Deux petits livres, une seule auteure ?chilienne, linguiste, poète et enseignante? pour décrypter d'une part le «parlé» national, puis 703 exemples dans leur contexte pour saisir toutes les nuances des atténuations, sujet de thèse de Juana Puga. Celle-ci a réussi quelque chose nada de fácil ?pour reprendre l'un des exemples? avec ces ouvrages clairs, drôles et instructifs
Préambules
Ainsi Juan Puga qui débarquant à la faculté de Philologie de Valence en 1997 a eu tout le loisir de mesurer le fossé entre l'espagnol ibérique et le sien, a recensé, les méandres du chiliens, dont elle pense qu'il est forgé par le désir de ne pas envahir le territoire de l'autre. Il en va ainsi du curieux préambule: ¿te puedo hacer una pregunta? qui amorce en général une demande de renseignements, là où un Espagnol ?et d'ailleurs même un Français? poserait directement sa question. La chercheuse a classé les atténuations par types; des fausses affirmations: me voy yendo (je commence à partir, sous-entendu si tu veux que je reste, retiens moi), aux généralisations avec le uno (les gens) pour éviter le je, en passant par la litote : una cantidad de plata no menor (pour dire en réalité beaucoup d'argent) ou les périphrases: existe la posibilite de que (il est bien possible que?) et encore les adverbes diminutifs: como (estoy como cansado / je suis un quelque peu fatigué), medio (ando medio bajonia'o (ça va pas très fort). Au total,
Modestie
Mais pourquoi tant de précautions dans le langage des Chiliens? En autres raisons, la chercheuse tente une explication historique: la colonisation espagnole aurait incité les habitants -de toute l'Amérique Latine en réalité- à masquer jusque dans le langage, leurs croyances religieuses et traditions, par peur des châtiments. Trois siècles plus tard, les personnes en bas de l'échelle sociale nuancent, atténuent, minimisent toujours, surtout lorsqu'elles s'adressent à un «supérieur», dans cette société que chacun s'accorde à reconnaître comme classiste. L'exemple préférée de l'auteur aussi caractéristique qu'exaspérant? No sé si quiero ir a tu casa (comprenez : je n'ai PAS envie d'aller chez toi).
S. R (www.lepetitjournal.com/santiago) vendredi 29 novembre 2013
*Cómo hablamos cuando hablamos: La atenuación en el castellano de Chile (Comment parle-t-on lorsque l'on parle. L'atténuation dans l'espagnol du Chili) Ed. Ceibo
** Cómo hablamos cuando hablamos: Setecientos tres ejemplos de atenuación en el castellano de Chile (Comment parle-t-on lorsque l'on parle: Sept cents trois exemples d'atténuation dans l'espagnol du Chili) Ed. Ceibo