L'ancien Premier ministre et fondateur de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, a obtenu 39,4% au premier tour de l'élection présidentielle du 23 novembre 2014, et affrontera donc Moncef Marzouki (33,4 %) lors du deuxième tour, le 21 décembre
Béji Caïd Essebsi, Premier ministre au sein du gouvernement provisoire, et ce jusqu'aux premières élections démocratiques du 23 octobre 2011, est avocat et politicien. Il a été chargé d'importantes responsabilités gouvernementales entre 1963 et 1991. Il est aujourd'hui le président de Nidaa Tounes : "l'appel de la Tunisie".
Issu d'une famille tunisoise du makhzen beylical composée d'agriculteurs, arrière-petit-fils d'Ismail Caïd Essebsi, Béji Caïd Essebsi, surnommé BCE, né le 29 novembre 1926 à Sidi Bou Saïd, est un homme politique et avocat tunisien. Il est père de deux garçons et de deux filles. Il obtient une licence de la faculté de droit de Paris en 1950 avant d'être admis au barreau tunisien en 1952. Il devient par la suite avocat à la Cour de cassation. Il débute sa carrière en plaidant dans des procès de militants du Néo-Destour.
Au lendemain de l'indépendance, en 1956, il rejoint le gouvernement comme conseiller d'Habib Bourguiba, devenu Premier ministre avant d'accéder à la tête de l'État après la proclamation de la République le 25 juillet 1957. Il poursuit son ascension en devenant directeur général de la Sûreté nationale. Il est ensuite ministre de l'Intérieur du 5 juillet 1965 au 8 septembre 1969 puis ministre de la Défense du 7 novembre 1969 au 12 juin 1970.
Le point d'orgue de sa carrière bourguibiste
S'ensuit pour lui une longue traversée du désert, jusqu'au 3 décembre 1980. Il réintègre alors le gouvernement comme ministre délégué auprès du Premier ministre ministre des Affaires étrangères le 15 avril 1981 et occupe ce poste jusqu'au 15 septembre 1986. Durant ces six années, il est confronté à plusieurs crises, notamment l'arrivée des combattants palestiniens ? chassés de Beyrouth ? à Bizerte en 1982, le bombardement du quartier général de l'OLP à Hammam Chott (sud de Tunis) par l'armée de l'air israélienne en 1985, sans oublier les incessantes sautes d'humeur de Mouammar Kadhafi. Le moment le plus fort de sa carrière à la tête de la diplomatie tunisienne reste cependant le vote de la résolution des Nations unies condamnant l'agression israélienne contre la Tunisie.
Caïd Essebsi occupe également le poste d'ambassadeur à Paris (1970-1971) puis à Bonn à partir de 1987. Ils sera également Président de l'Assemblée sous Ben Ali, de 1990 à 1991. Son dernier mandat de député s'achève en 1994.
A propos de cette période, il affirme dans l'une de ses interviews « j'ai toujours été un homme libre et indépendant. Après vingt-cinq ans passés au c?ur du pouvoir, les responsabilités politiques que j'ai assumées étaient des parenthèses plus ou moins longues dans ma carrière d'avocat. À la fin de mon dernier mandat de député, en 1994, j'ai eu le sentiment de ne pas avoir pu changer grand-chose au système politique. Mais j'ai quitté la scène politique sans regret. Et sans nostalgie. J'assume totalement tout ce que j'ai fait ».
Il reprend alors son métier d'avocat et continue de plaider, de temps à autre, devant la Cour d'appel de Tunis mais généralement dans les seules affaires d'arbitrage.En 2009, il écrit un livre qui rencontrera un franc succès et battra des records de vente : Bourguiba, le bon grain et l'ivraie, Sud Editions.
L'après révolution
En mars 2012, il réussit un challenge improbable : Celui de fonder un nouveau parti centriste, "Parti El Watani Ettounsi" qui est le résultat de la fusion de 13 partis. Tous les corps et sections ont été unifiés, ainsi que les sièges, logos et slogans (voir notre article à ce sujet).
Finalement, il fondera en juin 2012 "Nidaa Tounes".
A 88 ans, ce Bourguibiste patriote est prêt aujourd'hui à relever un énième défi : remporter les élections présidentielles.
Isabelle Enault (www.lepetitjournal.com/tunis) vendredi 19 décembre 2014