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Marina Rafenberg : "Un correspondant se spécialise sur son pays"

Marina Rafenberg le mondeMarina Rafenberg le monde
Camilo Jimenez
Écrit par Noé Kolanek
Publié le 24 février 2021, mis à jour le 24 février 2021

Marina Rafenberg a fait sa plume dans l’Hexagone pendant ses études avant d’essayer d’en vivre à l’étranger dès la fin de son cursus. De nombreux correspondants se sont laissés pousser des ailes sans se rendre compte de toutes les plumes qu’ils pouvaient perdre en relevant un tel défi.

Cette histoire est loin d’être celle de Marina Rafenberg puisqu’elle a réussi quant à elle son pari. Avant de partir, la jeune femme a étudié au peigne fin l’environnement dans lequel elle souhaitait travailler avant de s’y installer.  Elle est aujourd'hui correspondante pour le journal Le Monde et pigiste régulière à l’Agence France Presse. Cependant il ne faut pas se méprendre, le métier de journaliste correspondant reste un véritable choix de vie.

Pourquoi avez-vous choisi d’être journaliste correspondante en Grèce et pas ailleurs ?

J’ai des liens forts avec la Grèce puisque ma mère est d’origine grecque. J’ai appris la langue très jeune, et j’ai toujours passé mes vacances d’été dans la maison familiale dans le Péloponnèse. Lors de mes études à l’IEP de Lille en 4ème année, j’avais choisi de rédiger un mémoire sur la « médiatisation et la gestion de la crise à la grecque ». Je voulais que mon sujet de mémoire soit en lien avec la Grèce, mais aussi avec le journalisme puisque je voulais faire ce métier depuis très longtemps. Ce mémoire m’a conforté dans mon choix et après Sciences Po Lille, j’ai intégré à Paris une école de journalisme, l’IPJ (Institut Pratique du Journalisme).

 

L’intérêt des rédactions françaises était très fort pour la Grèce

 

Ce sujet de mémoire vous a-t-il aidé à faire vos premiers pas en Grèce ?

J’étais passionnée par mon sujet de mémoire, car à ce moment-là en 2011, la crise avait éclaté et la Grèce était au centre de l’intérêt médiatique, souvent dépeinte avec des traits caricaturaux. J’avais envie de rétablir aussi à ce moment une certaine vérité sur mon pays d’origine. Quand j’ai fait mon terrain à Athènes pour mon mémoire, j'ai rencontré beaucoup de personnes au ministère de l’Economie par exemple ou au bureau AFP d’Athènes. Ce sont des contacts que j’ai gardés ensuite et qui m’ont été précieux. J’ai d’ailleurs fait un stage en 2011 au bureau AFP d’Athènes qui m’a aidé à développer mon réseau avant même de m’installer quelques années plus tard dans la capitale grecque fin 2014. Par la suite, tout s’est très vite enchaîné.... Avec l’élection d’Alexis Tsipras en 2015, qui promettait de mettre fin aux plans d’austérité, qui avaient été mis en place depuis 2010 en Grèce, l’intérêt des rédactions françaises était très fort et j’ai eu tout de suite beaucoup de travail. L’année 2015 a été très intense avec ensuite,  dès l’été, la crise migratoire qui a éclaté.

Crise Grèce 2008 journaliste le monde
Photo : N.Y.T

Les évènements ont fait que vous êtes devenue la correspondante en Grèce du journal le Monde. Comment cela se passe au quotidien ? 

Quand tu es en Grèce ou dans un autre pays étranger, tu fais beaucoup de terrain. Tu vas à la rencontre des gens. Tu apprends à décrypter sous toutes ses coutures le pays. Quand une grosse actualité éclate, tu es le premier sur le terrain. Tu es portée par une certaine adrénaline et l’envie de raconter au monde ce qu’il se passe sur place. Un correspondant se spécialise en quelque sorte sur son pays, qu'il doit apprendre à connaître et à comprendre.

Devenir correspondante représente encore plus un choix de vie

Est-ce qu’être correspondante pour le Monde en Grèce, vous offre un meilleur statut ?

Ce n’est pas toujours évident à gérer car tu es pigiste (contrat à la journée ou à la commande d’article). Ton salaire peut être fluctuant en fonction de l’actualité. Tu dois aussi tout le temps démarcher les rédactions pour lesquelles tu travailles, leur proposer des sujets intéressants et variés… Tu ne peux donc jamais vraiment décrocher de l’actualité. Tu dois être tout le temps disponible surtout en cas de grosse actualité qui t’emmène, par exemple, du jour au lendemain, sur le terrain pour couvrir un incendie meurtrier. Pour moi, devenir correspondante représente encore plus un choix de vie délicat à faire par rapport à celui d’exercer le métier de journaliste. Pour autant ce qui est sûr, c’est que je ne regrette pas le mien.

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