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Darrin Zammit-Lupi : « Je voulais rendre hommage à ma fille »

DARRIN-ZAMMIT-LUPI-gagnant du prix world picture AthensDARRIN-ZAMMIT-LUPI-gagnant du prix world picture Athens
D.R
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 23 juin 2021, mis à jour le 24 juin 2021

Vainqueur du trophée YPIBA du concours Athens Photo World avec une photo de sa fille souffrant d’une forme rare de cancer des os, le Maltais s’est livré pour nous, à propos de sa victoire et de la maladie de Rebecca.

 

Vous êtes maltais et photojournaliste, pouvez-vous nous raconter votre histoire ? Pour que nos lecteurs en sachent un peu plus sur vous.

Oui, je suis née à Malte en 1968. J’ai commencé ma carrière pour le Malta Independent en 1992. Je travaille depuis 1997 pour Reuters, mais j’ai aussi collaboré avec le Times of Malta pendant plus de 20 ans.

J’ai remporté au fil des années plusieurs prix de photojournalisme, que ce soit à Malte ou encore au Royaume-Uni. J’ai pu couvrir plusieurs événements de ces dernières années comme le tsunami en Asie en 2004, la guerre au Kosovo et en Libye, l’accident du Costa Concordia, etc.

 

Pourquoi avez-vous décidé de participer à l’Athens World Photo ?

Pour des raisons éminemment personnelles, comme vous le savez ma fille Rebecca est décédée d’un cancer en 2020, et elle a toujours adoré que je lui raconte des histoires. On en inventé même ensemble pour passer le temps lorsqu’elle était à l’hôpital. Puis finalement, une image, qu’est-ce que ça raconte ? Et bien on raconte une histoire avec elle. C’est pour cela que j’ai décidé de participer à ce concours, pour continuer à raconter une histoire. Mais une histoire sur ma fille cette fois-ci.

 

Vous avez gagné avec une photo, qui représente Rebecca à l’hôpital, juste avant qu’elle ne décède de son cancer, pour quelles raisons avoir choisi d’exposer une telle intimité ?

Je suis photojournaliste, j’ai documenté toute sa vie depuis sa naissance. Le plus dur a été d’illustrer sa maladie et sa mort. Les chimiothérapies entre autres. Je voulais aussi partager avec le monde entier mon immense fierté à l’égard de Rebecca. Je n’ai nullement participé à ce concours pour le gagner. C’était seulement pour communiquer l’histoire qu’a vécue ma fille. Ses joies, ses souffrances. Son combat contre la maladie…

 

prix de la photo d'athenes
Darrin Zammit-Lupi

 

En quelque sorte, c’est un hommage que vous lui rendez ?

Exactement. En plus, ma fille voulait marcher dans mes pas et devenir photographe, donc, le fait de lui rendre un hommage à travers une photo, c’était le Graal.

 

On peut voir Rebecca sourire sur votre photo, dans quelle circonstance l’avez-vous prise ?

Je n’ai plus le moment exact en mémoire. Je l’ai photographiée durant toute sa vie, je ne me souviens pas vraiment des circonstances de celle-ci. Tout ce que je sais, c’est que Rebecca était une petite fille toujours très souriante et enjouée.

 

Qu’avez-vous ressenti lors de votre victoire ?

C'était une surprise. Comme je vous l’ai dit, je n’ai pas participé à ce concours pour gagner, donc quand j’ai appris que j’avais remporté le trophée, j’étais bien sûr ému, mais extrêmement surpris. Ça m’a fait aussi ressortir tous les souvenirs que j’ai avec Reb. Les bons comme les mauvais.

 

Quel impact cette victoire peut-elle avoir sur votre carrière ?

C’est tout frais, tout récent, donc pour l’instant rien n’a vraiment changé. J’espère qu’avoir gagné ce concours pourra m’ouvrir plus de portes à l’avenir, et encore plus de reconnaissance vis à vis de mon travail.

 

Quels seront vos projets futurs ?

Avec le covid-19, je n’ai pas vraiment pu travailler correctement depuis plus d’un an. Là, j’attends ma deuxième dose de vaccins pour commencer un nouveau projet. Je vais passer l’été sur un bateau qui prête secours aux migrants en mer Méditerranée. 

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