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Grèce : la reprise économique, c’est maintenant ?

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Écrit par Adrien Filoche
Publié le 15 mars 2018, mis à jour le 16 mars 2018

La Grèce a renoué en 2017 avec la croissance, portée par l’innovation et l’export. Après sept années de mise sous perfusion, le pays devrait retrouver son autonomie financière au courant de l’année. Mais avec une dette publique toujours supérieure à 180 % de son PIB, le pays est loin d’être sorti du marasme économique.  

Enfin le bout du tunnel ? Certes, il y a encore du chemin, mais la Grèce n’a jamais été aussi proche d’entrevoir la lumière. Écroulé et plombé par les dettes depuis 2010, le pays se relève doucement, en renouant en 2017 avec une vraie croissance positive. Selon une première estimation de l’Autorité grecque des statistiques (Elstat) le PIB a progressé de 1,4 % sur l’année. Toujours en-dessous de la moyenne européenne (2,5 %), la croissance grecque poursuit tout de même sur une dynamique positive. "Le PIB s'est élevé à 187,1 milliards d'euros en 2017 contre 184,6 milliards en 2016", a indiqué l'Elstat. 

 

Les raisons de la reprise 

‘’Les causes profondes de ce retour à la croissance sont liées à un environnement favorable, car la zone euro connaît sa plus forte croissance depuis 2007’’, analyse l’économiste Frédérique Cerisier (Le Monde). Parmi les principaux moteurs de l’économie grecque, les exportations des produits et services ont progressé de 13,2 % l’an dernier, rapportant 28 milliards d’euros. Miser sur l’export, voilà la stratégie de nombreuses entreprises grecques. Opérant dans 65 pays, Metron Energy Applications a profité d’une augmentation de 221 % de ses exportations entre 2008 et 2017. Enfin sortie d’un cercle vicieux infernal, la Grèce jouit aussi d’un regain de confiance des investisseurs. Entre 2015 et 2016, les flux d’IDE (investissements directs à l’étranger) dans le pays ont quasiment triplé (3,13 milliards de dollars contre 1,14 milliards).  

Attractif et en excellente santé, le secteur de l’innovation a le vent en poupe et tire la Grèce vers le haut. Le Premier ministre Alexis Tsipras a affirmé que ‘’le soutien à la recherche et à l’innovation joue un rôle déterminant dans la restructuration de la production’’. Dans ce domaine, le pays peut compter sur Pyrforos, un prototype de voiture électrique, véritable icône de la high-tech grecque. Cette création issue du laboratoire de l'Ecole Polytechnique d’Athènes a déjà attiré l’attention du mastodonte américain Tesla. Le géant de l’électrique a annoncé la création d'un centre de recherche et de développement de ses moteurs au Centre de recherche national Demokritos, à quelques kilomètres d'Athènes. Le capital initial de l'investissement sera d'environ 750.000 euros. "Tesla va embaucher une quarantaine d'ingénieurs grecs travaillant actuellement à l'étranger’’, a indiqué à l'AFP George Nounesis, directeur de Demokritos. Une bonne nouvelle pour un pays ayant subi de plein fouet une catastrophique ‘’fuite des cerveaux’’. Depuis 2010, environ 500.000 personnes, surtout de jeunes diplômés âgés de 20 à 40 ans, ont quitté le pays. 

 

Des indicateurs encore dans le rouge

Après une crise d’une telle ampleur, chaque dynamique est perçue comme une victoire. Pour autant, en tirer parti pour occulter tous les maux qui frappent encore avec force la société grecque semble bien dangereux. Bien qu’en baisse, le chômage reste toujours au-dessus de la barre des 20 %, deux fois plus élevé qu’en France. Tous les indicateurs sont encore loin d’être au vert. Si le tourisme est comme à son habitude en excellente forme, avec plus de 30 millions de visiteurs en 2017, le marché de l'immobilier, peine pour sa part à reprendre des couleurs. D’autre part, "des retards demeurent dans les secteurs agricole et manufacturier, qui doivent devenir plus compétitifs et poursuivre les réformes", souligne Panayiotis Petrakis, professeur d'Economie à l'Université d'Athènes.

Autre frein à la reprise grecque, le fardeau que constitue sa dette. En juillet 2017, Athènes a sorti son chéquier pour rembourser 7 milliards d’euros, dont 4 milliards destinés à la Banque Centrale Européenne. Compliqué d’accompagner la reprise avec de telles dépenses et une politique d’austérité imposée. Cible de toute les attentions, l’assommante dette publique grecque est toujours supérieure à 180 % de son PIB. Le défi du pays, estime Panayiotis Petrakis, est désormais "la stabilisation", non seulement à l'intérieur, "mais aussi à l'extérieur, compte-tenu de sa position géopolitique sensible", entre l’Europe, la Turquie et le Moyen Orient.
 

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Publié le 15 mars 2018, mis à jour le 16 mars 2018

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