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Mathilde Ollivier: “Reconnaître la diversité des Français à l'étranger est essentiel"

La sénatrice Mathilde Ollivier était de passage à Valencia la semaine dernière. Lors d’une réunion publique, la benjamine du Sénat a pu expliquer les enjeux de son mandat et échanger avec le public venu en grand nombre. L’occasion pour nous de faire le point sur ses six mois au Parlement. Rencontre.

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Mathilde Ollivier
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 1 mai 2024, mis à jour le 3 mai 2024

Mon rôle est de représenter de manière fidèle et efficace les Françaises et Français de l’étranger oubliés.

Qu’est-ce qui est à l'origine de votre engagement en politique ?

Je suis entrée en politique en 2019 au moment des marches pour le climat. Très sensible aux enjeux environnementaux, je m'interrogeais sur le type d'engagement que j'avais envie de mener, hésitant entre le milieu associatif et la politique. Mon objectif était de travailler autour des enjeux systémiques du changement climatique. Pour ce faire, il faut pouvoir influer sur les institutions et les instances de pouvoir. C’est pour cela que j’ai finalement opté pour l'engagement politique.

En 2021, j'ai été élue conseillère des Français de l'étranger, puis j'ai été candidate aux élections législatives en tant que suppléante sur la liste de la Nupes dans ma circonscription, avant de me présenter aux élections sénatoriales. Je siège au sénat depuis six mois. Les écologistes, par leur engagement sur les questions climatiques, avec un volet très européen, est le parti qui résonne le plus avec mes convictions. Je suis convaincue que l'échelle européenne est le bon levier d’action politique pour les changements systémiques qui doivent être menés. 

mathilde ollivier
Mathilde Ollivier


En quoi la représentation des Français de l'étranger au Sénat est-elle essentielle pour la défense de leurs droits ? 

Les sénateurs des Françaises et Français de l'étranger ont pour mission de porter la voix des trois millions de compatriotes (1,5 millions d’inscrits) résidant hors de France et confrontés à des problématiques très spécifiques, que ce soit sur des questions de retraite, de sécurité sociale, d’accès à l’éducation à l’étranger, de comptes en banque, etc. Ces sujets, souvent invisibilisés au niveau national, nécessitent une attention particulière et des dispositions législatives adaptées. 

Nous sommes élus par les conseillères et conseillers des Français de l’étranger. C'est très important pour nous de pouvoir nous appuyer sur ce réseau et ces relais. En Espagne, je travaille beaucoup avec François Ralle à Madrid, Renaud Le Berre et Ana Saint-Dizier à Barcelone, qui sont nos élus conseillers des Français de l'étranger, également membres de l’Assemblée des Français de l’étranger. Il s’agit vraiment d’une approche à deux niveaux : les élus locaux s’efforcent de résoudre un certain nombre de problèmes et, lorsque les solutions locales s'avèrent insuffisantes, nous pouvons faire remonter ces questions au Sénat. Nous avons la capacité d'intervenir tant sur des cas individuels que sur des problématiques plus globales.

 

La place des jeunes n'est pas suffisamment valorisée au sein des institutions politiques.


En tant que sénatrice la plus jeune de France, vous portez la voix d’une nouvelle génération au Parlement mais aussi parmi les Français de l’étranger. Comment concevez-vous ce rôle ? 

C’est fondamental. Je le vois comme l’une des bases de mon engagement. Je suis très mobilisée sur les questions de jeunesse. De manière générale, je trouve que la place des jeunes n'est pas suffisamment valorisée au sein des institutions politiques. Si on veut une participation plus grande des jeunes en politique, il faut que cette représentation existe ! Elle a besoin d'être portée par de nouvelles voix. Et la jeunesse doit s’engager dans le débat politique mais aussi au niveau social et associatif. 

Il est essentiel de lutter contre la précarité des jeunes, notamment celle des étudiants. Mon rôle est de représenter de manière fidèle et efficace les Françaises et Français de l’étranger souvent oubliés. J’ai à cœur de lutter contre l'image stéréotypée de “l’expatrié” vivant confortablement à l'étranger. Il est essentiel de reconnaître la diversité de la population établie hors de France, comme les personnes ayant la double nationalité ou vivant dans des couples binationaux, installées à l'étranger depuis longtemps ou depuis peu. 

la sénatrice Mathilde Ollivier avec la députée au Cortes valencianas Paula Espinosa
La sénatrice Mathilde Ollivier avec la députée aux Corts Valencianes Paula Virgínia Espinosa Giménez.



Lors de votre réunion publique à Valencia, vous avez déclaré vouloir soutenir les catégories de Français de l’étranger sous-représentées. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je déplore que certaines catégories de la population à l’étranger soient peu représentées et manquent de relais. C’est le cas des étudiants, qui se retrouvent souvent en situation de précarité. Lors de ma réunion publique à Valencia, un certain nombre d’entre eux étaient présents et ont pu parler des problématiques auxquelles ils sont confrontés, comme la reconnaissance des diplômes. Certains choisissent aussi d'étudier à l'étranger, car ils ne trouvent pas les formations qu’ils veulent en France. 

Il y a également un sujet très important autour de la recherche. Il y a beaucoup de chercheurs français à l'étranger. Il faut porter une attention spécifique aux doctorants et post doctorants qui peuvent être embauchés avec des contrats précaires. D'autres sujets méritent notre attention, comme les volontaires internationaux et les services civiques. Juste avant mon déplacement, j'ai travaillé sur une proposition de loi concernant le service civique, visant à prévenir la précarisation de ces jeunes et à leur fournir de véritables moyens, car les ressources actuellement allouées sont insuffisantes.

Réunion publique de la sénatrice Mathilde Ollivier à Valencia
Réunion publique de la sénatrice Mathilde Ollivier à Valencia.



Vous êtes membre de la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport au Sénat. Comment voyez-vous une initiative citoyenne comme La Base Culture à Valencia ?

Je tiens à exprimer un grand bravo pour le travail que mène cette association. J'ai été ravie de rencontrer son équipe dynamique. Je sais que La Base Culture prévoit d'organiser une fête de la musique à Valencia, soutenue par le dispositif STAFE. Ce dispositif est très important et nous nous efforçons de le défendre, car il permet de soutenir les associations françaises à l'étranger. Je félicite La Base Culture pour de telles initiatives, car les activités culturelles sont des moments forts qui permettent de nous rassembler et de promouvoir la culture française, non seulement auprès des Français sur place, mais aussi des francophiles et des diverses communautés dans lesquelles ils vivent. 

La sénatrice Mathilde Ollivier devant le siège de La Base Culture à Valencia
La sénatrice Mathilde Ollivier devant le siège de La Base Culture à Valencia.

En tant que membre de la commission de la culture, de l'éducation, de la communication et du sport, je travaille sur des sujets tels que la recherche, la vie associative, la jeunesse et la francophonie. Les aspects culturels et éducatifs sont fondamentaux pour les Français de l’étranger, et ils doivent être développés notamment à travers le réseau éducatif et le développement des associations FLAM, ainsi que toutes les organisations culturelles qui maillent le tissu associatif à l’étranger. Je soutiens fermement ce secteur éducatif et culturel et milite pour qu’il obtienne davantage de ressources. Un vrai choc des moyens est nécessaire !  

 

Voter à ces élections européennes est une opportunité d’influencer les décisions qui affectent notre vie quotidienne et notre avenir.


Dans le calendrier politique, il y a évidemment les élections européennes. Comment encourager les Françaises et Français de l'étranger à aller voter ?

Il est très important de dire que les élections européennes portent des sujets au-delà des frontières nationales, et en tant que Français de l’étranger, nous sommes particulièrement sensibles à cet aspect. L'intégration européenne et l'harmonisation des droits, que ce soit en termes de salaires ou de protections sociales, sont des domaines que la gauche européenne et les écologistes ont activement soutenus. Par exemple, dans notre camp, il y a eu une forte mobilisation pour instaurer une réglementation européenne des droits des travailleurs des plateformes numériques et améliorer notablement leurs conditions de travail. 

De plus, l’échelle européenne est fondamentale quand on parle des enjeux environnementaux, de la lutte contre le réchauffement climatique, de la réduction des gaz à effet de serre, de l'agriculture, de la négociation des traités de libre-échange, ou encore des politiques de pêche. Voilà quelques-uns des sujets pour lesquels on se bat pour aller vers du mieux-disant d’un point de vue social et écologique. 

Il est donc essentiel pour les Françaises et Français de l’étranger de participer à ces élections européennes. Les enjeux d’harmonisation nous touchent directement et peuvent améliorer des problématiques auxquelles nous sommes confrontés, comme le transfert des droits de chômage d’un pays à l’autre. Voter à ces élections est une opportunité d’influencer les décisions qui affectent notre vie quotidienne et notre avenir. On ne doit pas laisser passer cette occasion. 

 

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