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GERALDINE MOSTACHFI – « Le pouvoir de la photographie est immense »

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 22 mai 2013

De Hong Kong à Tokyo en passant par Londres et Singapour, Géraldine Mostachfi  a toujours fait carrière à l'étranger. De retour dans la cité-Etat depuis août 2009, elle a fait de sa passion, la photographie, son métier qu'elle met au service de causes caritatives.

Lepetitjournal.com ? Comment êtes-vous arrivée à la photographie ?
Géraldine Mostachfi ? On peut dire que j'ai un parcours atypique. Je suis titulaire d'une maitrise en langues étrangères appliquées en chinois et je suis diplômée d'une école de commerce. J'ai toujours travaillé à l'étranger dans un domaine éloigné de la photographie, j'ai d'ailleurs rencontré mon époux à Hong Kong. Nous avons vécu huit années en Asie de Tokyo à Singapour durant lesquelles je me suis formée  en autodidacte à la photographie à travers nos voyages. A la naissance de mes enfants à Londres, j'ai fait le choix de me consacrer à ce qui était devenu une vraie passion. Durant deux ans, j'ai suivi des cours à la London College of Communication où j'ai décroché un Professional Practice Photography, un diplôme permettant de devenir photographe professionnel. De retour en août 2009 à Singapour, j'ai créé mon studio et en septembre, j'ai pu démarrer mon activité.

Comment définiriez-vous votre travail ?
En photographie, je travaille principalement avec l'humain, les visages. Je ne prends quasiment que des personnes en photo, que ce soit sous forme de portraits individuels d'enfants, de portrait de famille ou encore de portrait d'entreprises. Lorsque je voyage ou me promène dans Singapour, j'aime le travail de ?reportage' : guetter les gens au téléobjectif, capturer leurs émotions, leurs regards, les prendre sur le vif. C'est dans ce genre d'images que je m'épanouis le plus.

Et comment mettez-vous les personnes à l'aise lorsqu'il y a de la peur ou du retrait ? Est-ce facile ?
La difficulté est d'instaurer un dialogue, créer un lien de confiance est alors primordial. Mettre de la musique, utiliser des  ballons ou des sucettes pour les enfants? les séances peuvent être très ludiques et lorsqu'elles s'enchainent, elles sont exténuantes. On se sent souvent vidé car la poussée d'adrénaline est constante mais lorsque l'on voit le résultat et la mine réjouie des clients? alors on ne peut être que satisfait. Offrir du bonheur à travers la photo, c'est un moment magique.

Est-ce une des raisons de votre implication dans des projets caritatifs ?
Lorsque nous vivions à Londres, j'ai une amie qui a vécu un drame personnel. Cela m'a profondément touché. Pour aider sa fondation, j'ai eu l'idée d'un projet caritatif Photos for Life qui rencontra un fort succès. C'est ainsi, que je me suis rendue compte de l'impact formidable que pouvait avoir la photographie pour lever des fonds pour une cause noble. Lors de mon arrivée à Singapour, j'ai décidé de faire perdurer ce projet. Depuis trois ans, le Lycée Français de Singapour y participe où je réalise, avec l'aide de mon assistante, des portraits individuels d'enfants de CP au CM2 dont les fonds financent des actions très ciblées, visant à l'éducation des filles au sein des associations soutenues par le Groupe Humanitaire du LFS.

L'éducation des jeunes filles vous tient à c?ur ?


En effet, depuis cette année, je suis correspondante pour l'association Couleurs de Chine qui ?uvre à la scolarisation des enfants - fillettes en tête - des minorités Miao, Dong et Yao, suivant un système de parrainage. Dans la région de Danian (Guangxi), leurs conditions de vie sont parfois difficiles. Nous en avons la preuve avec le très beau livre de Carole Turincev « Regards sur la Chine des Miao »*. Soixante photos prises sur le vif lors de son voyage qu'elle a effectué à l'automne 2011. A travers son objectif, Carole - qui a vécu à Singapour et qui est par ailleurs marraine de l'association- témoigne de la vie quotidienne de ces populations, dans des paysages exceptionnels, reculés du monde urbain. Tous les bénéfices de la vente de cet ouvrage sont reversés à l'Association Couleurs de Chine. Dans les pays pauvres, quand une famille a la possibilité de scolariser un enfant, c'est le garçon qu'elle choisit. La fille, dès la prime enfance, est reléguée aux tâches domestiques, puis doit travailler pour aider les siens. C'est notamment le cas en Asie. Scolariser les enfants et en particulier les petites filles d'aujourd'hui, c'est leur donner une vie, c'est sauver les femmes qu'elles deviendront demain.

Avez-vous un matériel photo fétiche ?
J'ai conservé mon 1er appareil photo que j'utilise toujours lorsque je donne mes cours. C'est un argentique, un Nikon F90x. Depuis le début, je suis fidèle à cette marque dont j'apprécie la prise en main et je travaille désormais avec un D800. J'ai de nombreux objectifs, mais mon préféré est une "prime Lens" F 1.2 qui permet des profondeurs de champs très réduite, et une très grande luminosité. C'est une merveille.

De mai 1997 à décembre 2001, vous avez travaillé à Singapour, c'est donc votre deuxième séjour dans la cité-Etat. Quel est votre regard sur son évolution ?
La cité-Etat comptait 3 millions d'habitants, il n'y avait aucun embouteillage et un vide culturel immense. A l'époque, il n'existait que le Food Festival ! J'apprécie donc le choix dans les programmations culturelles et l'envergure que Singapour a prise tant sur le plan régional qu'international. J'aime beaucoup emmener mes élèves à Marina Bay la nuit. La réflexion dans l'eau des lumières est d'une beauté continuelle, on peut prendre une photo différente à chaque fois. Cette baie est un vrai coup de c?ur photographique !

Propos recueillis par Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) mercredi 22 mai 2013

*Informations sur l'association Couleur de Chine et achat du livre auprès de Géraldine

 

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Publié le 21 mai 2013, mis à jour le 22 mai 2013

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