L'idée est dans l'air depuis plusieurs décennies, mais il lui manquait un vrai modèle économique pour faire son chemin à Singapour. Les "babyboomers qui ne veulent pas vieillir seuls" ont accueilli avec enthousiasme ce mois-ci l'annonce d'un premier "village retraite" à Singapour. Une première d'importance dans un pays dont la population âgée de plus de 65 ans devrait doubler au cours de cette décennie.
Le concept de "village retraite", très répandu aux Etats-Unis et en Australie, ne peut que plaire aux citoyens aisés d'un pays comme Singapour. Par comparaison avec le modèle classique de la maison de retraite, les résidents des "villages retraite" ne sont pas les hôtes d'une institution, soumis aux règles de la communauté, ils sont des locataires ou des propriétaires d'un appartement ou d'une maison qu'ils habitent de manière autonome, tout en bénéficiant, sur le site d'une infrastructure de services plus ou moins complète : soins médicaux et infirmiers, restaurants, cafétéria, conciergerie, activités culturelles et sociales?.
Un test grandeur nature pour l'URA
Pourtant, l'idée aura mis près de 20 ans à s'imposer. c'est apparemment le prix des terrains et surtout l'encadrement des baux, limités dans leur durée, qui auraient handicapé le concept, en limitant les possibilités de retour sur investissement. Dans ce contexte, le premier "village retraite" qui verra le jour à Singapour aura valeur de test, tant pour l'URA (Urban Redevelopment Authority), que pour le promoteur immobilier, World Class Land (WCL), qui s'est vu attribué, contre la modique somme de 75 millions de SGD, la première habilitation à mettre en ?uvre un tel projet.
Le premier village, à Jalan Jurong Kechil, en 2017
Le premier village retraite devrait ainsi voir le jour dans 5 ans à Jalan Jurong Kechil. Il devrait couvrir une surface représentant une fois et demi la superficie d'un terrain de football. Le projet, selon ses promoteurs, n'en est encore aujourd'hui qu'au stade d'avant projet. Le bail accordé l'est pour une durée de 60 ans. Le promoteur reste libre d'y construire des appartements privés, des immeubles de condominium ou un village retraite. La concession accorde à la société immobilière plusieurs exonérations ( comme celle, dénommée "anti-boite à chaussure" qui interdit la construction d'appartements de surface trop réduite) afin, selon un porte parole de l'URA, "de faciliter le développement par le marché d'un produit d'habitation pour les retraités".
Pour les personnes seules, mais pas seulement
L'initiative vient à son heure, dans un contexte de vieillissement accéléré de la population à Singapour : le nombre des habitants âgés de plus de 65 ans devrait presque doubler en 10 ans, passant de 352.000 à 600.000 entre 2011 et 2020.
La nouvelle a été accueillie avec enthousiasme par un certain nombre de personnes qui militaient activement, certaines à l'issue d'un voyage aux Etats Unis ou en Australie, pour l'ouverture de "villages retraite" dans la cité Etat. Le concept est de nature à séduire une fraction importante de la génération des baby boomers, anxieux de ne pas rester seuls au moment de la retraite. Les manifestations d'intérêt ne seraient d'ailleurs pas limitées aux personnes seules, mais seraient aussi le fait d'autres particuliers, y compris des couples, ne voulant pas être une contrainte pour leurs enfants.
Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com) lundi 18 novembre 2013
Crédit photo- village retraite à Waratah Highlands (Australie)