très "fun" et surtout, pas l'image que nous voulions donner.

Thomas ? Ou Pierre et Jacques, les noms de nos pères. Pour faire vraiment français.

Etienne ? TOMeTTe était le nom de code, pour ouvrir un compte en banque et faire les démarches administratives. Petit à petit, lorsque nous avons commencé à contacter des compagnies au téléphone, elles nous demandaient le nom de notre entreprise. Nous répondions naturellement: "TOMeTTe". Le nom était lâché. Une spécialiste designer de marque nous a lancé au défi en nous disant que c'était vraiment un super nom. Nous étions dubitatifs, puisque c'était juste un nom de code. Elle a travaillé dessus, pour nous dire finalement que TOMeTTe était l'homonyme distant de baguette et tomate. Nous nous sommes dit : "on a vraiment quelque chose".

Vous êtes-vous dits que vous aviez quelque chose avec la moustache aussi ?

Thomas ? C'est notre Graphic Designer qui est venue avec l'idée de la moustache.

Etienne ? C'est dans les statuts, la moustache figure dans le contrat.

Thomas ? Nous avons donc naturellement sponsorisé Movember.

Quand vous êtes-vous rencontrés ?

Thomas ? Je suis arrivé il y a cinq ans, Etienne il y a sept ans. Nous nous sommes rencontrés à un dîner "Auckland Accueil", un mois après mon arrivée.

Avez-vous toujours pensé créer une affaire, vous lancer à votre compte ?

Etienne ? J'ai toujours su que j'allais faire mon pot de départ dans ma propre boîte. Je ne me voyais pas le faire dans une autre entreprise pour quelqu'un d'autre.

Thomas ? J'avais commencé à bosser dans une petite boîte, et cela m'avait particulièrement enchanté. Je souhaitais également intégrer un grand groupe, et voir comment fonctionnaient les sphères du pouvoir. J'ai eu ma dose en dix ans de l'Oréal. Monter une affaire a toujours été mon intention et trouver une île sur laquelle je pouvais m'installer. La Nouvelle-Zélande est une grosse île, mais la vie y est très agréable. Lorsque l'on voit les difficultés pour créer une entreprise en France, nous avons bien fait de nous lancer en Nouvelle-Zélande. L'enregistrement de TOMeTTe nous a pris 15 minutes sur Internet. (?) Il existe une confiance, une entraide. Pour l'instant, nous n'avons jamais été en rivalité avec nos concurrents alors que nous sommes habitués à la compétition et que nous sommes dans le milieu de la grande consommation. Nous connaissons nos compétiteurs, nous nous croisons, et les voyons comme des contributeurs à notre segment.

Etienne ? Nous ne sommes jamais réellement sur le même segment. Nous sommes sur du frais, répondons à des besoins et sommes contents de voir que l'offre s'enrichie.

Thomas ? Les consommateurs recherchent une traçabilité. Nous avons des produits qui sont 100% naturels, les recettes sont celles de nos grands-mères et sont publiées sur Facebook. Nous sommes transparents, nos plats mettent 24h pour la marinade avant de les faire cuire pendant trois à quatre heures, et mettent deux minutes trente au micro-ondes.

Avez-vous des formations de cuisiniers ?

Thomas ? Etienne est chef.

Etienne ? Non.

Thomas ? Mais c'est toi le foodie, le chef.

Etienne ? Oui, mais c'est par défaut.

Thomas- Il est petit-fils de chef, donc il a baigné dedans pendant son enfance.

Etienne ? Mon grand-père était cuisinier, et j'ai toujours appris la cuisine, j'ai toujours eu une propension à aimer la cuisine.

Vous n'avez pas l'air de perdre le fil alors que TOMeTTe se développe rapidement. Comment expliquez-vous cela ?

Thomas - Ayant passés de nombreuses années dans des firmes multinationales, c'est un petit peu l'avantage pour nous. C'est également ce qui fait la différence, par rapport à de plus jeunes entrepreneurs; si nous nous étions lancés à 22,23 ans par exemple, cela aurait sans doute été bien plus périlleux. Nous développons notre affaire en sachant très bien où nous souhaitons aller.

Lorsque l'on visite le site de TOMeTTe, on a l'impression qu'il y a une équipe conséquente derrière la réalisation de votre projet. Pourtant, vous n'êtes que deux. Comment réussissez-vous à gérer tous les paramètres ?

Etienne ? Je pense que notre force, c'est notre complémentarité mais surtout notre versatilité. Tout le monde touche à tout. L'équipe, c'est Thomas et moi-même. Néanmoins, nous venons de recruter Grégoire. L'équipe s'étend, mais ce sont surtout deux types qui font le boulot de cinq personnes.

Thomas ? Notre modèle, notre idée, c'est de saisir l'opportunité des sous-traitances. Nous ne voulons recruter qu'à partir du moment où nous avons une activité pérenne et assez pour offrir un travail à temps plein.

Nous avons par la suite été aidés par "Ice House", incubateur et association à but non lucratif qui assiste les entreprises naissantes, les "startups". Malgré notre parcours "corporate", dans des firmes internationales, le fonctionnement d'une petite entreprise est très différent et nombreux sont ceux qui ne sont pas parvenus à pérenniser leur affaire.

Un livre un jour ?

Thomas - Une journaliste écrit des articles sur TOMeTTe et elle a une idée de livre; elle la présentera à un éditeur. Il nous faut plus de contenu.

Dans quels pays aimeriez-vous vendre TOMeTTe ?

Thomas ? L'Australie semble être le choix naturel; nous avons une demande. Nous pensons qu'en Asie il existe une demande pour des produits authentiques, une identité de marque, et des ingrédients qui viennent d'un pays sain comme la Nouvelle-Zélande. Singapour, Hong-Kong, Japon, Philippines. Hong-Kong paraît le plus accessible, c'est plus ouvert. Singapour, les barrières légales sont difficiles. 

 Retrouvez Thomas et Etienne sur leur site internet et sur Facebook

 

Filip Milo (www.lepetitjournal.com/Auckland) mercredi 13 mars 2013

le petit journal auckland
Publié le 12 mars 2013, mis à jour le 27 mars 2013

Flash infos