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Kera Till, l’illustratrice munichoise qui a la culture française à coeur

L’élégance de ses dessins ne vous laissera pas indifférent. Il est d’ailleurs fort probable que vous les ayez déjà vus quelque part. Ladurée, Faber-Castell, Cartier ou encore Chanel, ce ne sont que des exemples des grandes maisons avec lesquelles Kera Till travaille. Elle sera invitée du prochain événement networking municité, le 12 juin prochain.

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Écrit par Emma Granier
Publié le 14 mai 2024, mis à jour le 14 mai 2024

Depuis 15 ans, elle a fait de l’illustration pour les grandes maisons de luxe son métier pourtant sa carrière n’était pas toute tracée. “Je n’ai pas un parcours linéaire, classique. Pourtant aujourd’hui, si je fais le bilan, je me rends compte qu’il y avait des raisons à tous ces détours.” A 17 ans, elle obtient son bac au lycée Jean Renoir de Munich, une tradition familiale. Le français coule en effet dans la famille. 


Une famille franco-allemande sur quatre générations

Elle nous explique que sa grand-mère maternelle était française et qu’elle est venue s'installée à Munich pendant la guerre froide, car son mari, réfugié bulgare qu’elle avait rencontré à Strasbourg, avait obtenu un poste de journaliste à la radio Free Europe basée à Munich. Ils ne pensaient pas rester longtemps en Allemagne, mais ils y sont finalement restés toute leur vie. Leur fille étudie au lycée français, comme leur petite-fille, Kera Till, et leurs arrières-petits-enfants aujourd’hui.

Suivre ce cursus français permet donc de garder la richesse de cet héritage. “Je suis la deuxième génération qui vit en Allemagne et parle français. C’est la preuve qu’on peut vraiment être bi-culturel grâce à cette école. Bien sûr c’est un quotidien qui ne facilite pas la vie, nous confie-t-elle. Il y a beaucoup d’autres établissements, beaucoup plus proches de chez moi. Mais c’est un choix et ça marche.

Si l’école française lui a permis de conserver la richesse qu’était la langue et la culture de sa grand-mère, ce n’est pas sur ses bancs qu’elle peut explorer son potentiel en tant que jeune artiste. “J’avais du mal à trouver ce que je voulais faire quand j’étais à l’école. Pour les élèves qui aiment dessiner, le cursus, à l’époque, était un peu décevant. Il n’y avait pas assez d’arts plastiques au programme. J’ai toujours dessiné, mais je n'arrivais pas à me projeter. Je ne savais pas qu’il était possible de travailler comme illustratrice.

 

Entre Londres et Paris, son coeur balance

Elle fait alors des études de sciences politiques à l’Université Louis-et-Maximilien de Munich avec un Magister en philosophie. “C’était un parcours classique et littéraire. J’aimais beaucoup les sciences humaines et ce cursus offrait beaucoup de liberté.” C’est lors de son premier stage à Londres, chez Net-à-Porter, plateforme de vente en ligne de vêtements de luxe, qu’elle s’autorise à montrer ses dessins. “C’est là que j’ai osé montrer ce que je dessinais à la directrice artistique du site et on m’a rapidement confié un éditorial à illustrer. C’était vraiment tout petit, mais la réputation du site était tellement cool que ça m’a permis d'enchaîner avec d’autres commandes.” Après son expérience à Net-à-Porter, elle garde un beau souvenir de la capitale britannique et considère d'ailleurs encore Londres comme sa ville de coeur.

 

 

Par la suite, le Vogue allemand sera ainsi son deuxième client. “A l’époque, les magazines et journaux avaient des budgets pour les illustrations. J’ai eu plusieurs commandes et cela m’a permis de me constituer un portfolio. A l’époque, les parutions étaient très importantes pour se faire un nom, aujourd’hui c’est différent, notamment suite à l’arrivée d’Instagram.” Les illustrations pour Vogue la font véritablement démarrer mais elle continue à travailler à côté pendant plusieurs années. “J’ai quand même terminé mes études de sciences politiques parce que je ne pensais pas pouvoir vivre de ma passion. Je n’ai pas fait d’écoles de dessin, j’ai tout appris toute seule, comme le dessin sur tablette et photoshop aujourd’hui.

 

 

Le game changer d'Instagram

En 2012, elle crée son compte Instagram et commence à se faire connaître dans d’autres pays. “Ça a vraiment changé ma façon de travailler. Je reçois des projets de toutes les tailles. J’ai lancé ma ligne de papeterie il y a cinq ans. J’aime beaucoup le dessin, mais pas seulement. C’est aussi tout l’aspect social, la réflexion sur les produits, la distribution et le marketing qui me plait.” 

Si le travail de Kera Till est apprécié c’est également parce qu’elle prend plaisir à échanger avec ses clients et parfois sur le long terme comme le montre son travail sur plus de 10 ans avec Faber-Castell. “Je trouve ça intéressant de parler avec les équipes marketing notamment. Je réfléchis à ce qui pourrait avoir du succès. En ce sens, j’aime beaucoup les réseaux sociaux parce que je peux tester mes dessins et voir rapidement lesquels plaisent ou non.Son profil comptabilise en effet plus de 86 000 followers. 

 

 

 

Et les grandes marques françaises dans tout ça ? 

Sa première collaboration avec une maison française, elle la doit à sa volonté propre. “J’aimais beaucoup Ladurée et je leur avais envoyé une candidature spontanée. J’ai relancé plusieurs fois, ils ont fini par me répondre et on a commencé à travailler ensemble.” L’avantage de Kera est qu’elle est bilingue et connaît parfaitement les codes de la culture française. “C’est mon atout. Pas seulement le fait d’être capable de parler français mais aussi de connaître la culture, les entreprises, de pouvoir me déplacer, etc. Le côté biculturel aide énormément.

Du dessin de mode, elle passe donc à la gastronomie et au luxe en général. Mais elle ne s’y cantonne pas. Récemment, elle a aussi travaillé pour l’équipe féminine du FC Bayern. Son style, elle le définit comme féminin et léger. On retrouve souvent une silhouette élancée à l’encre et quelques touches de couleur à l’aquarelle qui apportent un peu de poésie à l’ensemble. Il y a dans ses dessins un certain chic et une élégance qui ne sont pas sans rappeler les codes parisiens. Cela ne nous surprend pas lorsqu’elle nous confie son admiration pour la place qui est donnée à la culture et au patrimoine dans la capitale française, “c’est incomparable !”.

 

 

Kera Till sera invitée lors du podium de discussion du prochain événement networking municité, le 12 juin 2024. Save the date !
 

Emma Granier
Publié le 14 mai 2024, mis à jour le 14 mai 2024

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