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AUTODÉFENSE - La vente d’armes, un marché porteur

Écrit par Lepetitjournal San Salvador
Publié le 28 février 2016, mis à jour le 29 février 2016

Depuis la fin de la guerre civile, El Salvador est entré dans une spirale de la violence qui, au vu des ventes d'armes dans le pays, n'est pas près de s'arrêter.

 Une autre guerre après la guerre civile

Avec la signature des accords de paix en 1992, on aurait pu espérer que le El Salvador allait enfin retrouver une vie paisible. Hélas, comme dans d'autres pays en post-guerre, et malgré une incitation à se débarrasser des armes en leur possession, les Salvadoriens sont restés armés et n'ont donné que de vieux tromblons déjà hors d'usage. Les soldats démobilisés et les guérilleros au chômage ont fait alliance contre-nature pour former les groupes armés qui ont précédé le phénomène des pandillas qui, elles, sont arrivées plus tard. La population n'aura connu aucun répit depuis le début de la guerre en 1979. Les civils qui étaient armés ont gardé leurs armes, et ceux qui ne l'étaient pas se sont équipés.

Un marché en expansion

Déjà l'année 2010 avait été une année bénie pour les importateurs et les vendeurs d'armes à feu: un bond de 37% pour les ventes. Une aubaine. Et depuis, le phénomène ne fait que se confirmer. Même l'année de la Tregua (la trêve entre les deux principaux gangs) n'a provoqué qu'un léger fléchissement du marché.  Ce sont en moyenne 11.000 armes nouvelles qui sont enregistrées chaque année. 

Qui  achète? Qui vend?

Même si une arme coûte cher (entre 350 et 1500 dollars pour une arme de poing, 3 fois plus cher qu'aux États-Unis), 7.000 armes ont  été enregistrées par des particuliers à la mi-juillet 2015. Si les gangs achètent au marché noir (un ancien officier supérieur est en prison pour avoir vendu des armes aux pandillas), les particuliers se tournent vers des boutiques qui ont pignon sur rue. Le climat d'insécurité, et non pas l'impression d'insécurité, pousse de plus en plus de citoyens à s'armer. Il existe dans le pays 25 importateurs d'armes. Toutes les marques sont représentées. Un importateur propose même le seul stand de tir souterrain de la capitale. Les Pages jaunes donnent une vingtaine d'adresses de vente, réparation, customisation d'armes à feu. Seule restriction, les vendeurs se réservent le droit de vente à des personnes honorables.  Le site de l'Armée donne les informations sur les conditions d'acquisition. Des forums donnent des prix, des adresses, des conseils même pour savoir où viser selon que l'on veut tuer sont agresseur ou simplement l'envoyer à l'hôpital. 

Interdire le port d'arme

Au El Salvador, 80% des crimes sont perpétrés à l'aide d'une arme à feu. Les gangs quant à eux n'ont que faire d'une règlementation restrictive. Depuis des décennies il est question d'interdire le port d'arme. Mais c'est le même serpent de mer qui voudrait interdire les vitres polarisées sur les véhicules automobiles: pourquoi interdire aux particuliers ce que l'on autorise aux élites? Réponse : statu quo depuis 25 ans.

Jean-Jacques Sutra (www.lepetitjournal.com/sansalvador) lundi 29 février 2016

lepetitjournal.com san salvador
Publié le 28 février 2016, mis à jour le 29 février 2016