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LEGISLATIVES FRANCAIS DE L'ETRANGER - Hélène Panoussis - Candidate France Insoumise pour la 8ème circonscription

Écrit par Lepetitjournal Athènes
Publié le 29 mai 2017, mis à jour le 30 mai 2017

 Hélène Panoussis est candidate pour la France Insoumise, mouvement politique de Jean-Luc Mélenchon. Très critique envers La République en marche, elle se pose en alternative à la politique d'Emmanuel Macron.

Pouvez-vous nous résumer votre parcours, et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?

Que l'on le veuille ou non, que nous votions ou nous abstenions, nous sommes tous des citoyens pris dans la politique. Comme architecte-urbaniste, j'ai travaillé vingt ans à défendre une architecture qui fasse du temps un allié, qui se patine, une question entre autres de matériaux, et non qui soit vouée à la ruine. Militer comme je le fais depuis 2010 contre les dettes publiques illégitimes, le pillage des biens communs et les politiques extractivistes, au sein du Comité pour l'abolition des dettes illégitimes de France, dans le cadre de la Commission sur la vérité pour la dette grecque ou dans des actions solidaires quotidiennes pour les réfugiés, c'est aussi être en politique ! J'ai l'impression d'avoir toujours été en politique, même si c'est la première fois que je me porte candidate à une élection.

Je le fais parce qu'il y a la perspective de participer à un mouvement militant national, celui de la France Insoumise. Je suis candidate non pour moi-même, mais pour cette force politique-là, humaniste, la seule très clairement mobilisée par l'urgence écologique et climatique. Nous avons reçu dans notre circonscription 11,17% des votes, 3192 voix, surtout de Turquie, de Grèce et d'Italie. Et je le fais dans la continuité d'une campagne présidentielle à laquelle j'ai pris ma part aux côtés des groupes d'appui à Athènes, Thessalonique, Istanbul, Rome, Milan, Nicosie, Tel Aviv. Ce sont ces groupes d'appui qui m'ont désignée.

Etre députée de la 8è circonscription, qu'est-ce que cela représente pour vous? Quels sont vos liens avec cette circonscription ?

Nous sommes 121 400 électeurs. 74 221 sont en Israël, 31 870 en Italie, 7 562 en Grèce,  6 143 en Turquie, 976  à Chypre et 628 à Malte. Franco-grecque, je travaille avec Antoine Dolcerroca, mon suppléant professeur de sociologie à Istanbul, qui a étudié et enseigné dix ans à l'étranger, en Allemagne, à New York, à Istanbul. Nous sommes donc au fait des problématiques des Français de l'étranger.

Ce qui me fonde comme candidate à la députation dans cette 8è circonscription, c'est le discours de Marseille. Un discours de la paix. Les Français de Turquie, de Chypre et d'Israël savent le prix de celle-ci. Les Français de Grèce et les Grecs aussi, qui dénoncent continuellement la violation des eaux territoriales par l'aviation ou la marine turque dans l'indifférence générale de l'Union européenne ou celle de l'Otan. Je serais fière en tant que députée d'appartenir à un groupe parlementaire conscient des enjeux géopolitiques, favorable à un retour à l'indépendance de la politique internationale de la France, et à sa tradition de médiatrice. Fière aussi d'appartenir à un groupe philhellène, soucieux des pays d'Europe du Sud, porteur de projets de coopération avec les pays du bassin méditerranéen, prêt à défendre Chypre, attaché à ne pas jeter de l'huile sur le feu des déchirures internes à Israël.

Quelles sont vos 3 priorités parmi les problématiques concernant les Français vivant à l'étranger ?

D'abord, remailler nos territoires de services consulaires décents, tant les coupes budgétaires les ont réduit à peau de chagrin et en finir avec le statut de semi-privatisation des établissements scolaires des français de l'étranger, un statut en contradiction avec le principe de l'école publique et gratuite qui nuit à la qualité du système éducatif de l'étranger. Pour les services consulaires, il faut attribuer de nouveaux mandats, aider les consuls honoraires à disposer d'un bureau et d'un secrétaire, fut-ce à temps partiel. Les Français de la circonscription doivent pouvoir trouver un interlocuteur consulaire près de chez eux. Autant de bureaux de vote que possible et des consuls honoraires de nationalité française habilités à recevoir des procurations afin d'en finir avec ces près de 80% d'abstention, dont notre circonscription est coutumière. En seconde priorité, favoriser via les instituts culturels des échanges entre artistes et intellectuels entre les pays de la circonscription et entre ceux-ci et la France. Y soutenir les initiatives solidaires et autogérées dans ce domaine, étant donné que les pays de la circonscription ont en commun la quasi disparition des réseaux publics culturels sans parler des subventions pour cause d'austérité. Troisième priorité, la nationalisation de la Caisse des Français de l'Étranger, pour réduire les cotisations et pour procurer à chaque Français de l'étranger une protection sociale abordable.

« Rien d'autre qu'un recyclage de politiciens qui ont rejoint le train en marche »

Quel bilan portez-vous sur l'action du député sortant? Sur quels plans auriez-vous agi différemment ?

Meyer Habib est un des plus mal élus lors de l'élection partielle en 2013 avec 90% d'abstention. Je salue néanmoins le fait qu'il ait réussi en cinq ans à obtenir la dématérialisation des certificats de vie, pour janvier 2018. Mais son silence concernant l'accord ignominieux entre la Turquie et l'Union Européenne relatif aux réfugiés me consterne, alors que les pays de notre circonscription sont concernés de très près. Pour ma part, au lieu de tout axer sur la lutte anti-terroriste si en vogue mais qui a ses professionnels, Alain Bauer a déclaré que le programme de la France Insoumise était le plus performant dans ce domaine, on ne peut pas taxer cet ancien conseiller sécurité de Sarkozy et pilier du rocardisme de partialité mélenchonniste, j'aurais lutté pour que les réfugiés soient accueillis conformément aux promesses de la France, j'aurais agi pour les précaires et chômeurs de la circonscription frappés de plein fouet par la crise, via une cellule d'urgence disposant d'antennes d'alerte pour chaque pays, de même pour les retraités et leurs droits. Par exemple, Antoine Dolcerocca et moi-même avons pour principe de pratique politique de relayer les initiatives existantes, nombreuses, issues de l'intelligence collective des citoyens, notamment en mettant à disposition des moyens logistiques.

Quelle est votre réaction à l'élection d'Emmanuel Macron ? Si vous êtes élue, allez-vous soutenir son travail ou être dans l'opposition ?

Mais comment savez-vous que nous n'aurions d'autres choix que l'opposition ou le soutien ? C'est incroyable ! Emmanuel Macron a gagné le premier tour avec des voix dont la plupart était déjà dans du vote utile, et le second avec des électeurs le pistolet FN sur la tempe. On essaie de nous faire croire que ce nouveau président aurait une majorité parlementaire quoiqu'il arrive. Ne parlons pas des candidats République en Marche aux législatives, signant dès le départ le renoncement à leur députation puisque le projet est de les faire se dessaisir immédiatement de leur mandat au profit d'un gouvernement qui légifèrerait par ordonnances. Les avantages parlementaires sans les heures de travail. Drôle de société civile. À la France Insoumise, nous voyons ces législatives comme une conquête afin de créer une vraie force alternative dans l'hémicycle.

Nous, forces de la France Insoumise, nous controns cette OPA sur notre démocratie vendue par un grossier marketing que relaient nos médias, médias dont la place est au 45è rang pour la liberté de la presse, je le rappelle aux électeurs qui, bien légitimement, se sentent matraqués. Cette recomposition du paysage politique, bien "markétée", n'est rien d'autre qu'un recyclage de politiciens qui ont rejoint le train en marche. Le gouvernement d'Emmanuel Macron est une sorte de potée politique à la française : trois MoDem, deux LR, quatre PS, deux du Parti radical de gauche, histoire de pêcher des voix de tous les côtés. Avec Bayrou, Collomb, Le Maire, Le Drian, le député socialiste Castanet, Hulot l'éternel alibi à l'écologie, par exemple, l'on repeint à neuf de vieux rouages. Gageons après les législatives que le groupe socialiste, entre soutien ou opposition, ne ratera pas lui non plus le train en marche. Quid du parti communiste qui a choisi de faire cavalier seul quand certaines de ses figures et militants plus conscients du danger s'en tiennent à soutenir la France Insoumise, comme à Marseille pour Jean-Luc Mélenchon ? Ce recyclage se fait depuis la mise en scène pharaonique du Louvre, émaillée de rituels familiaux qui fleurent bon la royauté d'opérette. Tout ça pour faire diversion pendant la préparation du démantèlement de nos droits les plus élémentaires et de nos services publics déjà en piteux état, entre 125 000 et 300 000 fonctionnaires supprimés, 50 milliards au budget de l'état soit l'équivalent du budget de l'éducation, la marche sera forcée.

Face à tableau peu rassurant nous avons dix-sept candidats dans la 8è circonscription des Français de l'étranger, on se demande pourquoi et sur quels programmes. On voterait pour un député qui s'occupe de nos affaires de près ? Notre député personnel ? Chaque député a de fait droit à des assistants parlementaires qui sont là, normalement, quand ils ne sont pas détournés à des fins personnelles, pour gérer les requêtes des citoyens, mais le député reste un représentant de la nation. J'invite vos lecteurs à lire le programme de la France Insoumise, "L'Avenir en Commun", accessible sur internet et ses quarante livrets thématiques, qui donnent autrement plus envie de faire de la politique, que ces projets de démantèlement de l'état dans le cadre d'une Union européenne, plus que jamais atteinte d'autisme ultra-libéral.

En soutenant ma candidature aux législatives, les électeurs de ma circonscription exprimeraient un souhait profond d'une politique à échelle humaine, avec une vraie cohérence économique, écologique et sociale. La France Insoumise ne se positionne pas hors-système mais offre la perspective de créer un nouveau système adapté à notre société où le citoyen peut reprendre sa place d'acteur de la société civile. "Que viennent les jours heureux" est notre devise, j'y ajoute "même à l'étranger ! "

C.B.

(www.lepetitjournal.com/Athenes) mardi 30 mai 2017

lepetitjournal.com Athènes
Publié le 29 mai 2017, mis à jour le 30 mai 2017

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