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Une année de coopération touristique et culturelle avec la Chine

À l’occasion de l’année franco-chinoise du tourisme culturel, une programmation exceptionnelle va célébrer en 2024 les liens artistiques et renforcer la coopération culturelle entre les deux pays.

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Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 28 février 2024, mis à jour le 6 mars 2024

C’était un geste fort. En 1964, sous l’égide du Général de Gaulle et du président Mao Tsé-Toung, la France et la Chine rétablissaient leurs relations diplomatiques, jetant ainsi les bases d’une politique de coopération. A l’occasion du 60e anniversaire de cet événement, les deux pays lancent en 2024 l’année franco-chinoise du tourisme culturel avec, à la clé, une programmation dans laquelle toutes les formes d’art seront convoquées, pour partir à la découverte des patrimoines culturels des deux pays.

Cette année s’est ouverte le 5 janvier dernier, lors du Festival de sculptures sur glace et de neige de Harbin, lors duquel une reproduction glacée de Notre-Dame de Paris a été installée près de celle du Temple du Ciel de Pékin. Elle se poursuivra dans l'Empire du Milieu avec une exposition du château de Versailles au musée du Palais à la Cité interdite et deux du Mobilier national. La musique française s’exportera avec des représentations du Ballet de l’Opéra national de Bordeaux et une tournée des comédies musicales françaises. Enfin, le public chinois pourra également redécouvrir des classiques français, comme Les Misérables mis en scène par Jean Bellorini et Les Fourberies de Scapin de la Comédie-Française.

Des institutions culturelles françaises ont également organisé des événements mettant en lumière la scène culturelle chinoise. C’est le cas du Centre Pompidou avec une exposition collective consacrée à la jeune scène contemporaine. Le musée Guimet, lui, propose plusieurs temps forts sur toutes les périodes artistiques. Pour ces deux institutions, cette année est l’occasion de poursuivre les actions de coopération culturelle entamées avec la Chine.

 

Au Centre Pompidou, un partenariat tout en réciprocité avec le West Bund Museum de Shanghai

En 2019, le Centre Pompidou a lancé avec le West Bund Museum de Shanghai un partenariat inédit, différent de l’ouverture d’une antenne comme ce fut le cas à Malaga en 2015. « L'idée a été d’anticiper une tendance de coopération entre deux institutions mises sur le même plan plutôt que de vouloir mettre en avant l'image de marque du Centre Pompidou », explique Paul Frèches, directeur délégué du Centre Pompidou X West Bund Project et représentant du Centre Pompidou en Chine. Ainsi, le West Bund Museum, musée public qui dépend d'un district de la municipalité de Shanghai, reste autonome tout en bénéficiant d’échanges avec l’institution parisienne.

Depuis le début de la coopération, trois expositions semi-permanentes ont été organisées sur le temps, les objets et les portraits, tournant tous les dix-huit mois. Elles présentent à chaque fois les collections du Centre Pompidou. « Nous essayons d’être, autant que nos collections nous le permettent, en adéquation avec le contexte local et veillons à intégrer autant que possible des œuvres qui vont permettre au public chinois d'avoir des clés et la possibilité de se projeter dans le récit. Il y a, du côté du partenaire, une vraie attente pour ce décentrement. Les conservateurs embarqués sur ces projets à Shanghai vont finalement faire des recherches dans des directions qui n'auraient pas forcément été évidentes », souligne Paul Frèches. L’exposition sur le portrait compte plusieurs œuvres d'artistes chinois et la rétrospective de Kandinsky, première du genre dans le pays, inclut des bronzes anciens chinois du musée de Shanghai, que l’artiste, passionné par les cultures d'Asie et d'Extrême-Orient, aurait pu voir de son vivant. Enfin l’exposition sur le surréalisme donne l’occasion de faire des rapprochements avec des peintres chinois de la dynastie Song d’il y a pratiquement mille ans, avec là encore, des prêts de peintures et de calligraphies du musée de Shanghai. Le partenariat porte également sur la médiation avec un espace de 400 mètres carrés pour les enfants avec des expositions sous forme d’adaptations et de reproductions d’œuvres parisiennes. Enfin des formations sont animées par les équipes du Centre à Paris pour leurs homologues chinois sur la programmation, l'étude des publics, le développement international ou encore le mécénat.

Cette réciprocité dans les échanges se retrouve dans cette année franco-chinoise de tourisme culturel avec, du 9 octobre prochain au 3 février 2025, une exposition collective consacrée à la jeune scène contemporaine chinoise au Centre Pompidou. Elle réunit une vingtaine d’artistes émergents nés ou qui ont grandi entre la fin des années 1970 et le tout début des années 1990 lors de la période de l'ouverture et des réformes, qui a succédé à l’ère Mao. « C’est une période d'ouverture du pays sur l'extérieur et de développement économique qui a constitué une étape particulière dans l'histoire de la Chine au XXe siècle », complète Paul Frèches. Ils succèdent à ceux présentés il y a vingt ans lors d’une exposition à l'occasion des 40 ans de l’établissement des échanges diplomatiques entre la France et la République populaire de Chine. « Il s’agit d’une autre génération avec une optique beaucoup plus internationale. Elle fait le lien avec celle née dans les années 90 qui a grandi dans une Chine plus structurée avec un marché de l'art, des musées, des galeries et la possibilité pour un artiste de se professionnaliser. » En novembre dernier, le partenariat Centre Pompidou X West Bund Museum Project a été renouvelé pour cinq ans avec toujours, l’objectif d’approfondir les liens artistiques et historiques entre les scènes européennes et chinoises.

 

Le musée Guimet à l’heure chinoise

Au musée Guimet, c’est une année 100 % Chine qui se profile. Le musée national des arts asiatiques, riche d’environ 15 000 œuvres venues de l’Empire du Milieu, organise plusieurs expositions retraçant la diversité de l’art chinois. « Elles ont toutes pour point commun la Chine, avec une grande variété de thèmes et de types d'œuvres : peinture, porcelaine, orfèvrerie, objets précieux ou statuaire », explique Vincent Billerey, administrateur général du musée.

Ainsi, c’est un véritable voyage dans le temps qui va être opéré par le musée parisien avec un retour sur l’histoire de la puissante dynastie Tang du VIIe au Xe siècle, un autre sur l’orfèvrerie à la cour des Ming et une exposition sur la porcelaine chinoise du VIIIe au XVIIIe siècle axée sur la couleur avec plus d’une centaine de pièces monochromes. L’établissement fera également la part belle aux créateurs d’aujourd’hui. « Nous voulions apporter une dimension contemporaine à cette programmation », poursuit Vincent Billerey. Ainsi, comme un fil rouge tout au long de l’année, Guimet a fait appel à l’artiste originaire de Shanghai Jiang Qiong-er pour « Gardiens du temps », une installation monumentale qui habillera le musée de grandes voiles rouges au milieu desquelles surgiront des figures mythologiques d’inspiration chinoise générées par intelligence artificielle. D’autres installations seront également prévues dans le musée, notamment celle d’un immense filet brodé d’inscriptions rédigées par soixante femmes chinoises dans un langage vieux de 3 000 ans à l’origine exclusivement réservé aux femmes. L’auditorium accueillera également des concerts, spectacles de danse, projections de films et de documentaires.

Cette année de coopération permettra également de développer l'attractivité pour les touristes chinois. Le musée se lance dans un grand travail sur la médiation écrite pour produire des panneaux de salle systématiquement traduits en mandarin et travaille également sur des partenariats touristiques aves des opérateurs. Il renforce également sa présence sur des réseaux sociaux populaires en Chine : Little Red Book – l’équivalent chinois d’Instagram – et Weibo. Guimet maintient enfin des relations avec plusieurs musées de Chine avec un projet d’accord avec le musée national de Chine et le musée du Palais à Pékin dans la Cité interdite ainsi qu’avec l’Académie de Dunhuang.

Le Mobilier national a également prévu une riche programmation pour cette année franco-chinoise du tourisme culturel. L’exposition « Les Palais disparus de Napoléon », organisée en 2021 dans le cadre du bicentenaire de la mort de Napoléon s’exporte dans un premier temps dans deux établissements chinois : les Meet you museum de Pékin et Shanghai. Elle évoquera l'ameublement des Palais des Tuileries, de Saint-Cloud et de Meudon du temps de Napoléon Bonaparte, au XVIIIe et XIXe siècle avec des meubles d'apparat, des objets d'art et des éléments décoratifs de l'époque. Le prestigieux Bund 33 de Shanghai accueillera l’exposition « Le Chic ! Arts décoratifs et mobiliers français » avec des œuvres de la collection du Mobilier national de l’Art déco du XIXe siècle. Enfin, le Mobilier national et l’ambassade de France en Chine s’associent dans le cadre du programme de résidence en métiers d’art en France. Hao Zhenhan, un artiste designer basé à Jingdezhen, va bénéficier d’une résidence pour mener à bien son projet de recherche en France et partir à la découverte des manufactures nationales dès ce printemps.

Le château de Versailles co-organise quant à lui « Versailles et la Cité interdite » avec le Musée du Palais à la Cité interdite, soit une exposition consacrée aux échanges et inspirations mutuelles entre la France et la Chine à l’époque de Louis XIV et de l’empereur Kangxi. Cet événement marquera l’inauguration du festival culturel franco-chinois « Croisements 60 ».

 

Un article du Ministère de la culture

 

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