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Choisir de mourir, qu’en est-il en Suède ?

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Crédits : Pixabay
Écrit par Hugo Messina
Publié le 9 janvier 2022, mis à jour le 13 janvier 2022

C’est sûrement l’un des débats de société les plus virulents aujourd’hui. Alors que certains prônent une liberté de tous de choisir de mourir, d’autres défendent avec ferveur le droit à la vie. Comment la Suède se place sur ce point ?

 

 

Quelques éclaircissements sur les différents procédés

L’euthanasie active renvoie simplement au processus durant lequel la mort est due à l'administration d'un produit létal par une tierce personne, généralement le médecin.

L’euthanasie passive renvoie plutôt au principe du « laisser mourir ». En fait, au lieu de s’acharner à prodiguer des soins, l’équipe soignante va arrêter ces derniers progressivement, à la demande de la famille ou si l’état du patient est tel qu’il faut éviter l’acharnement thérapeutique. Concrètement, on stoppe tout traitement, avant de soulager la douleur et attendre le décès naturel du malade.

Enfin, le suicide assisté désigne une technique visant à fournir un environnement et des moyens nécessaires à une personne pour qu’elle mette fin à ses jours elle-même. On retrouve parfois ce processus sous le nom d’aide médicale à mourir.

 

La Suède au carrefour de la question

Alors que la Suisse est souvent cité comme exemple de pays européen autorisant le suicide assisté, c’est-à-dire le choix clair du malade de mettre lui-même fin à ses jours. Il faut savoir que d’autres pays européens sont encore plus libéraux, comme le Luxembourg ou les Pays-Bas, qui autorisent globalement toutes les techniques depuis le début des années 2000. À l’inverse, d’autres pays semblent fermés sur cette question, comme l’Italie, où l'euthanasie est interdite et punie par la loi par des peines allant de cinq à douze ans de prison.

En France, depuis la loi Leonetti de 2005, on autorise uniquement l’euthanasie passive, sous le nom de droit à la sédation profonde et continue. Le but est d’éviter l’acharnement thérapeutique sur une personne qui serait incurable. Ce droit est donc fortement encadré, et soumis à des conditions strictes d’application.

La Suède se classe à mi-chemin sur ce sujet. En effet, le pays nordique prévoit que l'euthanasie passive et le suicide assisté puissent se faire. Néanmoins, l’euthanasie active demeure illégale. Cet état actuel des choses découle d’une décision de 2010 rendue par le Bureau national pour la santé et le bien-être, organe officiel de gestion de la politique de santé en Suède. À l’époque, un flou juridique avait alors permis de prendre cette mesure, puisque deux règles contraires étaient en vigueur : un patient pouvait décider d’interrompre un traitement alors que le suicide assisté, comme le débranchement d’un appareil respiratoire, était constitutif d’un délit.

Pour appliquer ce droit, il faut que l'euthanasie passive provienne d’une demande du patient lui-même. Le consentement clair et précis du patient est donc impératif, tout comme sa bonne compréhension des explications faites par le corps médical, et des conséquences de son choix.

Souvent, cette barrière est pointée du doigt, notamment dans des cas où l’individu est dans un état végétatif et ne peut plus exprimer clairement sa volonté. Chez le voisin norvégien par exemple, un proche peut demander l’euthanasie passive si le patient est inconscient.

En novembre 2020, un sondage commandé par l’association RTVD, Rätten Till en Värding Död - le droit à une mort digne - à l’agence Novus dévoilait des statistiques après avoir interrogé un échantillon de 1147 personnes entre 18 et 84 ans. Selon les données, 8 personnes sur 10 interrogées sont favorables à l’aide à mourir s’il n’y a plus d’espoir. La même proportion se dit ouverte à une enquête parlementaire sur la question.

Hugo Messina
Publié le 9 janvier 2022, mis à jour le 13 janvier 2022

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