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LEGISLATIVES - Interview de Sergio Coronado, député sortant

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 1 juin 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

 

 

Sergio Coronado est notre député sortant et se porte à nouveau candidat aux législatives pour la 2e circonscription. Lepetitjournal.com vous propose de revenir sur ses motivations et ses projets. 

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous rappeler votre parcours et nous préciser quelles ont été vos motivations pour entrer en politique ?

Sergio Coronado : Je suis né au Chili et ai grandi en Argentine. À l'époque ces deux pays ont été victimes de coups d'État militaires. La France a accueilli ma famille, et je suis devenu français en 1994. J'ai fait des études d'Histoire et de science politique. Après la publication de la biographie d'Ingrid Betancourt chez Fayard, et l'obtention d'une bourse de recherche, je suis parti vivre en Colombie. C'est à cette époque que les écologistes et les socialistes ont proposé mon nom pour être candidat aux législatives de 2012.

Mon engagement politique est lié à la fois à mon histoire familiale, ma famille a été réfugiée politique, mais aussi à la prise de conscience des conséquences de l'activité humaine sur l'état de la planète. L'écologie, fut, et reste, le moteur de mon engagement politique.

Entre votre activité parlementaire à Paris et votre circonscription, comment avez-vous réparti votre temps ?

Je suis membre de la commission des lois, la commission la plus active de l'Assemblée nationale puisqu'elle est la porte d'entrée du processus législatif de presque la moitié des textes de loi débattus et votés. J'ai été classé parmi les plus actifs de l'Assemblée, comme le sont à tous les niveaux les élu·e·s écologistes, notamment car nous prônons le non-cumul des mandats. J'ai organisé mon temps pour être un député présent au Palais Bourbon et présent en circonscription.

La deuxième circonscription des Français·e·s établi·e·s en Amérique latine et dans les Caraïbes regroupe trente-trois pays. Dix jours par mois, et une grande partie de mes congés ont été consacrés à la circonscription : permanences parlementaires, visites des établissements scolaires, des Alliances françaises, des acteurs économiques, des maisons de retraite comme à Rio, ou récemment à Sao Paulo, rencontres avec les associations de notre communauté, avec les entreprises, et des réunions d'échanges toujours ouvertes. Avec la réserve parlementaire, j'ai financé dans la circonscription des nombreux projets associatifs, ?uvres sociales, Alliances françaises ou encore des chambres de commerce. J'ai également suivi avec attention la situation des établissements scolaires comme par exemple à Rio ou nous avons connu une tentative de déconventionnement du lycée Molière. 

J'ai eu la chance d'accompagner les visites ministérielles, et présidentielles dans le continent et notamment au Brésil. Mais c'est une répartition qui n'est pas figée car dans mon activité quotidienne, représenter nos compatriotes a été une priorité et notamment en facilitant les relations avec les administrations dans le domaine fiscal, ou social (bourses, certificat de vie, etc.).

J'ai tenté de ne jamais me limiter aux capitales ou aux grandes villes. Au Brésil, je me suis rendu à Natal pour visiter la communauté, l'école et l'alliance française. Je suis allé aussi à Joao do Campo? On ne peut pas représenter correctement ses compatriotes si on ne vient pas à leur rencontre. 

Pensez-vous avoir pu faire entendre la singularité de la voix des Français de l'étranger à l'Assemblée ?

Cela a été ma préoccupation principale. Il a fallu combattre les stéréotypes. Nous ne sommes pas des exilé·e·s fiscaux·les, ou des Français·e·s vivant dans l'opulence. Nous sommes une communauté à majorité binationale, qui vivons parfois et bien souvent dans les conditions des pays de résidence. Il a fallu expliquer l'importance de l'offre éducative française pour notre communauté, batailler contre certaines injustices fiscales dont nous sommes toujours victimes. La présence française exige un engagement, notamment financier. Couper dans les budgets a des conséquences dans l'accompagnement des plus fragiles d'entre nous, dans l'accueil consulaire, dans l'accès à l'éducation. Nous sommes une richesse pour la France, nous la représentons et sommes aussi des ponts entre les cultures. Nous incarnons une ouverture au monde, un brassage.

En quoi les Français de l'étranger ont évolué ces 5 dernières années ? Quelles sont leurs préoccupations principales aujourd'hui ?

Il y a des réalités pérennes. Nous sommes dans la circonscription une communauté très intégrée, à forte majorité binationale. Nous avons une présence solide avec le réseau éducatif et culturel, une présence économique avec nombre de grandes entreprises et un dynamisme croissant des petites entreprises notamment dans le net. Il y a une plus grande mobilité, avec les programmes VIA et VIE, les échanges universitaires mais aussi avec les visas vacances travail et l'accord de sécurité sociale qui a été votée. 

Les préoccupations demeurent avec en tête l'éducation, la mobilité au sens large (certificat de vie, délais de carence lors du retour en France, protection sociale), et bien sûr la fiscalité. Mais nous sommes aussi des citoyen·ne·s à part entière, et le fait de vivre à l'étranger ne résume pas nos centres d'intérêt. La prise de conscience de la crise climatique et l'intérêt pour l'écologie ont progressé, de la même façon, nous avons une plus grande exigence de transparence, et rejetons plus fortement la corruption. 

Quels projets vous semblent les plus importants à défendre si vous êtes réélu ?

La transition écologique et la lutte contre le changement climatique, cela doit être une priorité, ainsi qu'une loi de modernisation de la démocratie et de moralisation de la vie publique. Les derniers scandales sont insupportables et alimentent le rejet de la politique et de la démocratie.

Il faut également continuer à faciliter la vie à l'étranger avec la mise en place de plates formes de service qui facilitent les démarches administratives (avec la dématérialisation notamment, la mise en place d'un guichet fiscal unique), tout en conservant des personnels consulaires car l'accueil passe d'abord par ce contact humain. Renforcer aussi la mobilité, avec des accords bilatéraux, des programmes d'échanges, une réflexion sur les conditions de retour en France (il faut en effet supprimer le délai de carence). 

Je crois enfin que renforcer l'action culturelle à l'étranger est aussi très important. C'est notre présence et notre rayonnement, à l'instar du réseau éducatif qui doit bénéficier des moyens nécessaires à son développement.

Combien de fois êtes-vous venu à Rio pendant votre mandat? Qu'est ce qui vous a marqué et qu'avez vous appris à Rio?

Je suis venu des dizaines de fois à Rio, j'ai appris à connaître la ville grâce notamment à l'aide des élu·e·s. Françoise Lindemann et Romaric Sulger Buel, conseiller·e·s consulaires aujourd'hui disparu·e·s, et Bertrand Rigot Muller, ancien élu à l'Assemblée des Français·e·s de l'étranger, ont été de merveilleux·ses guides pour appréhender Rio, « a cidade maravilhosa ».

J'ai découvert la diversité et la richesse de la communauté, son dynamisme notamment dans le tourisme, sa générosité. J'ai noué des liens avec les associations qui animent la vie locale et ont des actions dans les quartiers les plus défavorisés. J'ai visité la maison de retraite de l'Association française de Bienfaisance à plusieurs reprises. 

La crise économique a rendu la vie de nos compatriotes plus difficile. Certains partent ailleurs, tant la situation du pays et de la ville de Rio paraissent parfois préoccupantes. J'ai porté une attention particulière aux jeunes entrepreneurs·ses et à la vie du lycée Molière, comme à celle des Alliances. J'y compte aujourd'hui de nombreux·ses ami·e·s. J'ai appris que la ville offre une variété musicale, culturelle. J'ai rencontré des Français·e·s talentueux·ses comme le photographe Vincent Rosenblatt qui photographie les traditions du carnaval.

Combien de fois êtes-vous venu à Sao Paulo pendant votre mandat?Qu'es ce qui vous a marqué et qu'avez vous appris à Sao Paulo?

Je suis venu plusieurs dizaines de fois dans cette ville que je connaissais déjà et que j'apprécie toujours autant. Elle vous donne une énergie incroyable. C'est une ville dynamique à l'image de la communauté. Je suis venu comme député, mais aussi dans la délégation du Président de la République et les délégations ministérielles. Le lycée, les Alliances, les entrepreneurs·ses, et les associations ont toujours constitué le c?ur de mon programme. Je regrette la fermeture de la maison de retraite de la Bienfaisance, que j'aimais.

J'ai découvert un tissu associatif très dynamique, notamment lors de l'organisation de la Franco Festa. J'y ai assisté deux fois et je pense qu'il faudrait relancer cette initiative qui était un moment de grande convivialité. Lors de ma dernière visite, je suis allé voir les activités de l'association franco-brésilienne Arco do Saber, que j'avais pu aider dans le cadre de la réserve parlementaire.

Je crois que Sao Paulo vous enseigne à aller vite, à être réactif, à toujours aller de l'avant. C'est ce que je retiens de mes rencontres notamment avec les entrepreneurs·ses. J'ai appris aussi que le Brésil ne se résume pas à Sao Paulo. Je suis allé au nord et au sud, et ce pays continent offre de grands contrastes.

Propos recueillis par Mareeva SIBERT (www.lepetitjournal.com - Brésil) jeudi 1er juin 2017

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Publié le 1 juin 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

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