Édition Singapour

JULIETTE MARECHAL PROT - Une française dans le paysage de Singapour

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 24 février 2013

Architecte Paysagiste, Juliette Maréchal Prot a fait le choix d'exercer son métier en Asie. Installée à Singapour depuis 9 ans, elle a travaillé à l'aménagement de nouveaux jardins et parcs et supervise depuis 3 ans la transformation, en rivières et plans d'eau, des systèmes de drainage de la cité-Etat.

Juliette Maréchal est une jeune femme déterminée. Lorsqu'elle entreprend des études de paysagisme à Paris en 1991, elle le fait avec une idée précise, celle de  travailler dans une grande agence.

Dès sa première expérience, elle rejoint Latitude Nord, l'agence de Gilles Vexlard, un grand nom du paysagisme, créateur du parc de Munich Riem en Allemagne.

Shenzhen, Hong Kong et Singapour
Mais comme si la France n'était pas un terrain de jeu assez stimulant, elle décide en 2002 de larguer les amarres. Destination : Shenzhen ! "Je suis partie, se souvient-elle, parce qu'après ma première expérience, je n'avais aucune perspective en France. Je n'avais pas envie de me répéter, ma vie durant, sur des projets assez semblables. J'avais envie de faire autre chose". A Shenzhen, elle rejoint une agence d'architectes franco-chinoise. Mais le passage reste bref. De Shenzhen elle gagne Hong Kong. Puis elle revient en France ou elle travaille, pendant 2 ans, à l'Atelier de L'Ile, sur des projets de réaménagements urbains.

En 2004, Juliette part à Singapour avec son mari dont la société ouvre un bureau régional. Elle trouve rapidement un emploi dans le cabinet Cicada. A la naissance de sa fille, elle s'arrête pendant 1 an. Puis elle est embauchée par le National Park de Singapour où elle travaille à l'aménagement des nouveaux parcs connecteurs : "Un contexte intéressant, dit-elle, mais il s'agissait, la plupart du temps, de petits projets pour lesquels nous disposions de peu de moyens et qui ne laissaient guère d'ouverture à la créativité". Exit donc les parcs nationaux. Fin 2009, Juliette est embauchée par PUB, l'Agence Nationale de l'Eau, dont la mission est d'assurer, à Singapour, la collecte, le traitement, le stockage et la distribution, puis le traitement des eaux usées. Un poste d'observation privilégiée car il est rare qu'une Occidentale ait ainsi la possibilité de travailler dans une agence gouvernementale. "L'avantage, souligne Juliette, c'est que quand vous avez une expertise qu'ils reconnaissent, les gens vous font confiance. C'est aussi très intéressant d'être ainsi vraiment intégrée dans la vie de Singapour".

Le paysagisme à Singapour
"Mon rôle, en tant qu'architecte paysagiste, explique Juliette, est de réfléchir à la fonctionnalité et à l'intégration dans le paysage de ces énormes canaux, les drains, conçus pour l'évacuation et la récupération de l'eau. J'y travaille en relation avec des consultants extérieurs, spécialistes de l'engineering ou paysagistes. J'ai par exemple participé, pour la partie design, à la transformation du drain en rivière dans le parc Bishan. L'aménagement des drains doit répondre à des critères esthétiques, puisqu'il s'agit de réaliser une intégration harmonieuse des drains dans le paysage, mais il faut aussi rester extrêmement vigilant sur la sécurité et la fonctionnalité des canaux. Le problème à Singapour est lié à la croissance de la population qui entraîne, dans le mouvement de densification urbaine, la disparition de jardins et espaces verts. Car ces jardins jouaient un rôle dans l'absorption de l'eau. Quand le béton remplace la terre, l'eau n'est plus absorbée, il faut donc concevoir des systèmes d'évacuation performants. PUB a acquis dans ce domaine une expertise reconnue qui lui vaut d'être régulièrement sollicité pour des missions à l'Etranger. PUB intervient ainsi en Chine pour l'aménagement des systèmes de collecte, de distribution et de traitement des eaux dans les villes nouvelles".

Les singapouriens sont vigilants
"Ce qui est remarquable à Singapour, poursuit Juliette, c'est que les gens veillent. Pour des projets gouvernementaux, ils n'hésitent pas, quand ils ne sont pas satisfaits, à adresser leurs plaintes car ce sont les taxpayers qui paient et ils ne veulent pas que l'argent soit gaspillé. Les gens sont très pragmatiques. Le rapport a l'esthétisme n'est pas le même qu'en Europe. Quand on installe des bancs, ce qui importe en premier lieu c'est que les bancs soient des bancs. Par ailleurs les interactions entre les maitres d'?uvre et les différentes parties prenantes, à commencer par le grand public, sont très fortes. On est sans cesse comptable de ce que l'on fait. Singapour prend vraiment au sérieux les besoins de ses citoyens. Les gens sont exigeants. Les hommes politiques s'engagent dans la durée. D'ailleurs le suivi des projets ne s'arrête pas quand ils sont terminés. On continue de faire des études pour comprendre comment les équipements sont utilisés et quels sont les points à améliorer".

Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com-Singapour) lundi 25 février 2013

 

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Publié le 24 février 2013, mis à jour le 24 février 2013

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