Envisager l'après nickel, un enjeu écologique et économique pour la Nouvelle-Calédonie. L'industrie liée au Nickel n'est pas sans impact sur l'environnement surtout lorsque les donneurs d'ordres ne respectent pas leurs engagements en terme de revégétalisation par exemple ou qu'ils négligent leur maintenance.
Une nature défigurée par l'industrie du nickel
Les montagnes de la Nouvelle-Calédonie conservent les cicatrices des décennies d'extraction du Nickel de son sol. La terre est meurtrie. Aujourd'hui, c'est aussi son magnifique lagon classé au patrimoine mondial de l'UNESCO qui est menacé. Certains complexes industriels sont tellement à risque qu'ils sont qualifiés de « bombes écologiques». L'industrie n'est toutefois pas le seul risque pour l'environnement : l'année dernière les plages de Nouméa ont été fermées de très nombreuses fois pour cause de pollution à la matière fécale, entre autres. De quoi se poser des questions tout de même sachant que l'origine de ces pollutions n'a pas été divulguée.
Plus près de nous, les importantes inondations de l'année dernière sur la commune de Houaïlou sont en partie dues à des mines dites orphelines, c'est-à-dire qu'elles ne sont plus exploitées depuis longtemps. Or, à ce jour, la revégétalisation des sites, pourtant obligatoire, n'a pas été réalisée.
Une biodiversité unique
La biodiversité calédonienne est l'une des plus belles au monde et l'on y trouve un nombre important d'espèces endémiques. Certaines ne peuvent être trouvées que dans des lieux uniques sur le territoire. Par ailleurs, les richesses dont regorge la barrière de corail sont importantes pour la biodiversité.
Dernièrement suite à un commentaire laissé sur la page Facebook d'un organisme engagé dans la protection de l'environnement faisant état de la situation environnementale de la Calédonie, il avait été répondu que la population n'était vraiment pas si mal lotis comparé à d'autres pays.
Il est vrai que si l'on prend du recul, on se rend compte que le « Caillou » est magnifique et pas encore trop pollué. C'est pourquoi il apparaît important d'en prendre soin. La nature y est encore à peu près préservée et les dégâts environnementaux pas encore irrémédiables. Il est donc temps d'agir.
La crise du Nickel, un tournant écologique à envisager
La crise du Nickel apparaît comme le bon moment pour que la population calédonienne se pose les bonnes questions. Ne serait-ce pas un mal pour un bien ?
A la crise, s'ajoute le fait que le Nickel n'est pas éternel. Que se passerait-il si demain l'industrie minière s'arrêtait en Nouvelle-Calédonie ? Que deviendraient ces usines récentes et anciennes ? Il apparaît impensable de laisser ces infrastructures à l'abandon sur un territoire aussi petit, en plein milieu de l'Océan Pacfique. Leur démantèlement et leur recyclage seraient indispensables.
Il y aurait là une opportunité pour la Nouvelle-Calédonie de développer de nouvelles compétences à l'instar de ces hommes et ces femmes en Afrique qui rivalisent d'ingéniosité dans le domaine du recyclage et de développer ce savoir-faire qui pourrait servir d'exemple pour le reste du monde, tout du moins pour la région Océanie.
Vers un tourisme agro-écologique
Le tourisme est très compliqué ici. Il n'a jamais vraiment décollé et ce malgré toutes les initiatives gouvernementales. Les billets d'avion sont hors de prix, des hôtels 5 étoiles poussent presque comme des champignons mais ne sont jamais remplis car ils sont seulement des outils fiscaux. Ils se dégradent très rapidement car construit au rabais et peu ou pas entretenus. Les retombées économiques de ces établissements sont minimes. Pour faire simple, le tourisme en Nouvelle-Calédonie y est quasiment inexistant si on le compare à celui de la Polynésie, par exemple.
De plus en plus de personnes dans le monde recherchent aujourd'hui de l'authentique et surtout des activités proches de la nature. C'est une richesse inestimable que détient dans ce domaine la Nouvelle-Calédonie. Le développement d'un tourisme agro-écologique ou encore appelé éco-tourisme est tout à fait envisageable. 88% des plantes y sont endémiques et la biodiversité y est extraordinaire. La permaculture est une méthode de culture que pratiquent déjà les Kanaks de façon instinctive. Ce que l'on appelle le « jardin kanak » n'est autre qu'un lieu où sont mises en terre des plantes qui vont pousser toutes seules quasiment sans l'aide de la main de l'homme.
Le territoire de la Nouvelle-Calédonie constitue un immense potentiel au niveau environnemental et la conjoncture économique pourrait être une magnifique opportunité pour le « Caillou » de se faire connaître dans le Monde et devenir un précurseur voire un exemple à suivre en matière de recyclage, de culture agricole durable et en matière d'environnement d'une façon générale.
David Rizet-Blancher (www.lepetitjournal.com/nouvelle-caledonie) - lundi 4 septembre 2017 (article déjà publié le jeudi 16 février 2017)