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PORTRAIT DE VIE – Julie Deveyer, l’expatriation en mode turbo

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 2 novembre 2015

Récompensée en septembre dernier dans le cadre du prix VIE 2015*, Julie Deveyer travaille depuis mars 2014 pour la société Terreal, spécialiste de la terre cuite. Itinéraire d'une jeune professionnelle qui, de la Finlande à Singapour, s'est construit en peu d'années une impressionnante expérience à l'étranger.

Quel a été votre parcours  jusqu'à ce VIE à Singapour?

J'ai fait un DUT en techniques de commercialisation à Reims. J'ai ensuite poursuivi en licence de Management achat et ventes à l'international en alternance à Nancy, au cours de laquelle j'ai réalisé une mission de sourcing en Chine et en Inde pour Carbone Lorraine (aujourd'hui Mersen). En Master1, j'ai eu l'opportunité de partir en Finlande, à Vaasa.

Comment cette expérience en Finlande s'est-elle passée ?

Pour moi, l'objectif était d'abord d'enrichir mon anglais. L'expérience a été formidable sur le plan personnel. Quand il faut vivre dans un pays qui disparaît pendant de longs mois sous 1m de neige et où la partie diurne de la journée ne dure que 3 heures, de mi-novembre à Février-mars, c'est difficile. Beaucoup souffrent de ce qu'on appelle sur place le « seasonal affective disorder (SAD) ». Sur le plan académique, ça a aussi été très intéressant de découvrir de l'intérieur le modèle finlandais. La notion d'échec par exemple n'y a pas du tout la même valeur qu'en France. En Finlande, on ne s'y arrête pas, il ne débouche sur aucun jugement sur l'individu mais simplement sur une chance de recommencer et de s'améliorer.  Enfin ça a été l'opportunité de voyager. Je suis allée jusqu'au pôle Nord, j'ai pratiqué le sauna puis la nage dans un lac gelé. Des expériences uniques.

Et après la Finlande ?

Au terme du séjour en Finlande, j'ai fait un stage d'été en Grande Bretagne. Je suis ensuite rentrée en France à Poitiers pour y terminer mes études en management international puis un stage de 6 mois à Shanghai dans une entreprise dont le patron était australien.

Pourquoi  cette envie si forte de partir?

Parce que depuis toute petite, sans doute nourrie par les récits de ma grand mère qui voyageait beaucoup, j'avais envie de voyager.  Le plus dur, c'est la première fois. Cela n'a pas été facile de partir en Finlande. Mais cela m'a beaucoup construit. A Shanghai, j'ai travaillé dans une entreprise qui organisait des évènements professionnels. Il était prévu que je sois embauchée à l'issue de mon stage, mais cela n'a pas pu se faire parce que l'entreprise a connu à ce moment là des difficultés administratives. Mais je voulais prolonger l'expérience en Chine. Je suis restée sur place en me donnant 2 mois pour trouver un emploi. Finalement, j'ai trouvé cet emploi, toujours dans l'événementiel, en moins 3 semaines. J'y suis restée 2 ans ½, m'occupant du lancement de nouveaux projets à destination des expatriés vivant à Shanghai et des entreprises françaises souhaitant s'implanter en Chine. Au terme de cette expérience, j'ai recherché un VIE car c'était le moyen de quitter l'évènementiel pour découvrir d'autres secteurs, particulièrement l'industrie. Par ailleurs, j'éprouvais le besoin de travailler dans une entreprise de plus grande dimension pour apprendre un métier.

?Comment avez-vous trouvé ce VIE ? Votre parcours déjà très international a-t-il pesé dans votre recrutement ?

J'ai trouvé cet emploi, très classiquement, via le site CIVIWEB administré par Business France, qui répertorie les offres de VIE proposées par les entreprises. Je pense que, pour ce poste,  le fait que j'avais déjà eu une première expérience professionnelle en Asie a été un critère de sélection important. Terreal cherchait une personne ayant 2 ans d'expérience professionnelle et une capacité d'adaptation a l'étranger.

Quelle est l'activité de Terreal ?

Terreal est une entreprise de 2400 employés dans le monde dont 1750 en France. Elle est le résultat du rapprochement de 3 entreprises françaises TBF, Lambert et Guiraud Frères. L'entreprise est spécialisée dans les matériaux de construction en terre cuite et crée des solutions innovantes pour l'enveloppe du bâtiment, au travers de 4 activités : couverture, structure, façade et décoration. Elle est présentée sur les 5 continents et réalise un CA de 350 millions d'euros. Le bureau de Singapour couvre une large zone comprenant l'Asie, le Moyen orient et l'Australie. A Singapour même, nous sommes bien implantés sur le marché de la tuile et suivons également des projets de façade.  

Quel est votre rôle dans l'entreprise ?

?Je suis en charge de l'Inde, où nous avons un bureau de représentation et 2 distributeurs. Je suis chargée de l'accompagnement commercial et technique, avec le support des ingénieurs basés en France et à Shanghai. Mon patron est basé en Malaisie où la société a une usine. A Singapour, je suis la seule française.

Le marché indien est énorme. Notre activité s'y est énormément développée au cours des deux dernières années, avec une quinzaine de projets de façade pour lesquels nous faisons venir les produits de France et d'Asie.

Mon rôle inclut également le développement d'affaires pour l'activité Façades en Asie du Sud Est, en Thaïlande par exemple et la gestion des aspects logistiques (expédition des différentes commandes). J'ai également pour mission la gestion des commandes de nos tuiles Malaysiennes vers le moyen orient et la Russie. Avec le départ d'un autre VIE qui était basée à Shanghai, j'ai repris la couverture de l'Océanie. C'est une bonne chose, parce que les affaires se font en français, ce qui m'impose de réapprendre le vocabulaire de la profession en français.

A quel type de difficultés êtes vous confrontée ?

Les Indiens sont plein de bonne volonté mais ils manquent parfois d'organisation. L'architecte jouit d'un prestige très important. C'est une personne à qui on ne dit jamais non. Ce qui peut entraîner un certain nombre de difficultés si on le laisse faire des demandes irréalisables. Car la terre cuite est un matériau noble, offrant de nombreuses possibilités. Pour autant, nous avons certaines limites de dimensions et formes par exemple ou sur l'offre de coloris naturels Matt et non émaillé. Il est donc important de donner en amont le maximum d'informations techniques aux commerciaux afin qu'ils évitent les demandes extravagantes. L'autre difficulté en Inde, mais c'est un classique, est que les gens veulent en général tout pour avant hier.

Votre VIE chez Terreal se termine en avril 2016. Quels sont vos projets pour la suite ?

Idéalement, j'aimerais pouvoir rester chez Terreal à Singapour. Je vis depuis 5 ans ½ en expatriation. J'adore la France, mais j'ai désormais mon quotidien à Singapour. La vie y est très douce et cela permet de faire beaucoup de voyages personnels dans la région.  Pour le moment, je n'ai pas envie de revenir en France. J'ai peur d'y perdre cette dimension multiculturelle au quotidien qui fait le charme de ma vie à Singapour. C'est aussi vrai en termes de responsabilités. Le genre de mission que j'ai eu la possibilité de conduire à Singapour, je n?aurais probablement pas pu obtenir l'équivalent en France à 27 ans.

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) ...novembre 2015

* Julie Veteyer a obtenu en 2015 le Grand Prix VIE catégorie PME (voir brève: GRAND PRIX VIE - François Vienne et Julie Deveyer récompensés ).

VIE: Volontariat International Entreprise; dispositif géré par Business France

logofbsingapour
Publié le 2 novembre 2015, mis à jour le 2 novembre 2015

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