Deux architectes français, Xavier Laumain et Romain Viault ont été sélectionnés par la Falla Castiefabib-Marqués de San Juan pour « planter » une falla expérimentale et vont se mesurer aux artistes falleros locaux. Lepetitjournal Valence est allé à leur rencontre pour découvrir leur projet et leur motivation.
Cocorico ! Cette année, les Fallas de Valencia prendront une légère teinte bleu-blanc-rouge avec la participation de Xavier et Romain, deux amis d'enfance qui se sont vu offrir la possibilité d'imaginer, de créer et de réaliser de A à Z une Falla expérimentale pour le casal faller Castiefabib-Marqués de San Juan situé dans le quartier de Campanar. L'occasion pour eux de se retrouver autour d'un projet et de proposer une conception alternative, ainsi qu'un regard extérieur et différent, sur les Fallas.
Une histoire d'amitié bourguignonne
Xavier et Romain, ce sont avant tout deux potes, deux amis d'enfance qui se sont rencontrés sur les bancs de l'école en Bourgogne et qui ont développé la même passion pour l'architecture. Si Romain est resté à Paris, Xavier a pour sa part choisi de s'installer à Valence il y a 15 ans par amour. Avec sa femme Angela, ils ont créé ARAE, un cabinet d'architecture spécialisé dans la restauration et la gestion du patrimoine. En 2012, ils ont ainsi reçu le prix Europa Nostra, décerné par l'Union Européenne, pour leur étude du Palauet Nolla de Meliana.
Cet attachement au patrimoine culturel valencien a tout naturellement amené Xavier à collaborer dès 2015 à la Falla expérimentale NouCampanar où il a pris conscience du travail colossal engagé par les artistes falleros. Son engouement et son regard neuf ont attiré l'attention des membres de la falla Castiefabib qui lui ont proposé l'été dernier de prendre en charge la conception de leur Falla. Face à l'ampleur du projet, il a souhaité faire appel à son ami Romain pour l'épauler et partager ce moment unique avec lui.
Postnatura, une falla pas comme les autres
Plus qu'une sculpture éphémère, c'est avant tout un projet qui veut faire passer un message fort que nous explique Xavier : « C'est une critique de la destruction de l'environnement provoquée par la surconsommation. On cherche de plus en plus la commodité, le confort, à avoir toujours plus. On consomme, on consomme, on consomme, et l'industrialisation, les besoins de production à outrance, détruisent notre environnement. » C'est pourquoi la Falla de Xavier et Romain dénoncera la société de consommation.
Faire passer ce message et respecter un cahier des charges exigeant, c'est justement tout l'enjeu de Postnatura, un concept mêlant architecture et design industriel comme Xavier aime à l'expliquer : « Ce projet, c'est rechercher le paradigme de l'industrialisation, c'est-à-dire, se demander comment on peut industrialiser la nature, la synthétiser. Voilà notre façon de travailler. »
Un pari fou
Alors que depuis quelques années, les valenciens commencent à dénoncer l'utilisation de matières polluantes et dégageant des fumées nocives lors de la cremà, le projet de Xavier et Romain s'inscrit dans une démarche plus traditionnelle par l'utilisation de bois comme seul et unique matériel de construction.
Pourtant, Xavier sait que cette Falla expérimentale ne fera pas l'unanimité. Non pas parce qu'elle est différente des autres Fallas que l'on a l'habitude de voir, mais parce qu'ils font figure d'exception dans le monde local et exclusif des falleros : « On savait d'entrée de jeu qu'on entrait dans un monde à part, assez fermé. On est considéré comme une intrusion, on est architectes et étrangers. »
Cependant, lors de la présentation de leur projet aux membres du casal Castiefabib, la cohérence de leur travail, couplée à l'innovation structurelle de la Falla, ont suscité l'enthousiasme.
Pour en savoir un peu plus sur leur projet, rendez-vous dès le 5 février à l'exposition des ninots au Palais des Sciences de Valencia et le 16 mars lors de la Plantà de leur Falla à l'angle des rues Castiefabib et Marqués de San Juan