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La Nouvelle-Zélande, pays aux vices inexistants ?

La Nouvelle-Zélande, pays aux vices inexistants ?La Nouvelle-Zélande, pays aux vices inexistants ?
Écrit par Lepetitjournal.com Auckland
Publié le 29 mai 2013, mis à jour le 4 juin 2013

Lorsque l'on pense Nouvelle-Zélande, l'on pense  paysages magnifiques, Seigneur des Anneaux, backpackers, style de vie agréable et société condamnant toute violence. La Nouvelle-Zélande, si elle se gargarise de ses nombreuses qualités, néglige quelque peu la réalité du quotidien.

 

Tout comme son proche voisin l'Australie (voir l'article "Après le rêve, la réalité" de notre édition de Melbourne), la Nouvelle-Zélande, si elle peut apparaître comme une terre de promesses, peut également réserver quelques surprises de l'arrivée à l'aéroport aux premiers contacts avec ces Kiwis que l'on décrit si accueillants et gentils. Il n'est pas étonnant que de nombreux Français insistent sur la césure pour finalement vouloir revenir en France. Par obligation ou par choix?

Des facilités évidentes?

Le climat propice de la Nouvelle-Zélande est parfaitement résumé par Jean-Michel Hauter, fondateur de Domaines NZ: " La Nouvelle-Zélande, surtout pour les jeunes, est le pays parfait pour entreprendre. Tu créés ta société en une journée, on ne te demande pas d'avoir un capital social. C'est toi et tes économies. Il y a un marché, certes petit, mais réel. Tous les clignotants sont au vert, c'est un pays prospère, l'économie va bien, c'est facile de faire des affaires, c'est un pays qui évolue de manière exponentielle." Les opportunités, si elles ne manquent pas, sont toutefois à saisir, non à laisser passer. Nombreux sont ceux qui ont voulu "révolutionner la Nouvelle-Zélande" comme le prévient Jean-Christophe Poizat, avant d'expliquer : " Il faut faire les choses correctement, presque faire une étude de marché. (?) Beaucoup ont la mauvaise attitude en fait. Ils arrivent et ont les épaules et la tête gonflés, puis disent: "mais pourquoi ils (les Néo-Zélandais) font comme ça ?".

Pour Sébastien Michel, fondateur de Frogs in Nz, lorsqu'on lui demande ce qu'il pense des Néo-Zélandais, il n'hésite pas: "Ils sont ouverts, gentils, parfois à la limite du naïf pour nous, Européens, mais avec eux, tout est possible. C'est ce que j'ai adoré et c'est pour cela que j'ai pu faire ce que j'ai fait ici. Pour les affaires, c'est le bonheur. Je n'avais aucune expérience dans la vente et pourtant, nous avons réussi à financer notre premier livre seulement grâce à la pub. On leur disait : "Nous n'avons encore rien à vous montrer, mais nous souhaitons faire un livre sur la Nouvelle-Zélande en français." Et ils nous répondaient : "Ah ok c'est cool, on signe où ?" Il y a ce côté : "tu as l'air de vraiment vouloir faire ce que tu dis." Pour moi, c'était inouï. Et puis, les Néo-Zélandais sont adorables."

Cette atmosphère conviviale et sans prétention est une réalité en Nouvelle-Zélande mais masque les relatives difficultés pouvant apparaître. 

Qui contrastent avec le prix de l'immobilier et la difficulté de trouver un travail

Trouver un travail : est-ce facile? "Non!" répond Candide, expatriée à Auckland. "Malgré les idées reçues et la meilleure santé économique du pays, trouver un travail demeure une tâche ardue. D'abord en tant qu'étranger, il faut arriver à cerner rapidement le paysage industriel et commercial mais également à se familiariser avec les spécificités locales : en particulier CV et lettre de motivation. De plus, il ne faut pas hésiter à se manifester auprès des professionnels de son secteur. Ici le networking occupe une place très importante dans la recherche d'un emploi...il est dit que 80% des offres d'emplois ne sont pas publiées mais trouvent preneur par le bouche à oreilles. Enfin, j'ajouterai qu'en tant qu'étranger et notamment non natif anglophone il faut convaincre les employeurs de ses compétences et de sa volonté de s'établir à plus ou moins long terme."

D'autre part, certains seront déçus des revenus minimums concernant certains emplois. Katie, une expatriée irlandaise insiste: "J'ai vécu deux ans en Australie et je suis en train de me dire, après  quatre mois en Nouvelle-Zélande, que je suis dans le mauvais pays. Ici, je suis serveuse et je touche 14 dollars néo-zélandais de l'heure, alors qu'en Australie j'étais à 22 dollars australiens, pour le même travail. Bien sûr, l'Australie est plus chère, mais en comparant les salaires aux autres coûts, c'est mieux que la Nouvelle-Zélande."

Retrouvez ici notre article sur l'élaboration d'un CV pour la Nouvelle-Zélande.

Que l'on veuille s'installer indéfiniment en Nouvelle-Zélande ou si l'on est seulement muni d'un VVT, on est malheureusementsurpris des prix de l'immobilier (retrouvez notre entretien avec Jean-Michel Hauter, fondateur de l'agence immobilière Domaines NZ). Les multiples factures exaspèrent le nouvel expatrié français. Après une recherche assidue sur Trade Me pour des "flatmates", l'on s'installe, et l'on découvre un défilé de charges en plus, non  inclues dans le prix souvent excessif de la chambre, ou du logement. Se succèdent l'électricité, qui décuple pendant l'hiver alors que la majorité des maisons néo-zélandaises n'ont pas de chauffage, l'eau, ou pire comble de l'ironie, le dépassement du forfait Internet.

Sortir, un plaisir simple devenu rare

Si certains détails paraissent amusants au demeurant, leur répétition peut devenir problématique, voire agaçante. Si chaque Français tente d'outrepasser ses envies de charcuteries, fromages et autres baguettes, la nourriture ne constitue pas un détail insurmontable. De fait, la Nouvelle-Zélande a énormément progressé en matière culinaire, certains chefs très talentueux ont su modeler les palais des Kiwis et leur faire partager le goût des bons produits. L'apparition de festivals comme le "Taste of Auckland" ou encore le "Seefood Festival" prouve que la Nouvelle-Zélande est loin de stagner dans ce domaine. Un repas chez Merediths, sous la houlette du chef Michael Meredith, vous persuadera. 

Malgré tout, si de nombreux restaurants et bars atypiques et séduisants ont vu le jour ces dernières années, s'offrir cette expérience a toutefois un prix non négligeable. Tout a un coût en Nouvelle-Zélande. Des virées touristiques à Hobbiton (plus de deux cents dollars) jusqu'à la bière du dimanche, on se prend rapidement à chercher chaque "meilleur plan", au risque de surpayer son expérience. Une soirée dans un bar/restaurant, si elle s'échelonne sur plusieurs heures, risque de friser les cents dollars, sans compter le prix du taxi, alors que celui-ci constitue la plupart du temps le dernier recours tard dans la nuit. Dans ce même bar, les Néo-Zélandais, accueillants, apparaissent distants. Suspectant des avances sur leur entourage féminin, le corps masculin peut être catégorique et sec. Pire, un individu s'immisçant dans le groupe constitué aux fins, ou non, de lutiner, ne sera pas vu d'un bon ?il, et le temps de lâcher quelques phrases dans la langue de Shakespeare, que les Kiwis auront fini de juger leur interlocuteur. L'alcool reste une problématique majeure pour les Néo-Zélandais, et révèle leurs travers les plus flagrants : tantôt distants, tantôt vulgaires, les malentendus peuvent être nombreux. "L'entrain" des Français est souvent confronté à cette mentalité particulière, et s'ils ne sont pas rappelés à l'ordre, ils réalisent bien vite par eux-mêmes que certaines attitudes sont classées comme inacceptables, bizarres, ou choquantes; même si les Kiwis restent plus tolérants à ce niveau que les Australiens.

Internet, les transports en commun, des "détails" inattendus

Se déplacer sans voiture devient une épreuve rapidement pénible. Si Wellington dispose d'un réseau de bus performant et pratique, et que Dunedin reste une ville à taille humaine, Auckland souffre réellement de son transport en commun d'un autre siècle. L'artère qu'est Britomart n'a pas réellement de concurrent, et tout passe par cette station: trains et bus. Pour peu que l'on n'habite pas dans le centre-ville, l'on peine à accéder à un autre quartier. La ligne joignant le centre aux quartiers ou les quartiers au centre contraste avec l'impossibilité de se déplacer de quartiers en quartiers; ou alors il faut trouver le bon bus, ou la bonne station, souvent sensiblement éloignés. Initialement, Auckland ne devait pas se constituer en ville, et si la Mairie a entamé des travaux et prévu des améliorations dans les correspondances, il faudra encore attendre pour voir la ville se doter d'un système de transport en commun performant, accessible, et utilisé par ses habitants. Car c'est comme si Auckland n'avait des bus et des trains que parce qu'elle devait en avoir, et non pas parce qu'elle en a réellement besoin. Avec l'arrivée de nombreux migrants asiatiques, alors que la plupart sont des étudiants, les transports en commun ne sont plus seulement une composante urbaine obligatoire, mais un enjeu économique. Candide, une expatriée française, déplore ainsi l'état du réseau: "A Auckland, le réseau ne me semble pas assez développé, notamment ferré. Quant à la fréquence et aux horaires des bus, grosse déception...en dehors des heures de pointe et sans compter les retards on peut espérer un bus toutes les demi-heures...et les choses se corsent après 18h ! Enfin, les tarifs me semblent trop élevés pour défier la concurrence automobile...les abonnements hebdomadaires/mensuels sont chers et le zonage du réseau fait très vite monter la note."

Alors que la Nouvelle-Zélande revendique sans cesse son attachement à l'environnement, et au respect de ses terres. Combien de ménages n'ont pas au moins une voiture ?

Tout comme l'accès à Internet. La Nouvelle-Zélande est sérieusement désavantagée par rapport aux autres pays riches, par la limitation de son Internet et sa lenteur. Détail auquel l'on ne pense pas nécessairement, mais qui peut ruiner un "conference call" ou une réunion via Skype. Orcon, fournisseur Internet, propose aujourd'hui un forfait illimité à 99 dollars néo-zélandais par mois, mais le conditionne: "Additional factors may affect your speed on an Unlimited Data Plan". En d'autres termes, l'on ne peut être certain de cette offre. D'autres comme Vodafone et Telecom proposent des forfaits téléphone et Internet combinés, ce qui est séduisant, alors que les problèmes techniques restent une réalité quotidienne.

Le rêve Néo-Zélandais ébranlé

Si Sharron Orpwood sur Stuff considère qu'il est devenu impossible pour elle d'avoir la vie de ses rêves en Nouvelle-Zélande, Jonathan Bird, lui, maintient que le pays est exceptionnel, en comparaison avec son Angleterre natale. Il appuie même son argumentaire en dressant une liste des plus belles qualités et traits de ce pays qui l'a adopté.

Toutefois, certains expatriés regrettent que plusieurs aspects de leur vie en communauté attisent encore les mêmes remarques incessantes, comme l'affirme cette lectrice Sud-Africaine, dont l'accent est toujours disséqué, même si elle vit en Nouvelle-Zélande depuis neuf ans. Ils savent que l'image qu'ils donnent au jour le jour peut soit condamner le pays tout entier, soit le faire évoluer. Car la Nouvelle-Zélande tire sa force de l'image qu'elle donne à l'extérieur. Les Kiwis, lorsqu'ils voyagent, sont de véritables ambassadeurs, et l'ont bien compris. Ces Kiwis-là sont parfois extrêmement critiques vis-à-vis de leur pays, à l'image des lecteurs de Stuff, qui ont apporté leur témoignage. Ils sont nombreux à reconnaître que les villes ne sont pas des centres d'activités extravagants, même si elles ont toutes leurs particularités et évoluent constamment.

Filip Milo (www.lepetitjournal.com/Auckland) mercredi 29 mai 2013

Retrouvez ici notre article sur le Visa Vacances Travail en Nouvelle-Zélande.

Le site de l'Ambassade de France en Nouvelle-Zélande.

"Se rendre en Nouvelle-Zélande" par l'Ambassade de Nouvelle-Zélande en France.

 

le petit journal auckland
Publié le 29 mai 2013, mis à jour le 4 juin 2013

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