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Anne Guéguen - 2024, une année riche pour le rayonnement international de la France

Le jeudi 1er février, son Excellence Mme Anne Guéguen, Ambassadrice de France en Tunisie, a offert un cocktail à l'attention des médias, à la Maison de la Mer, à l'occasion de la nouvelle année. Lors de son discours, elle a tenu à exprimer sa gratitude quant à son accréditation en Tunisie, pays qui a compté dans sa vie de diplomate :

anne gueguen ambassadrice de France residenceanne gueguen ambassadrice de France residence
Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 5 février 2024, mis à jour le 28 avril 2024

" Mesdames, Messieurs les directeurs de rédactions et rédacteurs en chef,
Mesdames, Messieurs les journalistes, reporters et correspondants,
Mesdames messieurs,
Chers amis,

Je suis heureuse de vous retrouver pour ce moment d’échange et d’amitié, qui est l’occasion de faire mieux connaissance avec vous, maintenant que je suis, depuis le 27 décembre, pleinement accréditée en Tunisie, un pays que j’aime et qui a beaucoup compté dans ma vie de diplomate.
Nous sommes en début d’année, et je veux regarder vers l’avenir, mais je commencerai par un mot rétrospectif.  2023 a été une année éprouvante. Je ne peux ni ne veux commencer mon discours de vœux sans avoir d’abord une pensée pour tous ceux qui souffrent. Nous vivons une époque brutale, qui interpelle les cœurs et les consciences, que ce soit en Palestine, en Israël, en Ukraine, au Soudan, et dans bien d’autres parties du monde. La réponse ne peut être que dans la solidarité et la fraternité.  Et c’est cela que je voudrais souligner, en rappelant que la France s’est montrée solidaire et continue à l’être. Liberté, égalité, fraternité sont des principes qui guident l’action de la diplomatie française et c’est un honneur, en tant qu’ambassadrice de France, d’avoir pour mission de servir ces valeurs. 
L’actualité internationale n’est pas le propos de cette rencontre amicale de début d’année, mais permettez-moi néanmoins de dire un mot sur la question – tragique - du conflit au Proche-Orient, qui nous préoccupe et nous attriste tous au quotidien.  
Les efforts de la France pour une trêve immédiate devant mener à un cessez-le-feu pérenne sont constants. C’est dans ce sens que la France a voté en faveur des résolutions aux Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat. 
De même nous poursuivons notre travail humanitaire, notamment en matière d’aides médicale et alimentaire. Comme vous le savez, la mobilisation de la France a permis la levée d’un milliard d’euros lors de la conférence humanitaire de Paris pour Gaza, le 9 novembre dernier. Ces dernières années, la France avait fait le choix d’accroitre considérablement son soutien humanitaire aux populations civiles de Gaza. La France a ainsi contribué aux actions de l’UNRWA en 2023 à hauteur de près de 60 millions d’euros. 
Il y a des principes cruciaux :  la protection des civils est à la fois un impératif moral et une obligation internationale. 
Notre position, vous la connaissez : la solution à deux Etats constitue la seule solution viable pour assurer la paix et la sécurité pour tous, et pour répondre aux aspirations légitimes des Palestiniens à un Etat indépendant vivant côte à côte avec Israël, dont la sécurité doit être assurée. Et dans ce cadre, nous rappelons la nécessité de soutenir l’Autorité palestinienne, seule représentante légitime du peuple palestinien. 
Loin d’observer sans rien faire, la France agit sans relâche pour la paix et la sécurité et pour éviter une extension du conflit qui embraserait la région.
Autre sujet sensible pour nos pays, et qui est parfois source de malentendu, celui des visas et de la mobilité. En cohérence avec ses partenaires Schengen et l’UE, la France est engagée dans un effort important pour mieux organiser la mobilité professionnelle et étudiante et de manière générale rendre plus fluide la circulation de tous ceux et celles qui sont au cœur des échanges entre les deux rives, notamment dans les domaines économiques, scientifiques, culturels et artistiques. Vous devez savoir que 70% des visas Schengen délivrés en Tunisie le sont par le Consulat général de France à Tunis. 
L’année 2023 a été marquée par une série d’améliorations de nos services pour le traitement des demandes de visa : il y eu l’ouverture d’un centre TLS à SFAX, en novembre dernier, destiné aux demandeurs du sud tunisien ainsi que celle d’un tout nouveau centre TLS à Tunis, en décembre, afin de faciliter et optimiser les démarches de demande de visa Schengen. Autres améliorations réalisées : sur l’année 2023, près de 77% des demandes de visa ont abouti à des réponses positives, les délais d’obtention de rendez-vous pour les visas professionnels et les demandes de renouvellement de visas ont baissé (entre 10 à 15 jours). En outre, les tarifs du prestataire TLS ont été réduits (33 à 28 euros). Ces améliorations résultent de notre volonté d’améliorer nos services et de l’écoute attentive que nous accordons à l’ensemble de nos interlocuteurs, à Tunis comme dans le reste du pays. 
2024 s’ouvre aussi avec un nouveau gouvernement en France, qui sera engagé dans sa relation avec la Tunisie. Nous allons élaborer et nourrir un agenda bilatéral qui a notamment pour perspective la tenue du Haut Conseil de coopération, le HCC, sous la présidence des deux PM cette année (le précédent remontant à juin 2021).  
2024 sera une année riche pour le rayonnement international de la France : comme le Président de la République l’a rappelé dans ses vœux aux Français, c’est en effet une année de de grands rendez-vous en France avec l’accueil des Jeux Olympiques et paralympiques de Paris de 2024, le 80ème anniversaire de la libération, et le sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts à l’automne. Le sport et la francophonie sont deux grands sujets fédérateurs, dans lesquels nous avons de nombreuses coopérations avec nos partenaires tunisiens.
Ma mission d’ambassadrice est de travailler au partenariat rénové de confiance avec la Tunisie. Ma priorité va à la jeunesse, mais aussi aux femmes, qui sont une force agissante remarquable de votre beau pays. 
Je voudrai aussi, devant vous, rendre hommage à l’action de l’ensemble des services de l’ambassade, à tous ceux qui font partie de l’ « Equipe France ». C’est avant tout un travail collectif. Cette action est tournée vers l’ensemble du pays. J’ai l’intention de poursuivre mes déplacements dans toute la Tunisie pour valoriser notre action commune. J’irai ainsi, dès demain, à Kairouan puis dans les prochaines semaines à Sousse et Djerba. J’ai déjà eu l’occasion de me rendre à de multiples reprises à Bizerte, Nabeul et Hammamet et suis allée à Beja, Jendouba, Sfax et Tozeur à l’occasion de la réouverture de la ligne Paris-Tozeur par Transavia à l’automne dernier. La seule ligne internationale qui dessert ce joyau touristique tunisien.
Dans cette période de crises complexes, je souhaiterais évoquer trois idées sur notre relation avec la Tunisie : 
1/ La première est que la relation de la France avec un pays partenaire et voisin comme la Tunisie ne doit pas être uniquement centrée sur nos échanges bilatéraux, mais doit permettre d’affronter ensemble les défis et les menaces de l’époque.  Nous avons des intérêts et des besoins communs, et nous avons beaucoup à gagner à intensifier le dialogue et la coopération pour réussir ensemble la transition écologique et énergétique, pour assurer la sécurité alimentaire et sanitaire de nos pays, mais aussi relever le défi de la transformation numérique et des nouvelles technologies de la communication et nourrir l’innovation.
2/ La seconde idée est que notre proximité géographique et humaine sans pareil ne veut pas dire que la compréhension est acquise d’emblée ou définitivement. Nous devons y travailler, c’est une grande part de notre responsabilité de diplomates et de journalistes. Les défis de l’éducation, de la connaissance mutuelle, de l’information à l’heure des réseaux sociaux et de l’IA sont immenses si nous ne voulons pas laisser le champ libre à l’exploitation de l’ignorance et du préjugé. Les risques sont connus. 
L’acte constitutif de l’UNESCO, dans une expression forte, dit que c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix – je pense que c’est important, autant que les solidarités matérielles auxquelles nous travaillons. 2024 est l’année des JO et du sommet de la Francophonie. Ce seront de formidables occasions pour se rencontrer et exercer cet esprit de fraternité. 
3/ La troisième idée, c’est la nécessité renouvelée de la coopération. Face à la multipolarité conflictuelle du monde, il faut sortir des jeux à sommes nulles. Le gagnant-gagnant n’est pas un concept chinois. La densité du partenariat de la France avec la Tunisie est exceptionnelle. Ce partenariat se modernise, nous devons veiller à ce qu’il serve la paix, la justice, la liberté, la sécurité et la prospérité pour nos concitoyens. Je crois que nous gagnons tous lorsque nous cherchons sincèrement l’équilibre et la conciliation de nos intérêts – il faut de la realpolitik dans ce sens-là, mais je reste également fondamentalement convaincue de notre solidarité intellectuelle et morale, entre les deux rives de la Méditerranée, et que l’idéal démocratique de dignité, d’égalité et de respect de la personne humaine n’a pas de nationalité et doit nous unir.
A titre d’exemple, notre action de coopération et d’action culturelle aura, quant-à-elle, connu une activité intense cette dernière année. Je vous livre quelques chiffres qui donnent une idée de son intensité :
14 000 étudiants tunisiens en France, 1ère destination 
En 2024, près de 2,5 millions d’euros [budget annuel + FSPI confondus] pour la coopération universitaire et scientifique dont 1 million d’euros de bourses délivrées à des étudiants tunisiens et 770 000 euros par an pour les deux PHC dédiés à la mobilité des chercheurs entre nos deux pays
18 000 apprenants de français sur tout le territoire tunisien 
18 000 élèves dans le réseau d’enseignement français en Tunisie dont 2/3 de Tunisiens
Plus de 3 millions d’euros pour la coopération et l’action culturelle en 2024
15 000 personnes de la société civile soutenues ces deux dernières années à travers des projets de 25 associations sur le territoire tunisien
La réalité de la relation bilatérale est là.
Enfin, le meilleur pour la fin : vous connaissez l’engagement de la diplomatie française en faveur d’une information libre et pluraliste et de la liberté de la presse, qui est l’un des principaux acquis de la révolution, et je veux rappeler que la Tunisie est une pionnière de la liberté de la presse dans le monde arabe.  Nous sommes pleinement mobilisés pour qu’elle le reste ! C’est dans cet état d’esprit que France Médias Monde, France Télévisions, Radio France, l’INA et Expertise France ont conclu, en novembre dernier, un ambitieux jumelage avec la télévision tunisienne relatif à la modernisation de la télévision tunisienne de service public.
Le moment est venu de conclure et de vous adresser mes vœux les plus chaleureux de bonheur et d’accomplissement pour vos vies personnelles et professionnelles. A ceux et celles d’entre vous, ou de vos proches, qui traversent des épreuves, ou souffrent de problèmes de santé, j’exprime ma profonde sympathie et leur souhaite un complet rétablissement. De même que j’ai une pensée particulière pour tous les journalistes tunisiens décédés en 2023 : Moktar Tlili ; Ahmed Laamouri ; Raouf Ben Ali ;  Nadhem Heni ; Rim Hamrouni ; Mohamed Kobbi ; Nabil Ben Zekri ; Dorra Bouzid ; Mohamed Masmouli ; Mahmoud Triki.
A tous, je vous souhaite pleine santé et une belle et heureuse année 2024.  
Et maintenant place à la convivialité !
Je vous remercie. "

 

Anne Guéguen Biographie 

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