Édition Singapour

ENTREPRENDRE AU FEMININ- Trois femmes, 3 projets

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 8 février 2018

Elles sont jeunes, elles sont belles et elles croquent la vie à pleines dents. Ambitieuses, talentueuses et fonceuses, voici trois femmes qui ont choisi Singapour pour monter leur entreprise, par choix, par opportunité, par passion dans tous les cas. Rencontre avec Alexia Sichère, Jaclyn Lim et Amaia Arana : 3 femmes, 3 nationalités (française, singapourienne et espagnole), 3 parcours d'entrepreneures qui flirtent avec dynamisme, réalisme et optimisme.

Alexia Sichère
Racontez-nous le concept de votre entreprise

- Alexia SICHERE : Foxysales.com organise des "ventes privées" sur Internet de produits de marques pour mamans, bébés et enfants. Chaque marque est en vente a prix réduit pendant 1 semaine, nous lançons au minimum 2 nouvelles marques par jour du lundi au vendredi.
En parallèle, nous avons commence à distribuer il y a 1 an (novembre 2012) des sandales tropéziennes faites sur mesure en France pour les femmes et les enfants.

- Jaclyn LIM : nous sommes fleuristes, nous avons commencé sur le net mais nous venons d'ouvrir un point de vente sur Joo Chiat. Nous voulions nous positionner comme fleuriste créatif et proche de ses clients, une boutique pleine d'idées et de douceur, qui mise sur le fait-maison. Nous utilisons du papier craft, des bocaux, de l'origami… Nous venons de lancer un service d'abonnement, les fleurs sont livrées chaque semaine à domicile dans le quartier de Joo Chiat/Marine Parade.

- Amaia ARANA : Zazazou, ce sont des accessoires parisiens eco-friendly pour femmes et enfants. Des sacs, trousses, t-shirts, etc., conçus pour être pratiques. Notre marque est née de l'union entre la passion que Sandra Maestrini a pour le dessin et ma passion pour la création d'accessoires.

(Photo: Alexia Sichère, créatrice de Foxysales)

Pourquoi avoir choisi de vous développer à Singapour ?
- AS : c'est un simple concours de circonstances. Je suis arrivée à Singapour en 2009, mon mari et moi voulions revenir en Asie et envisagions un jour d'y lancer un business. J'ai lancé Foxysales plus rapidement que prévu, car Singapour est à première vue l'endroit rêvé pour démarrer un business : facilités administrative et fiscale, économie en pleine croissance, aide à la maison, ce qui en tant que mère de famille est un avantage non négligeable quand on lance un business… Après plusieurs années, le tableau est moins rose, car s'il est facile de monter sa boîte à Singapour, il faut s'accrocher pour le faire vivre. L'environnement y est très compétitif, les marges faibles et les coûts élevés.

Jaclyn Lim
- JL : je suis Singapourienne donc je suis ici à la maison ! Quant au quartier de Joo Chiat, je ne pouvais imaginer m'installer ailleurs. Quand je viens à la boutique, je passe devant les allées que mon grand-père traversait en vélo pour lui-même aller travailler. Le soir, je passe devant AliBaBar pour boire un verre après le travail et c'est à ce même endroit que ma grand-mère avait son stand de nouilles aux crevettes. Toute ma famille vit toujours dans le quartier de Joo Chiat. Pour moi, c'est naturel d'être ici !
- AA : j'ai suivi mon mari dans le cadre de son travail. Nous avons décidé ensemble de venir ici car nous savons que les asiatiques adorent tous les produits de qualité en rapport avec Paris et la France. Cela lui permet d'avancer dans sa carrière et moi de développer la marque dans un nouveau pays dans lequel elle n'était pas présente.

( Photo: Jaclyn Lim, fleuriste)

Quel est votre plus gros défi ici ?

- AS : la culture de la promo, la quête du prix le plus bas et l'oubli que derrière un service ou un produit, il y a des gens qui travaillent et qu'il faut rémunérer… Les consommateurs ici sont très opportunistes. Il faut réussir à les convaincre et à les faire revenir en permanence et résister à la promo. Certains n'hésitent pas à nous contacter pour savoir si nous avons un code promo à leur donner, alors que les prix sont déjà réduits sur le site ! Négocier avec nos fournisseurs pour protéger nos marges est aussi un gros défi.

- JL : les loyers ! Nous aimerions plus d'espace mais les coûts sont prohibitifs. Pour être tout à fait honnêtes, nous nous donnons deux ans pour voir comment les choses évoluent. Si les loyers grimpent, ce qui risque d'être le cas car nous sommes dans un quartier branché, nous devrons peut-être nous limiter à la vente en ligne. Et nous ne souhaitons surtout pas ça !


Amaia
- AA : atteindre une clientèle passionnée par le shopping soit très haut de gamme, soit très ‘cheap'. Notre positionnement est différent, nous sommes une marque de créateur de grande qualité mais qui reste accessible à la plupart des porte-monnaies. Nos articles sont produits en petites quantités pour rester dans une certaine exclusivité et nous éloigner du mass market. Ici, la clientèle ne comprend pas encore très bien ce concept, où l'on peut avoir un produit de designer qui n'existe qu'en série limitée et le payer à un prix raisonnable. Les marques comme la nôtre ne sont pas connues de tout le monde et c'est ça qui leur donne de la force. Ici, quand une marque n'est pas très connue, le prix doit être identique aux produits qu'ils achètent pas cher.

(photo: Amaia Arana, créatrice de la marque Zazazou)

Etre une femme entrepreneure, ça veut dire quoi pour vous ?

- AS : beaucoup de sacrifices personnels. Pas de congé maternité, peu de vacances, beaucoup de culpabilité… On croit souvent qu'en montant son business, on va pouvoir être plus libre et passer plus de temps avec sa famille, prendre du temps off sans avoir à demander la permission à son boss, mais c'est faux. On devient esclave de son business, les choses n'avancent que si on les fait avancer soi-même, il n'y a pas d'horaires, c'est du 24h sur 24 et on se pose mille fois plus de questions ! Quand je rencontre d'autres femmes entrepreneures, j'ai beaucoup d'admiration pour elles, car je sais le courage et les sacrifices que cela implique. Etre une femme entrepreneur, cela veut aussi dire beaucoup d'entraide. Il existe plusieurs réseaux très dynamiques ici et c'est vraiment formidable.

- JL : ça veut dire casser les stéréotypes, notamment entre hommes et femmes. J'ai toujours des vendeurs et des clients qui me traitent comme une petite fille (peut-être parce que j'ai l'air jeune !) ; les faire changer la perception qu'ils ont de moi et de mon approche professionnelle demande beaucoup d'énergie.

- AA : Ça veut dire être courageuse, avancer avec ses peurs et ses envies, devoir jongler entre les différents rôles (femme, mère de famille, entrepreneur...). Tout cela n'aurait pas été possible sans l'épaule et l'oreille de l'homme qui reste dans l'ombre...

De quoi êtes-vous le plus fière ?

- AS : d'avoir monté ce business "from scratch" avec des moyens limités, de m'être battue pour le faire émerger et d'avoir décroché des contrats avec des fournisseurs qui au début me raccrochaient au nez. D'avoir constitué une équipe fidèle et impliquée. J'ai également eu la chance de trouver des investisseurs de confiance pour soutenir le projet, et surtout, de rencontrer Maëlle, mon associée depuis avril 2012, qui partage la même vision de l'entreprenariat que moi, qui s'est donnée à fond dans le projet qui n'était pas le sien au départ et avec laquelle je m'entends très bien. Il y a  tellement de boîtes qui ferment car les associés ne s'entendent plus, c'est une vraie chance !

- JL : de nos créations uniques comme Jar-O-Blooms ! Nous nous efforçons de proposer des fleurs que vous ne trouverez nulle part ailleurs !

- AA : d'avoir été capable de quitter une carrière plutôt bien tracée, pour créer une marque qui me tenait à cœur. Cela m'a permis de me remettre en question à chaque pas, de devoir “me débrouiller” avec des petits moyens, ce qui m'a rendue plus créative, cultivée et forte. Cela, plus le fait d'avoir pu profiter un maximum de temps avec ma première fille, n'a pas de prix !


Propos recueillis par Raphaëlle CHOËL (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 11 décembre 2013

 

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Publié le 10 décembre 2013, mis à jour le 8 février 2018

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