Barramundi Asia, fondée par le Hollandais Joep Staarman, se distingue par sa pratique d'un élevage respectueux de l'environnement et de l'animal, en l'occurrence le Barramundi, ou Asian Sea Bass, un poisson omnivore à chair blanche très apprécié notamment en Asie du Sud-Est et en Australie. Visite guidée avec 3 Français : Loic Monteil, Emmanuel de Braux et Bruno Gillet.
A la différence des autres fermes de Singapour, situées vers Changi et Pulau Ubin, Barramundi Asia est la seule ferme installée au Sud, au large dans le Singapore Straits près de Pulau Semakau. Cette situation privilégiée lui permet d'être loin des autres fermes et de disposer d'un espace de 7,5 hectares (10 terrains de football) en pleine mer pour une production annuelle de 500 tonnes de poissons, avec une perspective à 3 000 tonnes d'ici à 2020.
Alevinage et grossissement
L'élevage commence à la nurserie sur l'île de Semakau, où Loic Monteil et son équipe veillent sur près de 80 000 alevins, qui pèsent à peine 1g lorsqu'ils arrivent, importés par avion d'Australie. L'endroit est sous haute surveillance, fermé aux visiteurs pour raisons de confidentialité et d'hygiène. « Le défi majeur pour l'alevinage est la lutte contre les maladies. Cela nécessite une grande propreté des bassins, la surveillance des alevins, si fragiles, et leur vaccination manuelle afin de les protéger sans recourir aux antibiotiques par la suite », explique Loic.
Après 3 mois à la nurserie, environ 50 000 alevins ont atteint environ 20 cm et 100 g et sont transférés vers la ferme en mer. L'équipe d'Emmanuel de Braux prend alors le relai pendant 18 mois pour la phase la plus longue et la plus coûteuse de l'élevage, le « grossissement » des poissons jusqu'à 4 kg. Les cages de différentes dimensions, dont les plus grandes ont un diamètre de 26 mètres, accueillent successivement les poissons en fonction de leur taille. « La qualité des eaux et le choix de l'alimentation des poissons , explique Emmanuel, sont des facteurs clés de l'aquaculture qui vont conditionner la productivité, la qualité du produit final et l'impact environnemental. La situation de la ferme dans le Singapore Straits est idéale car des courant forts et réguliers traversent la zone et apportent des eaux claires et riches en oxygène. De plus, la température de l'eau est stable entre 28 et 30°C, ce qui permet une croissance ininterrompue des poissons toute l'année. Les poissons sont nourris en moyenne 2 fois par jour à l'aide de granules issus de sources nutritionnelles durables (fournis par Skretting) et composés à 70% de protéines d'origine végétale et 30% de farines de poissons, et de l'huile de saumon pour un poisson gras et sain ».
De la pêche à l'assiette
Les barrramundi sont pêchés sur commande pour garantir leur fraîcheur. « Nous livrons les poissons sous 48h, car l'origine n'est pas le seul point qui compte, la fraîcheur est primordiale. Sur un chalut, le poisson peut passer 10 jours sous glace avant d'arriver au port, puis 2 à 3 jours de transports pour arriver sur les étals des poissonniers », commente Bruno Gillet, directeur des opérations. Le barramundi est commercialisé sous la marque « Kühlbarra », pour un marché local et international : la moitié de la production est exportée vers l'Australie et les Etats-Unis. « Il y a, conclut Bruno, un potentiel énorme pour l'élevage à Singapour, et l'avenir de Barramundi Asia est extrêmement prometteur ».
Cécile Brosolo (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 22 juin 2016
Reprise de l'article paru dans le magazine Singapour n°7 Une jeunesse Singapourienne. Numéro disponible gratuitement à Singapour dans les endroits référencés ICI et téléchargeable sur ISSUU.