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Georges Diener directeur de l’Institut français depuis 2018, un parcours, des actions

Varsovie Conseiller culturel Georges DienerVarsovie Conseiller culturel Georges Diener
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 7 février 2022, mis à jour le 21 mars 2022

Georges Diener, conseiller de coopération et d’action culturelle, à la direction de l’Institut français (établissement public chargé de l’action culturelle à l’international sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et du ministère de la Culture), nous a accordé une série d’entretiens. Historien de formation, son parcours dans la diplomatie culturelle a débuté en Hongrie à la toute fin des années 80, ces fameuses années charnières qui ont vu s’effondrer le bloc de l’Est. Dans ce premier volet, faisons plus amplement connaissance avec un homme de terrain et de conviction, arrivé en Pologne en 2018, dont l’action s’étend de la capitale, Varsovie, aux régions, incluant autorités, associations, sans oublier la société civile.

 

Lepetitjournal.com/Varsovie : Tout d'abord, pouvez-vous retracer pour les lecteurs, votre parcours extrêmement riche et étroitement lié à l’Histoire de ces 30 dernières années ?  

Georges Diener : Je suis historien de formation et ai commencé mon expatriation tout jeune en Hongrie. J’ai obtenu une bourse du gouvernement français pour faire des recherches sur un sujet d’histoire culturelle franco-hongrois, et c’est comme ça que mon histoire avec la diplomatie culturelle a commencé.

Ensuite Bernard Kouchner, m’a invité à fonder le bureau de Médecin du monde en Hongrie. C’était au moment des grands bouleversements dans les pays d’Europe centrale et orientale avec la chute du mur de Berlin, et c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai accepté cette mission. Un an après, en 1990, le ministère des Affaires étrangères m’a proposé de fonder un centre culturel français en Roumanie. J’y suis resté 6 ans comme directeur du centre culturel français de Lasi, où j’ai « grandi » avec un pays en refondation.

Après cette expérience unique et très riche, j’ai occupé le poste d’attaché culturel et de directeur du centre culturel français en Russie. Cette période m’a notamment permis de monter la saison russe au Festival d’Avignon, avec son directeur Bernard Faivre d’Arcier, qui a eu un énorme retentissement à l’époque.

Puis j’ai été nommé conseiller culturel en Moldavie, une ancienne république socialiste soviétique. En parallèle de cela, j’ai continué mes recherches et ai finalisé ma thèse de doctorat - NDLR : Résistance populaire et maquis en Roumanie (1945-1965).

J’ai poursuivi mon parcours professionnel dans la diplomatie culturelle à Paris, pour garder un contact direct avec la France et éviter que mon pays ne devienne exotique pour moi (rires). J’ai travaillé à la coordination géographique pour les PECO (pays d’Europe centrale et orientale) et la CEI (communauté des Etats indépendants), c’est à dire l’ancien espace soviétique au sens large du terme. Ensuite j’ai pris la responsabilité du Bureau des solidarités francophones au ministère des Affaires étrangères.

Puis, désirant diversifier mes connaissances, je suis parti au Kenya. Ce fut là une tranche de vie passionnante. J’ai renoué avec mes premières amours humanitaires parce que j’endossais aussi la casquette de correspondant humanitaire pour le Kenya et la Somalie. Il y avait énormément à faire. Ensuite, après un passage très enrichissant de quelques années en Finlande, je suis revenu en France, à l’administration centrale où j’ai complètement changé de domaine et ai occupé le poste de délégué adjoint aux fonctionnaires internationaux (promotion de l’expertise française dans les organisations internationales telles que l’ONU, l’OTAN, la Commission européenne, gestion des ressources humaines, communication, formation, réseautage…).

Enfin, en 2018, j’ai été nommé, conseiller de coopération et d’action culturelle-directeur de l’Institut français de Pologne à Varsovie. J'ai pris mes fonctions en septembre 2018 exactement. J’en suis très heureux car cette nomination correspondait à mon premier vœu. 

 

"Un premier voeu", dites-vous, cela veut dire que ce pays vous attirait ? Qu’est-ce que vous appréciez particulièrement maintenant que vous vivez en Pologne ?

L’attrait de ce pays pour moi est multiple, je n’ai pas de réponse univoque. Je mentionnerais tout à la fois la population avec son épaisseur historique – et donc humaine, la vitalité de la société civile, la dynamique de développement du pays, la beauté de grands nombre de villes et de paysages, la profondeur culturelle, la qualité de certaines infrastructures, la courtoisie des relations dans la vie quotidienne…

Au sujet de cette dernière qualité que je cite, et à laquelle je suis particulièrement sensible, j’ai souvent la bonne surprise de constater la politesse des jeunes et l’attention à autrui de la population en général.

Je ne sais plus qui parlait « de la surveillance du général dans le particulier », voulant signifier par-là que les détails de la vie, ces « petits rien » sont l’empreinte singulière de la grande marche du monde.

 

Quelles missions et actions avez-vous pu mettre en place depuis septembre 2018 ?

La densité de la coopération et de l’action culturelle franco-polonaise est telle, qu’il est malaisé, de retracer en quelques mots l’intégralité de mon parcours depuis mon arrivée en Pologne, il y a un peu plus de 3 ans.

Le premier souvenir qui me vient à l’esprit, c’est mon désir ardent de rencontrer mes partenaires et collègues en région, dans les alliances françaises et les centres issus de la coopération décentralisés. J’ai toujours considéré qu’un pays ne se limitait pas à sa capitale.

Et dans une Pologne fortement décentralisée, les huit alliances françaises, avec leur exceptionnel ancrage local, jouent un rôle très important. Elles sont implantées dans ces très belles villes d’importance que sont Bydgoszcz, Gdańsk, Katowice, Lublin, Łódź, Szczecin, Toruń et Wrocław.

A ce dispositif se rajoutent trois autres établissements, qui reposent sur une coopération fondée sur une remarquable relation de proximité et de partage à travers l’engagement humain et financier des collectivités locales françaises et polonaises. Il s’agit de la Maison de la Bretagne à Poznań, de la Maison de la Ville de Saint-Etienne à Katowice et du Centre culturel franco-polonais Côtes d’Armor - Warmie et Mazurie à Olsztyn.

Dès ma prise de fonction, j’ai donc eu à cœur d’aller à la rencontre de ces équipes qui font un travail formidable pour promouvoir la coopération linguistique et culturelle entre nos deux pays. J’ai aussi proposé à ces établissements les services d’un architecte français. Celui-ci, à la demande de certaines directrices et directeurs, s’est rendu sur place pour expertiser les locaux et suggérer des améliorations en termes d’aménagement et d’agencement.

Il est à noter que nos consuls honoraires, parfois installés dans les mêmes locaux que les alliances françaises, jouent un rôle relais de première importance pour l’action de notre ambassade.

Il y a aussi bien sûr l’activité de l’Institut français de Pologne et ses deux antennes à Varsovie et Cracovie, qui m’a immédiatement happé dans l’élan de ses activités : une programmation extrêmement fournie, et des projets de modernisation pour les deux établissements qui sont en cours de transformation.

Il en va de même pour le Lycée français de Varsovie, dont l’excellence scolaire est reconnue et remarquable, et que l’Ambassade soutien dans son projet de modernisation de ses locaux pour être à la hauteur de nos ambitions dans cette grande capitale européenne.

Le Centre de civilisation et d’études francophones (CCFEF), intégré au sein de l'Université de Varsovie, est aussi dans un processus de transformation, en collaboration avec Sorbonne Université et le CNRS. Il organise entre 80 et 100 événements par an dans le domaine des sciences humaines et sociales, et joue un rôle moteur dans le projet d'université européenne.

Il y a également tous nos autres partenaires et interlocuteurs dans le domaine de la coopération linguistique et éducative, tels les établissements scolaires polonais où le français est enseigné, les associations de professeurs de français, le ministère polonais de l’Education, qui sont autant d’acteurs à rencontrer pour nouer des projets et programmes communs.

Et aussi nos actions dans le domaine de la diplomatie sportive, que la perspective des Jeux olympiques de 2024 à Paris renforce considérablement, et que conforte la conviction partagée au sein de notre dispositif, de l’importance du sport dans la coopération internationale, en particulier au sein de la jeunesse.

Et puis il y a toutes les relations avec la société civile, que nous nous efforçons de soutenir à travers des collaborations avec différentes associations et fondations dans des domaines aussi variés que l’égalité femmes-hommes, la défense des droits des personnes LGBT, la promotion culturelle…

En effet, s’il est naturel de parler aux autorités, il ne l’est pas moins de parler aux acteurs de la société civile, dans toute sa diversité. La diplomatie d’influence française passe aussi par une « diplomatie des sociétés », qui interagit avec tous les secteurs, engageant les sociétés civiles, les talents et tout particulièrement la jeunesse.

Voilà, tout cela pour dire que mon parcours depuis 2018 est à l’image de la diversité de nos actions et de notre dispositif de coopération dont j’ai ébauché quelques contours. Heureusement, je ne suis pas seul, et j’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur des équipes qui ont à cœur de faire vivre au quotidien la coopération et l’action culturelle franco-polonaise.